UN PILOTE ALGÉRIEN RACONTE LA GUERRE DE JUIN 1967
La couardise made in Egypte
Mohamed Sadek LOUCIF - Mardi 01 Décembre 2009 – Page : 24
Parmi les militaires algériens, «beaucoup sont revenus dans des caisses en bois en guise de cercueils», regrette l’ancien aviateur.
Il a vécu la guerre de juin 1967 jusqu’au bout de l’âme. Sous ses yeux sont tombées des dizaines de soldats algériens. Dlim Abdelkader, originaire des Ouadhias, wilaya de Tizi Ouzou, est un ancien pilote de l’armée algérienne. De nature réservée, Abdelkader est un homme élancé, le teint brun, les cheveux blanchis par le poids des ans et des vicissitudes d’une vie profondément attachée au devenir de sa bien-aimée: l’Algérie. Aussi majestueux que le Djurdjura qui l’a vu naître, Abdelkader est un homme fier, libre et jaloux de sa liberté. Des qualités qui ont servi la cause égyptienne durant la guerre de 1967. A l’instar de milliers de soldats algériens, ce rebelle a combattu avec témérité au pays des Pyramides. Le prix de cette bravoure fut très lourd. Abdelkader en garde un souvenir saignant. «Des unités entières de l’ANP ont été décimées durant la guerre des Six-Jours». Ce qui chagrine le plus l’ancien guerrier, c’est que la majorité des militaires algériens sont morts «à cause de certains officiers égyptiens corrompus».
Sur les rides de son front se lit l’histoire de ses frères de sang et compagnons de combat. Son regard revoit encore leurs traits, leurs sourires. Il entrevoit la flamme qui luisait dans leurs yeux. Cette même flamme qui animait Jugurtha, le guerrier berbère qui refusait la soumission à Rome. Ce feu sacré fut repris par Mohamed Boudiaf, Abane Ramdane, Larbi Ben M’hidi, Djamila Bouhired, Fettouma Ouzeggane, Hocine Aït Ahmed et tant d’autres. Ainsi, ces hommes et femmes libres ont déclenché l’une des plus grandes luttes de libération du XXe siècle. En dignes héritiers de cette génération, les soldats de l’Armée nationale populaire sont allés défendre l’honneur de l’Egypte contre l’armée israélienne.
«Les Egyptiens fuient, les Algériens meurent…»
Abdelkader fait un véritable voyage dans le temps. Il est à quelques heures du conflit qui allait le marquer à vie. Arrivé sur le sol de Oum Eddounia, il retrouve «le soldat algérien». Ce dernier est en train de sillonner «l’Egypte de long en large sans hésitation ni murmure».
Le parcours du combattant est long. Il traverse «Gafra, Exteep Katamia, Koumoumbo, Port Saïd, Ismaïlia, Chibine el Koum, Oued Ikina, Kouasna, Choubra Khit» et tant de villes et contrées de «Misr».
Dans leur traversée, «les Algériens se sont donné un mal fou pour ramasser et récupérer le matériel et les godasses des Egyptiens, abandonnés dans le désert durant leur grande fuite», note l’ancien pilote.
La traversée fut coûteuse. Parmi les militaires algériens, «beaucoup sont revenus dans des caisses en bois en guise de cercueils», regrette Abdelkader. Et ce dernier de se révolter: «Aucun Egyptien n ’est mort pour la Révolution ou dans les maquis algériens.» Un moment de silence, puis Abdelkader reprend sa quête des faits historiques. Le chemin est parsemé d’embûches. La traîtrise des «achiqae» le guette à chaque pas. De cette traîtrise, l’ancien combattant tire deux exemples. A ce titre, son récit est édifiant. Ecoutons-le: «Notre escadron basé à Hilouane (banlieue du Caire) devait être transféré sur un autre aérodrome.» La suite est surprenante…Au moment de l’atterrissage sur le terrain de destination, «les bombardiers juifs arrivent et saccagent tout».
Finalement, le transfert est annulé.
L’amertume de Adbelkader ne s’arrête pas là. A la surface de ses blessures ressurgit un autre fait triste. Laissons-lui le soin de raconter: «En 1967, les bases aériennes égyptiennes ne disposaient pas de « Douchma » (abris en béton armé surmontés d’une dune de sable) et les aéronefs étaient parqués en surface». Il nous fait découvrir les opérations de camouflage des Egyptiens, destinées à combler le manque des Douchma. Ces derniers avaient «dressé des maquettes d’avions grandeur nature». Le subterfuge avait pour objectif de tromper l’aviation israélienne. C’était sans compter sur «le Bakhchich». En guise d’exemple, Abdelkader cite: «Durant les bombardements des aérodromes Belbeis, Katarnia, Inshas, Kouisnia et bien d’autres, par les juifs. Tous les avions ont été détruits et pas une maquette n’a été touchée.»
