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20 décembre 2009

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Les raisons d’une euphorie nationale qui rappelle l’indépendance

par Mohammed Kouidri

Des voix en Egypte et des écrits en Algérie en sont arrivés à insinuer, suggérer ou, carrément demander la révision des rapports entre les deux pays, à défaut de leur rupture, pure et simple, aidés en cela par de puissants porte-voix de va-t-en guerre. Révision oui, coupure non, parce que cela n’est jamais bon pour personne. En ce qui nous concerne,

nous sommes déjà coupés à l’Ouest, et les relations qui devaient être exceptionnelles avec le Nord sont synthétisées par le tout dernier petit mot de monsieur Kouchner «Pas terribles», et c’est le moins qu’on puisse dire. A ce rythme, nous contribuerons, nous-même, à accélérer, notre propre isolement. Il y a eu aussi, parfois, des attitudes et des déclarations blâmables, des deux côtés. Cependant, les dépassements condamnables qui devront être, à terme, assumés par leurs auteurs, ne doivent pas escamoter le caractère positif du «déballage», pour les deux pays.

Ils auraient, toutefois, énormément gagné à le mener plus discrètement et plus sereinement. Mais il vaut mieux tard que jamais et on ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs. Il arrive, souvent, que la passion, pourtant mauvaise conseillère en général, nous libère des inhibitions d’un politiquement correct, c’est une bonne opportunité lorsque le protocole devient inutile. On s’explique mieux, alors, entre amis, en fratrie. On se dit des choses désagréables qu’on ne peut se dévoiler en temps ordinaire.

A ce moment, la forme importe peu. A la retombée de la poussière du stade, les esprits seront plus affranchis, apaisés, clairvoyants, et le nouveau départ pourra se faire d’un meilleur pied. Les protagonistes seront alors plus disposés à endosser les agissements fâcheux, par l’alchimie diplomatique sur un terrain désormais re-balisé. «L’oued ne garde jamais que ses bonnes pierres» dit un proverbe bien de chez nous. L’aide de frères arabes et africains, d’amis étrangers, et le sang-froid qui prévalait, malgré tout, au plus haut de la décision politique, ont pu éviter le pire.

Côté algérien surtout, la volonté d’apaisement, en dépit des incidents moins graves ici que là-bas, a été manifeste et de rigueur, par égard, devrait-on comprendre, aux liens forts avec le grand peuple d’Egypte et son vieux Président, non moins ami, débordé par sa turbulente progéniture aux dents longues. Les deux pays se sont expliqué, sous l’arbitrage du Soudan, sans aller à l’extrême auquel des voix hargneuses, d’un autre âge, ont appelé, suggérant l’envoi de troupes spéciales à Khartoum et même en Algérie. Le choc a pu être contenu dans ses limites médiatico-sportivo-diplomatique, nonobstant la gravité des lésions infligées. «El ‘Afou ‘And el Maqdira» dit un proverbe arabe (traduire par «magnanimité du vainqueur»). Le clash des nations n’aura pas lieu. Espérons que, demain, la critique et l’autocritique apaisées, ne se limiteront pas aux chamailleries autour du seul match sportif, ses soubresauts et ses répercussions politiques. Monsieur Bill Clinton, ex-président de la puissante Amérique, a publié, il y a quelques temps, un article au Times dans lequel il relève que, au moment où les nations développées se battent autour des Sciences et la haute Technologie, les peuples de notre région apprennent à faire des frites. Il observe que les années 1950, c’est-à-dire au moment où l’Algérie commençait à peine à se réveiller de son coma colonial, l’Egypte était au même niveau économique que la Corée du sud.

La comparaison aujourd’hui donne le tournis. On pourra rétorquer qu’à la différence de la Corée du sud, celle du Nord, l’Egypte et l’Algérie se sont trompés de camp économique durant la guerre froide. N’empêche que la Corée du nord produit elle-même son nucléaire et ses fusées dans des conditions quasiment autarciques alors que les deux autres pays en sont loin, très loin. Lorsque le Président égyptien avait réaffirmé ce qui existe dans toutes les constitutions du monde, y compris la nôtre, à savoir ; que l’Etat est garant de la dignité du citoyen, tout le monde a compris qu’il visait l’Algérie, à cause du ton utilisé. L’intention y était certes, pour amortir le choc de la défaite, mais les commentaires médiatiques qui ont suivi ont étonné. Tout le monde a redécouvert, sur «orientation», que la dignité de l’Egyptien commence en Egypte avant l’étranger, même les commentateurs qui ont versé dans l’ignominie pour atteindre l’Algérie.

