A Monsieur le Président d’une Algérie que j’ai voulue indépendante
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Je me permets d’attirer votre attention sur ma situation critique. Ma retraite et la petite pension de guerre que je perçois ne me permettent pas de vivre convenablement. D’ailleurs, mon épicier, mon boucher, ma superette pourront témoigner des crédits qu’ils m’accordent. Il ne m’est jamais venu à l’esprit de
compléter mes revenues par des apports frauduleux qui malheureusement sont très fréquents dans mon pays. Je sais que certains authentiques moudjahiddines et moudjahidates sont dans la même situation, probablement plus critique. Je n’ai pas de prétention des les représenter ici, mais au poste où vous êtes, vous ne pouvez, ni ne voulez connaître leur dénuement.
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Ces frères et sœurs dont l’intégrité est connue n’ont bénéficié d’aucun avantage. La somme qui leur serait allouées ne pourrait dépasser les honoraires généreux attribués aux députés et sénateurs, ainsi qu’à vous-même et à tous les alimentaires qui vous entourent.
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Ainsi, je vous demanderais de ne plus nous humilier et de revaloriser notre dérisoire pension de guerre, afin de vivre dans un minimum de dignité, le peu du temps qui nous reste à vivre.
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Avec mes sentiments patriotiques.
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Djamila Bouhired
16 décembre 2009
Colonisation