LES DOUZE CONTES DE MINUIT » DE SALIMA BASSI

LES DOUZE CONTES DE MINUIT » DE SALIMA BASSI   DES HISTOIRES CAPTIVANTES

La nouvelle est l’un des genres littéraires les plus difficiles pour les écrivains. Il faut dire plein de choses en si peu d’espace. Bassi a l’art de se distinguer dans tous ces textes. Publié chez les éditions Barzakh à Alger, « Les douze contes de minuit » de Salima Bassi est un livre qui mérite tous les encouragements. Son style et ses histoires invitent le lecteur à faire un magnifique voyage nocturne. Un voyage si singulier. Douze nouvelles à l’écriture grinçante, tour à tour allégorique, violente et crue, grotesque, parfois, qui tentent de dire ce qu’a été l’Algérie des années noires. Des années qui continuent d’inspirer les artistes algériens. Ce recueil à la construction brillante expérimentale mais d’une implacable rigueur -, est traversé par des personnages : celui qu’on appelle Le Cousin, Rachid Hchicha l’universitaire, son colocataire, un flic de la très spéciale BRB (Brigade de Répression du Banditisme), Merguezfrites un collègue qui sauvera la vie à ce dernier… Tous se meuvent, tels des somnambules, dans Cyrtha, la ville imaginaire où se situaient déjà les deux premiers romans de l’auteur. Avec « Les douze contes de minuit », Salim Bachi confirme la puissance singulière de sa littérature : un univers et une voix propres s’affirment. Il dit sa terre natale, ses déchirements, ses contradictions, ses odeurs, sa beauté morbide avec un talent immense. « Jumelles aux poings, le Cousin flinguait quarante cigarettes par jour en épiant ses voisins : les fenêtres de Cyrtha captivaient le Cousin. Le Cousin ne se nourrissait pas, ou peu : il fumait ses deux paquets de cigarettes par jour, buvait trois litres de café, et reluquait ses voisines sur le point de se coucher », écrit l’auteur. Né en 1971 en Algérie, Salim Bachi a suivi des études de Lettres. Il vit à Paris depuis 1996. Il est l’auteur aux Editions Gallimard de trois romans, Le chien d’Ulysse (2001), La Kahéna (2003) et Tuez-les tous (2006). Il a obtenu de nombreux prix littéraires (dont le Goncourt du premier roman, le Prix Tropiques) et a séjourné en 2005 à la Villa Médicis de Rome. Auteur discret, Salim Bachi est, certainement, l’un des auteurs algériens les plus brillants de sa génération. C’est toujours avec un grand plaisir qu’on décortique ses écrits d’une rare beauté.

Mohand Cherif Zirem