L’arroseur était arrosé. Il se passait des choses qui ne transparaissaient pas dans les écrits et les images. La revendication de dignité est ancienne en Egypte post-Nassérienne qui est dans un Etat d’exception très contraignant depuis l’assassinat de Sadate il y a 18 ans.           L’exploitation politicienne outrancière du match d’appui par le fils-dauphin, son frère et leur cour, au mépris du petit peuple des supporters réels scandalisés, s’est retournée contre le pouvoir, ravivant une revendication longtemps réprimée.          Il n’y avait pas que des manifestations tolérées, voire encouragées, selon de grands journaux britanniques et américains étant donné le quadrillage policier le plus efficace de toute la région, devant l’ambassade algérienne. Il y en avait d’autres, aux mots d’ordre de justice et de dignité, qui sont inaudibles parce que étouffées ou censurées. Des intellectuels et des artistes aussi, se sont exprimés, même des journalistes lorsqu’ils ont pu le faire, à l’instar de Ahmed Mansour dont l’article reproduit par le quotidien algérien El Chourouk est antérieur au match. Il lui a valu un appel au lynchage, à peine déguisé par les gardiens du temple. Ce qu’il est convenu d’appeler le monde arabe compte 100 millions d’analphabètes et beaucoup plus d’illettrés. Le chômage et l’oisiveté et la hogra rongent la jeunesse, la démocratie est un concept creux et la pauvreté bat des records. La dignité des peuples commence par là.

Les évènements collatéraux des matchs retour et d’appui ont pris des proportions inhabituelles. Les raisons à cela sont à chercher dans ce qui s’est passé dans la capitale des Fatimides bien plus que dans les méandres d’une vieille rivalité algéro-égyptienne. La joie des Algériens devait être grande si l’équipe nationale venait à arracher sa qualification à l’issue de la première rencontre ou même après la seconde. Elle avait toutes les chances d’y parvenir. L’important, après le ticket pour Luanda, c’était Johannesburg, au détriment d’un adversaire de taille. Au départ, la qualification en coupe d’Afrique paraissait consoler les Algériens d’un élimination éventuelle au mondial.         Mais la victoire à l’aller avait complètement changé la donne et le coup bas du Caire a fait de la victoire un point d’honneur. L’idée de la présence à la réunion mondiale populaire la plus importante, suivie par des milliards de téléspectateurs et de nombreux observateurs mondiaux qui ne manqueront pas d’en amplifier l’impact dans la durée, relègue au second plan tout autre considération. L’enjeu est trop important, même pour les maîtres actuels du monde ; les Etats-Unis qui ont mis fin, récemment, à l’autarcie de leur football spécifique (ou soccer en américain) en s’ouvrant aussi sur le football mondialisé qui draine autant de monde à travers le globe. La mise rapporte gros, très très gros, bien plus que la concurrence dans l’espace.

La déception, à l’inverse, devait être, évidemment, tout aussi grande. Ce ne sont pas les Egyptiens qui diront le contraire. L’injuste souffrance endurée quelques jours auparavant et la compassion de la quasi-totalité de l’opinion médiatico-sportive mondiale ont finalement fait de ce qui devait être une joie intense mais presque ordinaire, l’euphorie rarement observée de tout un peuple.

Le résultat de Khartoum n’est pas une simple victoire, c’est un exploit, un triomphe et bien plus; une gloire qui se fête dans l’allégresse d’une justice rétablie. Peu importe les réactions de vengeance qui sont, après tout, contre productif. Le refus égyptien d’organiser la coupe africaine de hand-ball pour le boycott algérien s’est retourné contre la mère du monde. Les pays maghrébins, y compris l’Algérie, se sont portés candidats. La fédération africaine a promis d’étudier la demande algérienne au même plan que les deux autres.         C’est finalement l’Egypte qui devra s’absenter au cas où. L’arroseur arrosé encore une fois.

Le Soudan, et le monde arabe en général Le choix du Soudan est une aubaine, bien méritée, pour un pays longtemps enfermé dans le cliché de la guerre civile, la crise humanitaire au Darfour et la menace du «devoir d’ingérence» d’un certain droit-de-l’hommisme, à géométrie variable, devenu belliqueux. Un humanitarisme, à la limite de l’activisme, qui regarde ailleurs lorsqu’il est question de Palestine mais un peu trop méticuleux lorsqu’il s’agit de l’Afrique. La réussite du Soudan à relever le défi d’organiser cette rencontre, hors du commun, en si peu de temps (4 jours seulement) lui a valu les félicitations officielles et/ou médiatiques du monde entier, à commencer par la Fifa, l’Algérie et l’Egypte.