Un souvenir particulier? Abdelkader en a tellement…mais, un incident lui revient à l’esprit. C’est une histoire poignante qu’il a vécue avec un officier égyptien.
Ce dernier n’est autre que le commandant des forces aériennes égyptiennes.
L’ancien pilote de chasse algérien garde en mémoire son visage. «Galal, 34 ans, 1,60 m, visage émacié au teint basané, il avait des yeux de crotale». Pour ses faits d’armes, «le gouvernement lui offre un pèlerinage, une voiture Coccinelle et 1000 livres. De retour des Lieux Saints, il est affecté dans un escadron algérien de chasse subsonique».
Galal, le «héros» ridiculisé
Les pilotes algériens allaient-ils bénéficier de son expérience? Au lieu de cela, le «héros» passera son temps à vouloir «ridiculiser le pilote algérien». De retour de permission, Abdelkader est programmé pour sortir avec le commandant Galal, le lendemain. Le plus jeune pilote de l’escadron en garde une image bouleversante. Et pour cause, l’officier égyptien prenait un malin plaisir à «rabattre le caquet des Algériens». La fierté de ces derniers faisait pâlir de complexe les militaires égyptiens.
La majorité de l’escadron avait connu le purgatoire avec les outrances du commandant Galal. Sauf que cette foi-ci, un «Walad» algérien allait ridiculiser le «héros» égyptien. Au terme d’un exercice mémorable, le plus jeune pilote de l’unité a mis en échec l’officier de l’aviation égyptienne.
En six jours, le soldat algérien a écrit des pages entières de bravoure et de dévouement sur le sol de «Oum Eddounia». L’histoire récente de l’Egypte lui a consacré un chapitre que le discours officiel ne peut effacer.
http://www.lexpressiondz.com/print.php?ddeb=2009-12-01&type=ar&id=70201
1 décembre 2009 à 1 01 56 125612
Le dossier du jour Edition du 30/11/2009
On ne badine pas avec l’honneur
Engagement
Dans un grand immeuble de 17 étages, habité depuis des années par des travailleurs qui bouclent difficilement leur fin de mois, les locataires se sont cotisés pour acheter un immense drapeau de 50 m de hauteur pour la somme de 25 000 DA.Suite…
Croire, à partir des difficultés qu’ils rencontrent dans la vie, que les Algériens n’aiment pas leur pays est une erreur que l’on commet souvent, un leurre qui a pris, il y a quelques semaines, tout le monde à contre-pied, de court.
C’est mal connaître ce peuple.
C’est mal connaître les Algériens.
C’est mal nous connaître. La réaction du peuple algérien suite à la rencontre Algérie-Egypte au Caire et l’incroyable hogra dont ont été victimes aussi bien les joueurs de l’Equipe nationale que leurs supporters a révélé au monde de quel bois se chauffaient les enfants de ce pays et de quelle pâte, ils sont pétris. Du sommet à la base. Du Chef de l’Etat au chômeur le plus anonyme.
Pour l’honneur du drapeau, on ne calcule pas, pour l’honneur du pays, on ne compte pas, pour l’honneur de la nation on ne transige pas, on ne tergiverse pas.
Si un petit hittiste a vendu à Mers el-Kebir son portable pour aller au Caire — et c’est sa propre mère qui le raconte — et même le pantalon qu’il portait, un magnifique jean, et s’est dévêtu publiquement, le peuple algérien n’était pas près de baisser le froc devant l’équipe nationale des Pharaons. Il l’a prouvé une semaine durant, partout à travers le territoire national et les quelques images éparses et sélectionnées qu’a diffusées la télévision, étaient loin de rendre compte de l’état d’esprit des Algériens et surtout de leur «nif»
Sans que personne leur dise ou leur conseille, des milliers d’automobilistes ont spontanément collé sur leurs capots la fameuse photo ensanglantée du joueur blessé par une pierre lancée par des Cairotes dont il était l’invité.
