Le Carrefour D’algérie
date();Mardi 8 Décembre 2009
SOUG ENN’SSA
Par M. Mahdia
La femme qui meuble
C’est un usage connu chez nous: pour s’adresser à une femme, en public, on s’adresse à son mari, ou tuteur. Lorsqu’un homme heurte une femme accompagnée, dans la rue, il demande des excuses à son accompagnateur homme et pas à elle, le meuble qui marche, la chose à deux pieds. Et tous les médecins
algériens hommes peuvent vous confirmer cette bizarrerie : c’est l’homme qui répond aux questions du médecin lorsque c’est la femme qui est malade. Pire encore, parfois c’est la femme malade qui demande au médecin de poser les questions au mari, dont elle est la propriété personnelle. Une autre histoire vécue? Oui, celle d’une amie femme, qui tentée par la cigarette est allée voir un médecin pour une toux sèche. Pour éviter la gêne, le médecin lui a donc posé des questions destinées à elle, mais par le biais de son mari absent. «Votre mari fume-t-il? Oui. Beaucoup? Oui. Ah bon? Dites-lui de ne pas fumer dans la maison, ni dans la voiture, ni au lit et il se portera mieux», conclu le médecin. Même absent, le mari devait répondre aux questions à la place de l’épouse malade. Le docteur ne pouvant s’adresser, directement, à une femme qui «fume», s’est senti obligé d’inventer cet artifice pour dépasser le malaise. Une femme n’existe souvent pas, même lorsqu’elle est là comme malade ou comme victime d’une bousculade. Elle est la moitié de l’homme, selon la religion mais le un dixième de la vie selon la vie quotidienne et la loi des hommes.
8 décembre 2009
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