Comme il l’a fait lui-même, tous les pays frères et amis du peuple soudanais devraient remercier l’Egypte pour ce choix. Si affable, pacifique et chaleureux, il s’est révélé en plus si efficace dans son entreprise. Son exploit a permis aux Algériens de redécouvrir la proximité et la cordialité de cet autre pays arabo-africain frère. Le professionnalisme et l’honnêteté dont il a fait montre dans ses relations équidistantes avec les deux adversaires l’ont propulsé au rang des prétendants à l’organisation d’une coupe d’Afrique à venir.

Les chaînes satellitaires, arabes et africaines notamment, n’ont eu aucun mal à couvrir objectivement la compétition «surchargée et explosive» grâce à une gestion de main de maître. Comblé, le chef de l’organisation sécuritaire du match, blotti de fatigue dans son fauteuil, dans une posture de repos du guerrier, au lendemain de l’évènement, pouvait lancer sur toutes les chaînes, avec un sourire de sa satisfaction, bien mérité, qu’il allait de ce pas prendre l’avion du pèlerinage à la Mecque. L’accusation d’animosité collective des pays arabes, incluant le Soudan, par plusieurs commentateurs égyptiens est incompréhensible. La réaction du pays, hôte, fraternel et affable mais néanmoins ferme ne s’est pas fait attendre. Les excuses de circonstances, les contorsions expertes et les pressions de très hautes délégations n’ont pas suffi à le faire céder d’un seul iota. Pendant et au lendemain de la soirée folle de Khartoum, Dubaï Sport a interviewé dans les rues arabes proche-orientales. On entendait partout «Hard Luck El Djazaïr !» (Bonne chance à l’Algérie en anglo-arabe).

Du Maghreb au Machrek, les pays arabes ne cessent d’envoyer des messages au «frère» égyptien pour un peu plus de retenue, apparemment sans résultats. Ces commentateurs ont trouvé en cela un complot contre leur pays et une preuve de haine arabe générale injustifiée. Le Qatar et la Tunisie, deux petits pays par la géographie mais deux grands géants médiatico-sportifs d’un bout à l’autre du Middle East and North Africa, viennent de boycotter le championnat arabe de volley dames organisé par l’Egypte, en solidarité avec l’Algérie qui a peur pour ses athlètes vu qu’elle a encore sur les bras des plaintes d’étudiants et autres expatriés dans ce pays. Le geste se veut aussi un avertissement que les menaces de boycott égyptien de l’Algérie risque d’être contreproductif pour les pharaons, l’arroseur arrosé en somme. Mais leurs faiseurs d’opinions ne veulent pas, ou ne peuvent pas, voir le nouveau monde évoluer. L’Amérique contemporaine a moins de 2 siècles et demi d’histoire, elle polarise le rêve immigratoire planétaire des plus anciennes civilisations, l’empire du milieu, l’Inde du Gange, la Mésopotamie, le Nil, la Grèce, la Méditerranée et les 5 continents sans exception.

Le football a été codifié par les anglais au 19ème siècle. Les States qui, un siècle auparavant étaient sous domination britannique, et qui sont restés longtemps culturellement dépendants n’ont réellement investi le football que très récemment, bien après tous les pays du monde. Les premiers jeux olympiques du monde contemporain, incluant le football datent de 1900 à Paris. Créée en 1928, dans la commune de Villefranche-sur-Mer, sur la Côte d’Azur, par Jules Rimet Président de la toute jeune Fifa, la Coupe du Monde est une création européenne. Mais sa première édition eut lieu en 1930 en Uruguay, en Amérique du sud. L’Amérique du nord, juste à côté était repliée sur son soccer et ne pratiquait le football mondialisé que de façon très marginal. Il a fallu attendre 1994 pour qu’elle organise, pour la première fois, la coupe du monde de football en vue d’ancrer plus profondément ce sport chez eux et y étendre leur leadership. En une quinzaine d’années, ils se sont hissés au rang le plus élevé du hit-parade, rivalisant avec les plus grandes équipes européennes. Sa qualification régulière depuis n’a rien à voir avec l’âge du Sphinx égyptien ni même celui des jeux olympiques dont l’invention remonte à 776 avant J.C., par les Grecs, du nom de la montagne de Thessalie tenue pour être le séjour des Dieux aux yeux du paganisme gréco-romain.

