Quinze contes aussi différents l’un de l’autre, mais si proches par les sujets abordés. Nouveaux pour certains alors que d’autres nous rappellent des histoires déjà entendues, contées par nos grands-mères ou grands-tantes lors des nuits froides d’hiver.
Quinze contes que nous offre l’auteur Aïssa Hirèche dans ce recueil. Les contes composant cet ouvrage “m’ont été rapportés pour certains, tel le Miroir des aveugles, et pour d’autres inspirés, comme les Roses de Ba Guémou, par la science de vieillards abandonnés sur le bord de chemins difficiles, les pleurs sans larmes de vieilles femmes impuissantes devant le cours infernal de la vie, le sourire éteint d’une génération qui cherche, en vain, la ligne d’horizon”, dit l’auteur dans son introduction.
Quinze contes aussi différents l’un de l’autre, mais si proches par les sujets abordés. Nouveaux pour certains alors que d’autres nous rappellent des histoires déjà entendues, contées par nos grands-mères ou grands-tantes lors des nuits froides d’hiver. Avec des variantes. C’est selon l’appartenance géographique. À travers ces “histoires” aussi courtes fussent-elles, mais lourdes de sens et d’enseignements, l’auteur nous emmène, main dans la main, dans des contrées et autres vastes étendues inconnues, car imaginaires.
Grâce à ces contes, le lecteur découvre l’Orient, l’Europe, l’Afrique… Il découvre d’autres cultures, d’autres sociétés, aussi différentes les unes des autres, mais où — quitte à paraphraser la célèbre romancière anglaise Agatha Christie — “la nature humaine est identique”. C’est un voyage intemporel auquel il nous invite. Un voyage pour découvrir un monde comme vu par l’écrivain, mais aussi par beaucoup d’entre nous. Un monde où valeurs, justice, intégrité… font défaut.
Un monde où quête du pouvoir, cupidité… sont devenues monnaie courante d’un quotidien parsemé d’embûches.
Par ces contes, Aïssa Hirèche aborde “la condition humaine” sous toutes ses coutures. Utilisant ce genre d’écriture qui permet la fantaisie, mais surtout le surréalisme, car dans certaines histoires, les animaux parlent et vivent comme nous les êtres humains. En fait, en ayant recours à ce genre de procédé (faire parler les animaux), c’est pour mieux tourner en dérision l’homme si fier, si imbu de sa personne. Deux cent vingt pages critiques, ce n’est pas au vitriol, qui repassent en revue l’évolution de l’humanité. Mais à bien y regarder, cette évolution n’est pas si joyeuse.
Une humanité ayant perdu l’essence même de la vie : les valeurs, telles que la pudeur, la justice et la sagesse. Trois entités importent pour le bon fonctionnement, voire le déroulement d’une vie. “La longue expérience de l’humanité a montré que ceux qui ont basé leur règne sur ces trois piliers sont ceux-là, malheureusement fort peu nombreux, dont les noms sont restés à jamais du bon côté de la mémoire de l’histoire”, affirme l’auteur dans son introduction. Avec ces quinze contes, la société est disséquée. Il nous la livre telle qu’il la voit, sans artifices. Ces histoires ont cette particularité d’avoir un personnage principal.
D’autres s’y greffent, chose normale pour qu’une trame puisse exister. Le lecteur peut trouver des similitudes avec son quotidien. Il s’y retrouve sans peine, sans effort fourni. On plonge dans l’histoire, le temps de remonter à la surface pour reprendre notre souffle et nous revoilà plongés encore une fois dans une autre histoire. Même si la fin de certaines d’entre elles laissent le lecteur sur sa faim, il n’en demeure pas moins que l’enseignement et la leçon sont là.
Quinze contes, précédés chacun d’une illustration, constituant les différentes haltes d’un voyage quasi initiatique, que l’auteur a tenu à partager avec les lecteurs “avant que le sourire ne disparaisse à jamais et avant que les yeux des hommes ne tarissent”.
*Professeur à l’université de Biskra
Le Miroir des aveugles, d’Aïssa Hirèche, contes, éditions Alpha, Alger, 2009,
220 page
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15 décembre 2009
1.Contes