A l’occasion de la célébration de la Moubayaâ de l’Émir Abdelkader, une fête grandiose a été organisée à Mascara, la ville de l’Émir Abdelkader. Un programme riche et varié a été tracé à l’occasion, à savoir des conférences organisées par des docteurs spécialisés en histoire de l’Émir,
une exposition de photos sur le parcours de l’Émir, organisée par la maison de la culture Abi Rass Ennaciri. Parallèlement une visite a été organisée par l’exécutif de la wilaya a leur tête le wali, Larbi Merzoug accompagné par des invités d’honneur d’Alger. Le deuxième jour, le film de Larbi Ben Mhidi qui a été réalisé dernièrement, dont l’acteur qui a joué le rôle principal, Djamaâ Abdelhakim et qui a campé le rôle de Didouche Mourad dans le film consacré à Mustapha Ben Boulaid et qui est actuellement directeur de la maison de culture Abi Ras Ennaciri de Mascara, le film a été projeté devant un public très important,suivi par un débat. Abd el- Kader ben Muhieddine ou Abd el- Kader el-Djazaïr,né le 6 mai ou le 6 septembre 1808 près de Mascara, Algérie, décédé le 26 mai1883 à Damas, Syrie,est un homme politique, chef militaire qui résista longtemps à l’armée coloniale française lors de la conquête de l’Algérie, il fut également écrivain, poète, philosophe et théologien soufi .Il est considéré comme le premier créateur de la nation algérienne et le symbole de la résistance algérienne contre le colonialisme et l’oppression française. De plus, son petit-fils l’Émir Khaled est considéré comme le premier fondateur de l’identité et du nationalisme algérien.
L’ARBRE DE LA MOUBAYAÂ DE L’EMIR ABDELKADER
Il y a soixante douze ans, l’Émir Abdelkader fut proclamé Chef de la résistance à l’invasion française, en effet c’est le 27 Novembre 1832 que les chefs des tribus « Hachem » de la région de Mascara se sont réunis dans la plaine de « Ghriss », sous un frêne connu sous le nom de « Eddardara » pour prêter allégeance à Abdelkader, alors âgé de vingt quatre ans. Cette journée fut baptisée «journée de Moubayaâ ».Dès lors , celleci est célébrée au même endroit par tous les habitants de la région, les plus hautes autorités de l’Etat ainsi que la Fondation à laquelle j’ai l’honneur d’appartenir et qui, par ailleurs, souhaiterait voir cette date du 27 novembre célébrée à travers tout le pays et reconnue « Journée Nationale », devenant ainsi une occasion de faire connaître à nos enfants, à nos universitaires, enfin à l’ensemble du peuple, l’histoire de celui qui fut le « Fondateur de l’Etat Algérien Moderne ». L’Emir Abdelkader (1808-1883) est l’un des personnages les plus illustres du XIXème siècle puisqu’il constitua un frein et un exemple édifiant de résistance à l’aventure coloniale en Algérie et au Proche Orient. Oublié pendant la période de l’Algérie française, il réapparaît aujourd’hui comme un héros pour l’ensemble du peuple algérien car il occupe une place particulière dans la mémoire collective de notre Nation. Sa vie toute entière, ses actions au service de son idéal de liberté et de progrès, ses rapports personnels avec sa famille, son entourage, et même vis-à-vis de ses ennemis, constituent des exemples d’actes de foi et de courage. Abdelkader fut le produit de son temps, mais très tôt il a dû être à l’écoute des grands changements dont ce XIXème siècle était porteur. De par sa formation auprès des ultimes représentants de la « Grande école de Ghriss », il aura su retenir les éléments qui allaient le porter plus loin dans la voie de la connaissance. A Arzew d’abord, à Oran ensuite, il prépare ce qui, au lieu d’être le pèlerinage traditionnel, devient le « Grand voyage initiatique » vers tout à la fois la source de la religion, la pratique moderne de l’État et les nouveaux acquis de la science. Le 27 novembre 1832, c’est donc un jeune homme pétri de qualités qui est choisi pour diriger la résistance aux troupes de la plus grande nation du monde. Par modestie et par déférence pour le Sultan du Maroc, Abdelkader prend le titre d’Emir et déclare : «Si j’ai accepté le pouvoir, c’est pour avoir le droit de marcher le premier et de vous conduire dans