La cause palestinienne En Egypte comme en Algérie, il s’est trouvé des voix et des plumes pour annoncer la fin de l’arabité et de la fraternité arabe qui se serait avérée vide de sens. En Algérie on a appelé à enseigner l’Algérien et à se détourner de l’arabité, en Egypte on a prôné l’alliance avec le cousin Israélien au détriment du lointain Berbère, au moment où le président de l’Etat Hébreu foulait le sol de Foustat. Cette affirmation a sonné comme un choix, par dépit, entre le cousin israélien, en visite ce jour-là, et le frère palestinien qui fêtait bruyamment la victoire algérienne, de l’autre côté de la porte de Rafah.       La déconvenue égyptienne est compréhensible, l’Algérie, par contre, est victorieuse.

Dans un combat chevaleresque, l’humilité du vainqueur doit trouver écho dans la reconnaissance du vaincu. Quel bel exemple que cette phrase qui orne, à l’infini, les murs intérieurs du palais de l’Alhambra, de la main d’artistes andalous arabo-islamisés il y a près de mille ans : «La Ghaliba illa Allah» (Il n’y a de vainqueur que Dieu). Sur la question palestinienne, la position algérienne a, pourtant, évolué. Du célèbre aphorisme: «Avec la Palestine; juste ou injuste», attribué au deuxième président de l’Algérie indépendante, à l’offre de normalisation arabe en 2000 à Beyrouth à la condition: «Terre contre paix», que d’eaux ont coulé sous les ponts.

Les raisons d’une euphorie nationale qui rappelle l’indépendance

Suite et fin

Un jeune supporter de retour de Khartoum raconte son amitié avec un Soudanais qui découvrait, pour la première fois, ces Algériens dont il sait seulement qu’ils ont donné un million et demi million de chahid pour leur liberté. Dans l’ambiance ardente que les supporters algériens avaient allumée à Khartoum, il lui murmura : «Si l’Algérie se trouvait ici (frontalière d’Israël), la Palestine serait libérée». Au delà de la divination, le propos résume bien l’idée que se font les peuples de cette région sur le rapport de l’Algérie, décolonisée, à la Palestine, en pleine colonisation. Le parallèle n’est pas inexact. Le Gouvernement israélien a repris à son compte ce que les Algériens n’ont jamais compris dans les propos du grand homme de lettres que fut Albert Camus. « Entre ma mère et la justice, je choisis ma mère » disait-il dans sa radio coloniale d’Alger. Abou Mazen vient de déclarer que le pouvoir israélien a préféré l’extrémisme de ses colons à une paix juste.

Au Maghreb Le groupe médiatique franco-marocain Médi 1 est tenu, par les Algériens, pour être plutôt rêche avec leur pays, et pour cause. A la faveur de l’évolution triomphante de l’équipe algérienne et particulièrement avant les deux derniers matchs décisifs, la chaîne opère un rapprochement qui devient vite une complicité, faisant un appel d’air au ton et à l’ambiance de son homologue algérienne. On a pu redécouvrir combien, en dépit de tout, la maghrébinité des peuples pouvait resurgir, pratiquement intacte, chaque fois qu’il en était besoin. Et ce ne sont pas les journalistes algériens employés dans cette chaîne qui animaient ces émissions. Le retrait de l’équipe marocaine était compensé par l’espoir que suscitait celle de la voisine algérienne. C’était le cas pour l’équipe tunisienne aussi. La joie des algériens a trouvé écho dans tout le Maghreb, jusqu’en Libye et en Mauritanie. Les manifestations de joie en Europe, là où elles ont eu lieu, n’ont presque jamais été exclusivement algériennes.

The day after, Les yeux étincelants de joie, le talentueux Djamel Debbouz s’est retrouvé sur le plateau de la toute jeune prometteuse Nessma TV la Tunisienne à dire ces mots émouvants qui ont rempli de plaisir la sublime animatrice algérienne, d’une rubrique, qui lui faisait face : « Au Maroc, tout le monde est sorti, En Tunisie, tout le monde est sorti », avant d’ajouter : « Alors Messieurs les responsables marocains et algériens, ouvrez les frontières ». Lui, non plus, n’a pas pu s’empêcher d’avoir une pensée aux Ghazaouis qui fêtaient la victoire algérienne pour rappeler ses positions solidaires lors de l’agression israélienne, non pas en tant qu’arabe, précisait-il, mais à cause de l’injustice faite à un peuple sur sa propre terre.

Le rapport à l’occident Au fil des victoires successives de l’équipe nationale, la diaspora algérienne qui était devenue aphone, recluse et désespérément plaintive, retrouvait progressivement sa voix et, en écho à ce qui se passe au Bled, renouait avec la fierté des couleurs nationales d’origine. Les jeunes français d’origine algérienne se sont rappelés, alors, l’erreur d’avoir sifflé la marseillaise au stade de France lors du match amical algéro-français. Comme pour bien montrer que c’était par dépit des plus fragilisés d’entre eux et qu’ils s’en excusaient sincèrement, ils ont joint les drapeaux des deux pays lors de joyeuses parades. L’image négative de l’Algérien volait en éclats pour en dévoiler une autre, celle de l’Algérie qui gagne et qui fête sa victoire dans la joie et l’amour sans rancune. Si c’était arrivé du temps du projet de traité d’amitié algéro-française, malgré son torpillage par la fameuse loi sur les prétendus bienfaits du colonialisme, cela aurait changé le cours de l’histoire bien plus que ne l’a fait, jusque là, la diplomatie des deux pays. Hélas ! Cela arrive à contre-courant du nouveau contexte créé par une « lepénisation » des esprits. Le terme provient des Français eux-mêmes et il existe déjà dans le dictionnaire électrique de Windows. Le dernier article de Mohammed Harbi sur le révisionnisme négationniste colonial ambiant lui donne toute sa percutence. Au grand espoir de rapprochement suscité par le projet d’amitié, s’est substituée une politique de nettoyage de la « racaille » au Karcher, d’arabophobie et de stigmatisation de l’Islam en France en particulier et en Europe de manière générale. En Suisse, 57% des votants approuvent l’interdiction de la construction des minarets, donnant ainsi raison à l’extrême droite qui est à l’origine du scrutin. Le reste de la classe politique, c’est-à-dire tout le monde pratiquement, crie à la dérive. Un tel amendement de la constitution fera basculer le pays dans l’aventure extrémiste de triste mémoire avec, pour effet immédiat, l’assombrissement du ciel des relations avec le monde musulman. Les banques suisses n’avaient certainement pas besoin de ça et l’image du pays pouvait se passer du suivisme du gouvernement israélien d’extrême droite qui, à l’heure actuelle, en train d’étudier un projet de loi interdisant l’appel à la prière du Fajr, partout en Israël et dans les territoires occupés là où il y a des colonies. En tout et pour tout, il y a 4 mosquées avec minaret au pays de la garde du Pape, pour une population de 400 mille habitants qui fait de l’Islam la deuxième religion du pays.

