[Bouillon de culture] Commentaire sur : « Footeux bac «
Vendredi 11 Décembre 2009 4h14mn 31s
Nouveau commentaire sur l’article #9389 « Footeux bac «
Auteur : mimouna (IP: 41.200.102.124 , 41.200.102.124)
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Commentaire:
A chaque insulte et invective égyptiennes, plus grossières les unes que les autres, on essaie de se défendre en Algérie en mettant en avant l’arabité et l’islamité des Algériens ou en pratiquant la politique de l’autruche. Comme si les Algériens avaient besoin de se justifier en permanence devant un pays qui souffre de maux sociaux et politiques au moins aussi terribles que ceux dont souffre le nôtre.
En témoigne le récent rapport rédigé par l’Institut du Caire pour l’étude des droits de l’homme, qui situe l’Egypte «en tête de la liste des pays (arabes) où la torture est pratiquée de manière systématique et routinière». Autrement dit, l’image positive de l’Egypte que les tenants algériens de l’araboconservatisme donnent en exemple est radicalement différente de la réalité dévoilée par l’Institut du Caire. Et se justifier par rapport à quoi quand on sait que l’histoire de l’Algérie est aussi riche que l’est celle de l’Egypte ? Mais encore faudrait-il l’enseigner à nos enfants qui ignorent par exemple que leur pays a enfanté Saint Augustin. En effet, alors que le peuple égyptien est fier de son passé pharaonique, en Algérie, tout est fait pour minimiser le passé berbère, punique, romain, comme si celui-ci ne faisait pas partie de notre identité et appartenait à un autre pays. Ainsi nos enfants savent-ils qui sont les Circoncelions, ces damnés de la terre avant l’heure, qui terrorisaient les riches fermiers romains dans l’Algérie antique ? Et que connaissent-ils de Massinissa à part des bribes, enseignées à la va-vite, histoire de satisfaire quelques berbéristes grincheux. De façon générale, le passé antique (et même islamique) de l’Algérie n’est ni entretenu ni valorisé. Il suffit de voir l’état d’abandon dans lequel se trouvent de nombreux vestiges antiques et partant l’état de la recherche archéologique algérienne. Voulant être plus Arabes que les Arabes, souffrant d’un complexe nourri par une idéologie islamo-conservatrice importée – oui importée car étrangère à nos valeurs et à notre passé –, la plupart des gouvernements qui se sont succédé depuis 1979 ont tout fait pour tirer l’Algérie vers le bas afin qu’elle soit à l’image de ces pays arabes, inféodés à l’Occident capitaliste. De ce fait, ceux qui appellent à tourner la page – alors que l’Egypte officielle exige des excuses pour je ne sais quel crime de lèse-majesté – craignent sans doute de voir s’effondrer leur rêve d’une Algérie assujettie politiquement et idéologiquement à l’islamoconservatisme. Ces gens se sont disqualifiés par leur absence de réaction quand l’emblème national a été brûlé par des avocats égyptiens et non par des «moins que rien», quand les médias, des pseudo-intellectuels, des journalistes, des artistes égyptiens ainsi que des prédicateurs connus d’El-Azhar insultaient sur les chaînes égyptiennes le passé et les symboles de l’Algérie. Reste, qu’aussi puissant qu’ils soient au pays de Moubarak, ces faiseurs d’opinion égyptiens qui font montre de xénophobie à l’égard de l’Algérie ne doivent pas nous entraîner dans un anti-égyptianisme à rebours et contre-productif. L’Egypte à laquelle je pense ne se réduit ni à ces gens, ni aux Moubarak père et fils et leur régime, ni aux séries à l’eau de rose égyptiennes, ni aux thuriféraires d’Oum Dounia, et encore moins aux Frères musulmans et aux prédicateurs d’El-Azhar qui soutenaient et justifiaient par leurs prêches et leurs fatwas le terrorisme de l’AIS et du GIA. L’Egypte à laquelle je pense est celle portée par les poèmes et le combat de Ahmed Fouad Negm, de Cheikh Imam, par les idées de l’économiste engagé Samir Amin, par cette société civile qui se bat pour la démocratie et le pluralisme au pays de Cléopâtre. Pour résumer, ce match de football entre l’Algérie et l’Egypte aura tout de même eu le mérite de déchirer le voile d’hypocrisie entourant les rapports algéro-égyptiens tels qu’établis depuis des décennies. Il va peut-être permettre aux Algériens d’être eux-mêmes, de se regarder en face, d’être fiers de ce qu’ils sont, de cette algérianité pour laquelle Mustapha Lacheraf a tant lutté et, partant, de nouer des rapports avec l’Egypte des droits de l’Homme, de la démocratie et du progrès social.
H. Z.
Bonne lécture
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11 décembre 2009
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