les combats pour la cause, et au nom de Dieu. Je suis prêt à me ranger sous la loi de tout autre chef que vous jugerez plus digne et plus apte que moi au commandement. Il lui suffira de prendre en main la cause de notre foi ». L’Emir subordonna son accord à la condition que les chefs qui l’avaient élu soient nommément cités dans l’acte d’intronisation. Après quoi, il accepta de prendre la tête de la résistance. Il fit mander ses secrétaires et leur dicta cette proclamation adressée aux nobles, aux cheikhs, aux notables et aux oulémas des tribus : « Nous avons assumé cette lourde charge, dans l’espoir que nous pourrions être le moyen d’unir la grande communauté des musulmans, d’éteindre leurs querelles intestines, d’apporter une sécurité générale à tous les habitants de ce pays, de mettre fin à tous les actes illégaux perpétrés par les fauteurs de désordre contre les honnêtes gens, de refouler et de battre l’ennemi qui envahit notre patrie dans le dessein de nous faire passer sous son joug ». Il s’agit là d’une proclamation destinée au pays tout entier et non limitée à telle ou telle tribu, et cela donne à celleci une valeur historique, prélude à la naissance de la nation algérienne. L’Emir fut donc choisi par consensus pour ses qualités intrinsèques, morales et physiques. Quel meilleur hommage pouvons-nous lui rendre que cette description que nous donne de lui Louis Veuillot, le secrétaire du maréchal Bugeaud, principal adversaire de l’Emir : « C’est un adversaire redoutable, il symbolise toutes les forces que l’Algérie nous impose ; il est en toute chose le premier parmi ses compatriotes, le meilleur cavalier, le guerrier le plus habile, le plus savant docteur, le politique le plus délié, le prédicateur le plus éloquent, le musulman le plus pieux, le seul organisateur : nul que lui n’était capable de réveiller le zèle et la foi ». L’Emir mènera en homme d’Etat une opposition farouche durant dix sept ans à la plus grande aventure coloniale. Il organisera en homme d’Etat, l’espace national en inscrivant sur le sol de la patrie qu’il défend les traces matérielles de son action. C’est un homme d’Etat qui met au point et fait fonctionner une administration nouvelle et moderne, qui entretient des relations diplomatiques avec les puissances étrangères. Enfin, en habile stratège, il organise l’armée et dirige les combats à la tête de ses troupes. Homme d’Etat, de connaissance et poète, l’Emir fixe par écrit, et pour toujours, sa vision du monde. Homme de son temps, il est à la fois moderne et fier de son passé. C’est donc l’avènement de cet homme illustre, et en plus, de noble lignée, de cet homme d’action et de réflexion que nous célébrons aujourd’hui. L’acte d’allégeance a constitué la première expression du nationalisme et ne s’est pan limité à une seule fonction. Il a été repris à maintes reprises dans toues les régions du pays. Pour bien apprécier l’entreprise de l’Emir, il convient de la situer dans le contexte géopolitique de l’époque. Le monde musulman était en état de profonde décadence : les populations étaient, pour la plupart d’entre elles sous les autorités de l’Empire ottoman, lequel était considéré par l’occident comme le « Gendarme de l’Islam ». Après avoir été une grande puissance. L’empire devint « L’homme malade » du XIXème siècle, ce qui allait permettre la conquête des pays musulmans par l’Occident. , appelé alors « Le Maghreb central » ne s’était jamais constitué en Etat.Tout au plus, elle avait vu s’instaurer ici et là, à des époques différentes, des principautés ; les Hammadites à Béjaïa, les Rostomides à Tiaret, et qui n’ont laissé que des souvenirs). Lorsqu’au XVIème siècle, les populations de Jijel, de Béjaïa et d’Alger firent appel aux Turcs pour les aider à se défendre ; les historiens parlent des « Banou Ziane » et évoquent le « Royaume de Tlemcen », fondé par ces derniers : ils ne manquent pas de souligner la dimention réelle de ce « royaume », qui en fait, ne comprenait que le tiers de l’Ouest algérien actuel de la Moulouya à Tiaret. Il sera disloqué ensuite par la dynastie mérinide du