Cette photo de journal qui a fait le tour du pays a été perçue par un peuple traumatisé comme une hogra, une lâcheté à l’endroit d’un joueur sans défense et d’une équipe sans protection comme une perfidie qui ne pouvait venir que de gens perfides.
Encore une fois, on ne plaisante pas avec l’honneur du pays. Et s’il fallait une preuve, une toute petite preuve, elle vient de la classe la plus modeste, la plus pauvre, qui vit au jour le jour.
Dans un grand immeuble de 17 étages à Oran, habité depuis des années par des travailleurs qui bouclent difficilement leur fin de mois, les locataires se sont cotisés pour acheter un immense drapeau de 50 m de hauteur pour la somme de 25 000 DA et qu’ils ont tout de suite étendu le long de la façade d’entrée…
… alors qu’en période normale, le comité ne pouvait même pas réunir 3 000 DA pour colmater une fuite d’eau.
I. Z.
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup
1 décembre 2009 à 1 01 58 125812
Nous n’avons pas les mêmes valeurs
Interrogation Y a-t-il eu un seul citoyen égyptien qui ait été lynché, frappé ou agressé dans notre pays ?Suite…
A la veille du match de l’EN au Caire, l’ambiance dans les rues des villes et des villages d’Algérie était bon enfant. Normal pour une rencontre d’un tel niveau.
Les supporters un peu partout manifestaient leur joie dans l’espoir que leur équipe se qualifie et arrache son ticket pour l’Afrique du Sud.
Armés du drapeau vert, blanc et rouge, les supporters défilaient dans les grandes avenues. Kermesse et fête explosaient un peu partout, sur les balcons d’immeubles et même sur les terrasses. Jusque-là, rien d’exceptionnel ni d’inhabituel non plus : un peuple heureux qui réalise un vieux rêve, celui de voir son équipe accéder dans la cour des grands. Peut-on lui en vouloir ?
Bien sûr que non.
C’est quand les images nous sont parvenues sur les agressions gratuites dont ont été victimes nos joueurs, dont certains ont été pris à partie par la foule que tout a basculé.
Les Algériens se sont repris. A temps. Il y a des limites qu’il ne faut pas dépasser. Mais au lieu de faire la chasse aux Egyptiens isolés comme l’ont fait ces derniers au Caire contre des supporters confiants et sans défense qu’ils ont pratiquement roués de coups, les Algériens au contraire se sont soudés comme un seul homme non pas contre les enfants du Nil mais pour mettre fin à la hogra et, aussi pour relever la tête.
Il n’était plus question dès lors de laisser faire et de laisser passer. Il y allait de l’honneur du pays. Et quelle belle leçon de civisme et de patriotisme que celle qui a été faite le jour même à un Egyptien dans un grand marché de fruits et légumes.
Alors que quelques excités voulaient lui faire la peau et lui faire payer toutes les agressions au Caire par les leurs, un simple marchand de pois chiches s’interposera et menacera quiconque toucherait un seul cheveu d’un client manifestement aux abois. Autant que l’on s’en souvienne et autant qu’on ait pu lire dans les différents journaux nationaux, aucun Cairote n’a eu pour les nôtres pareille attitude. Pire, et excusez du peu, on avait la nette impression que tous les Egyptiens étaient complices. En toute sincérité et franchise : y a-t-il eu un seul citoyen égyptien qui ait été lynché, frappé ou agressé dans notre pays ? Même au plus fort de leur colère, les manifestants qui ont saccagé les bureaux et les ateliers de Djezzy et Egypte Air ont épargné les hommes et les femmes sur place qui y travaillaient.
Cela indique clairement pour ceux qui ne l’ont pas encore compris au bord du Nil ou à Assouan que les Algériens ont un trop grand sens de l’honneur pour lever la main sur des innocents et qu’ils dépassent en maturité et en honneur tout ce que Oum Dounia a enfanté : Nous n’avons pas les mêmes valeurs. Et pour rien au monde, nous ne salirons nos couleurs, on les a payées trop cher.
Une fibre intacte n Il faut le dire et ne pas avoir peur des mots. C’est la première fois depuis l’Indépendance du pays que des millions d’Algériens, toutes couches confondues se sont mobilisés comme un seul homme derrière le même objectif : laver l’affront. Pour ceux qui ne l’ont pas encore compris, la démonstration est désormais faite : la fibre nationaliste des Algériens est toujours intacte, vivace.
Nous étonnerons toujours le monde.
I. Z.
INFOSOIR
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup