Culture (Mardi 15 Décembre 2009)
“Fleur Bleue” ou quand les mots content l’amour
Par : Amine Idjer
Ce conte, dès les premières pages, nous plonge dans un monde, qui, malheureusement, ne nous appartient plus.
Nous l’avons abandonné, ou c’est plutôt lui qui nous a échappé. Fleur Bleue, ce conte de notre consœur Farida Belkhiri* qui, à première vue, est destiné aux enfants, concerne aussi les adultes. Construits autour d’une histoire frisant le narcissisme, les évènements nous conduisent au fil des pages, des phrases et des mots à découvrir certaines vérités. Plutôt que de les découvrir, le lecteur est interpellé, subtilement.
L’histoire, dès l’entame, nous happe sans commune mesure. Nous jette tout de suite dans le vif du sujet. C’est l’histoire d’une fleur, Fleur Bleue, qui vit sur la planète Soleil. Son rêve le plus cher : se transformer en une statue de glace. “Elle voulait que sa beauté soit éternelle. Elle refusait de connaître le même sort que ses sœurs, les autres fleurs. Elle ne voulait pas se voir faner jour après jour et ne devenir qu’un vague souvenir.”
Ce sentiment prend de l’ampleur, de la persistance suite au décès de l’une de ses amies, la Rose. Cette envie d’immortalité la ronge au point qu’elle demande à la reine du royaume, Mère Soleil, l’autorisation de quitter la planète et de se rendre sur Terre pour concrétiser son projet.
Et c’est à partir de là que l’auteur, Farida Belkhiri, nous entraîne dans un tourbillon d’évènements, de rebondissements, de surprises. On est accroché, captivé par la trame. C’est d’ailleurs le but de l’écriture du conte. Tout le long des soixante-dix-sept pages, c’est la nature humaine qui est mise à jour. Visitée, transpercée par un regard quasi puéril. Même si l’histoire de ce conte est totalement le fruit de l’imagination de l’auteur, il n’en demeure pas moins que tous les aspects qu’il aborde sont étroitement liés à l’amère réalité dans laquelle nous vivons. À travers son héroïne et tous les autres personnages qui gravitent autour d’elle, ce sont les problèmes que nous vivons qui sont abordés. Ce conte est, en quelque sorte, ce miroir brisé de la société (la nôtre ou autre). On ressent l’implication de l’auteur pour dénoncer. À travers son histoire, Farida Belkhiri veut éveiller les petits et faire prendre conscience pour les grands des valeurs perdues, de l’individualisme qui ne cesse d’accroître… Des illustrations suivent les mots pour mieux appuyer le texte.Par ailleurs, restant fidèle à la tradition du conte, Fleur Bleue n’a pas une fin. L’histoire reste ouverte à d’autres. Ouverte pour que chacun la termine à sa manière avec cette note d’espoir si propre à ce genre d’écriture.
* Journaliste depuis 1999, elle travaille et vit à Alger
Fleur Bleue, de Farida Belkhiri, conte, 77 pages, Alpha
éditions, 2009
15 décembre 2009
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