Maroc. L’est du pays était largement dominé par la dynastie Hafsite de Tunisie (L’Ifrikia l’esprit de croisade des espagnols, les frères Baba Arouj et Kheireddine qui répondirent à l’appel ne trouvèrent dans l’ensemble du pays que des tribus éparses sans liens entre elles. ces dernières ne purent créer un Etat en unifiant les tribus bien qu’elles eussent tout pouvoir pour le faire, même lorsqu’à partir de 1670 le pays cessa d’être une province ottomane. L’émancipation de la région s’était opérée sans rupture avec la Sublime Porte. Alger s’était progressivement détachée de la tutelle ottomane en demeurant toutefois, au sein de la mouvance de l’Empire. Lassé de nommer des Pachas sans autorité effective, le Sultan se résigna à en attribuer le titre au véritable détenteur du pouvoir : le Dey. C’était une façon de sauver les apparences, tout en reconnaissant l’indépendance de fait dont jouissait depuis longtemps cette lointaine contrée. Les Janissaires faisaient et défaisaient les Deys. C’était ainsi que depuis 1671, 14 Deys sur 28 furent assassinés. L’administration des Deys se réduisait à un domaine assez restreint, en dehors d’Alger. Il comprenait essentiellement la plaine de la Mitidja, des collines situées sur le flanc de la Kabylie et le port de Cherchell. Le reste du pays était partagé entre trois Beyliks : Celui du Titteri avec pour capitale Médéa, celui de l’ouest qui eut pour capitale successivement Mazouna, Mascara et Oran ; celui de Constantine, le plus peuplé. Une grande partie du territoire échappait à toute autorité. Elle consistait en un ensemble de confédérations tribales aux ordres des notables et cheikhs traditionnellement rivaux. Leur administration se réduisait à des tâches de maintien de l’ordre et au prélèvement des impôts. Il n’existait pas, en 1830 de nation algérienne, ni d’Algérie, mais une mosaïque de tribus divisées par des conflits d’intérêts et des révoltes. De plus, le système mis en place par les Turcs depuis trois siècles, c’est-à-dire entre tribus Maghzen chargées de collecter l’impôt et tribus Rayas obligées de le payer explique son effondrement. Les tribus ne ressentaient leur originalité qu’à un échelon régional. Nulle d’entre elles n’avait conscience d’appartenir à un ensemble, à un pays. « Si les tribus et les fédérations de tribus ressentaient fortement leur originalité, elles n’étaient pas à même de concevoir que l’ensemble du territoire, dont elles étaient un élément obscurément perçu, constitua quiconque pouvait servir de base à une nation. La nation implique une conscience commune qui n’existe pas » L’Emir fut le premier homme d’Etat à donner aux Algériens une conscience collective qu’il n’avait jamais auparavant. Le même historien ajoute : « L’attachement à la terre des ancêtres et à des formes de civilisation se manifeste avec force et ne se dément jamais » Ce raisonnement partagé par d’autres éminents historiens et spécialistes nous amène à affirmer que l’Emir fut le premier homme de l’histoire algérienne à donner aux diverses tribus une nationalité qui se traduira par une conscience commune.
|
28 novembre 2009 à 11 11 42 114211
Cet article est intéressant, décrivant bien la situation du territoire en 1830, et les raisons de désorganisation et d’absence de nation, qui ont facilité la conquête par la France?
Mais pourquoi n’est-il pas mentionné une seule fois, la seconde période de la belle vie de l’Emir, et notamment son rapprochement avec le monde chrétien et avec la France?
Rapporter cet épisode n’affaiblit en rien la personnalité de cet homme illustre; bien au contraire, elle caractérise son profil d’homme d’Etat.
L’Histoire s’accommode mal des mensonges, fussent-ils par omission.
25 novembre 2011 à 22 10 39 113911
@temouch
Exactement il faut pas occulter l’histoire et il faut aussi par exemple bien insister sur le trahison de la kabylie envers l’Emir (par peur du colinisateur).
L’Emir après sa captivité est de facto proche de son geolier, et melgrè cela il a su qd meme continuer a briller en Syrie par exemple!
Voila ce qu’est « ne pas occulter » l’histoire!
A bons entendeurs!