En Allemagne un «dérangé» russo-germain est allé jusqu’à poignarder une belle jeune égyptienne, de 18 coups de couteau, par dépit d’amoureux éconduit. Mère d’un petit enfant, elle avait décidé, avec son mari, de lui donner un frère ou une soeur. Mais l’assassin était convaincu d’avoir tout à fait le droit de lui ôter la vie car la charmante créature « satanique » le provoquait avec son hijab « islamique ». Le Rabbin de la communauté s’est joint à l’Imam pour dire ensemble : « Il ne faut pas attendre la nuit de cristal ». Il paraît qu’au pays de Balzac, 200 burkas, parmi un patchwork universel d’une population de plus de 60 millions, constitue une menace à l’identité nationale pour la République de la liberté, fraternité, égalité. Au Danemark, en Angleterre et ailleurs, même dans la capitale européenne, au plat pays de Jacques Brel, on manifeste contre une prétendue « islamisation rampante » (sic !). Dans une atmosphère aussi peu favorable, manifester sa gaieté pour un beur devient suspect, comme l’ont si bien illustré les « évènements » des Champs-Élysées après que des Maghrébins et autres Afro-Arabo-musulmans, soient venus se joindre à la fête des Français, Franco-algériens, des Algériens tout court, et d’autres Français à plusieurs appartenances identitaires rassemblés par l’histoire de l’Empire français et la double victoire des verts et des bleus cette soirée-là. Comme à l’accoutumé, dans ce genre de manifestations, les choses devaient mal tourner. Des observateurs continuent à se demander comment on est passé d’une manifestation joyeuse à des débordements qui sont généralement le fait de manifestations contestataires. Ils se demandent aussi si ces débordements ont été prémédités ou provoqués et par qui. Le grave incident du policier qui a chargé, sans raison apparente, l’étudiant marocain en Sciences Po (s’il vous plaît !), au cri d’un : « Dégage, sale arabe » devenu banal, en dit long sur l’état de la République française. Le délit de faciès, synonyme de délit d’appartenance douteuse est de rigueur même lorsque le beur est bien « intégré ». La télévision exhibait, peu après, des armes, et pas seulement des armes de point, qui auraient été trouvées chez de jeunes manifestants. Des jeunes dont quelques uns ont arboré le drapeau algérien à côté de celui de la France pour fêter, en même temps, la victoire des bleus sur les autres verts de l’Irlande, en dépit de la tache de la main de Thierry Henry. Encore plus troublante est la sentence prononcée par un grand faiseur d’opinion des médias de l’Hexagone, s’il en est, le lendemain, offusqué par les images de la veille : « Il est inadmissible qu’on manifeste avec un drapeau algérien pour fêter la victoire française (sic !)» a-t-il martelé devant une assistance médusée à un débat télévisé, largement suivi. Il serait donc interdit à un Français de fêter la victoire du pays de sa natalité tout en ne renonçant pas à son appartenance aussi, par l’origine des parents et/ou grands parents, à un autre pays qu’on voudrait ami de la France. Dire qu’il lui est arrivé à ce philosophe, écrivain, journaliste, historien,… de manifester, lui-même, sous un drapeau étranger, mêlé à celui de la France, sur le sol français, pour la cause de l’autre pays. Heureusement qu’il s’est trouvé un vieux grand reporter sportif, bien français, pour admettre devant les téléspectateurs que lorsqu’il était plus jeune, il sortait lui aussi, pour arborer le drapeau de son pays d’origine, l’Italie, à l’occasion d’une victoire de la Squadra Azura. Il n’était pas seul, bien sûr, et l’ambiance ressemblait à celle des Champs-Élysées ce 18 novembre. En fait, la majorité suisse a voté tout haut ce que la majorité occidentale pense tout bas. Beaucoup d’Européens pensent qu’ils n’ont pas à être tolérants alors que les Musulmans ne le sont pas chez eux et même entre eux. C’est l’accusation, portée par l’ex – président américain, dans l’article mentionné plus haut, à notre encontre. Il ne ratait pas l’occasion des fêtes de l’Aïd et le Ramadhan pour adresser ses vœux amicaux à tous les musulmans de la terre lors par la radio hebdomadaire du White House. Pour lui, les dirigeants des pays de la région passent leur temps à fomenter des guerres de religion, entre eux et avec les autres, comme seule stratégie pour durer, et leurs intellectuels s’y accommodent pour se protéger. Une invitation à un large débat qui ne peut être épuisé ici. Les manifestants ce jour-là, ont voulu fêter la victoire au pays d’accueil de leurs ascendants, en rappelant leurs origines parce que des joueurs évoluent ici et là-bas et parce qu’on ne peut pas faire l’impasse sur un siècle et demi d’histoire. En plus des millions d’Algériens restés Algériens et/ou naturalisés, ils sont combien les rapatriés et ascendants ? Des millions aussi. Ils ont tous l’origine Algérie comme ils ont d’autres origines plus lointaines encore pour certains. Les participants à cette soirée festive sont convaincus que les retrouvailles, entre l’ex-puissance coloniale, devenue amicale et le Maghreb émancipé, se feront lorsque la réparation morale aura ouvert la voie aux retrouvailles historiques dans la repentance des uns et la dignité des autres. Quant ? Personne ne peut le prédire, pas dans le brouillard actuel en tout cas. Mais tous nous en sommes convaincus, en dépit de nuages révisionnistes lugubres qui s’amoncellent dans le ciel occidental. Un comité de représentants marocains, algériens et tunisiens, créé et réuni dans la capitale d’Ifriqiya, le lendemain de la saga algérienne de Khartoum, a lancé un appel au Président français pour qu’il s’inspire de l’exemple italiano-libyen. C’est le minimum de ce qui peut être fait aujourd’hui. Merci à El Khadra et ses supporters. Ce que vous avez fait à Oum Derman, par cette soirée d’automne, est immense. Vous avez éclairé la belle Algérie d’un nouveau jour pour la propulser au devant de la scène, et du coup vous nous avez changés. Nous n’avons pas fini de mesurer l’ampleur du changement. Puissent nos dirigeants saisir cette occasion unique pour en faire un tremplin à la hauteur de nos espérances.
par  Mohammed Kouidri

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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