Cacnaq » ou Sheshonq Ier.
Un berbère fondateur de la XXIIe dynastie en Egypte !
C’est en l’an 950 an avant Jésus Christ que ce désecndant d’un chef lybien (berbère) qui a établi sa domination sur Hiérakléopolis, en Moyenne-Égypte vers 1180 av. J.-C., qu’il réussit à imposer son pouvoir en Egypte. Et c’est cette date qui aurait été choisie, pendant les années 70, par des militants bebréristes, comme départ du « calendrier amazigh ».
La pénétration libyenne en Egypte En revanche, il est certain que la vallée du Nil connut, aux heures de troubles, les incursions des Libyens. Dès la première dynastie (vers 3300 av. J.-C.), les documents, telle la palette de Nâmer, enregistrent les victoires du pharaon sur les Libyens. Ce sont eux que les textes désignent sous le nom de Tehenou et que les représentations figurées montrent armés de flèches et de boomerangs. La déesse Neit, dans les 4e et 5e nomes, est surnommée la « Libyenne ». Le pharaon se voit loué de prendre « la grande couronne blanche [des mains] de ces très grands étrangers qui président aux Libyens ». Alors exista, peut-être, un royaume égypto-libyen d’Occident.
Les monuments figurés nous représentent les luttes que livrèrent aux Libyens les rois de la Ve dynastie memphite pour mettre fin aux désordres qui précédèrent leur avènement (vers 2600). Luttes décisives puisque les Libyens paraissent n’avoir plus menacé l’Égypte jusqu’à la fin du Moyen-Empire. Ramsès II, après avoir repoussé une de leurs invasions, les enrôla pour parer au péril hittite (début du XIIIe siècle). Son fils Ménephtah les retrouva dans la puissante coalition des Peuples de la mer, contre-coup de l’expansion indo-européenne. Unis aux pirates nordiques, Lyciens, Shardanes de Sardes, gens de Sagalos, Tyrsènes de Lemnos et Achéens, les Lebou ou Libyens constituèrent le gros de l’armée qui attaqua vainement le Delta (1227). Ces Lebou étaient peut-être originaires de l’Atlas. On a remarqué que « leurs noms et ceux de leurs chefs rappellent exactement ceux des Numides de l’histoire classique » (Alexandre Moret). Ce furent eux en tout cas qui donnèrent son nom à la Libye et, à la tête d’une coalition hétérogène de Tèhenou et d’Indo-Européens, ils vont jouer dans l’histoire de l’Égypte un rôle capital. Ramsès III doit en fin de compte, vers 1189, en dépit d’une nette victoire près de Memphis, les installer par « dizaines de mille » dans le Delta, où ils se moquèrent de son contrôle.
À la faveur de l’anarchie qui suivit, un chef de Libyens mercenaires établit sa domination sur Hiérakléopolis, en Moyenne-Égypte. Son septième descendant, Sheshonq Ier, conquit le Delta, partagea le sol entre les Libyens et fonda la XXIIe dynastie (950). Le folklore nous dépeint alors, pour la première fois, une société éprise de batailles, très différente de la société égyptienne. Le royaume de Napata qui, à la fin du VIIIe siècle, s’étendit de la première cataracte à l’Abyssinie, n’eut pas, comme on le crut longtemps, pour fondateurs les descendants des anciens prophètes du dieu Amon. Les fouilles de Reisner ont prouvé que ce furent des Libyens qui, dans le pays de Koush, imposèrent leur autorité, comme les Libyens du Nord dans le Delta. C’étaient des cavaliers enthousiastes de leurs chevaux et non des conducteurs de chars comme les pharaons. Nul ne se montra plus docile aux directions d’Amon et de ses prêtres que ces étrangers installés en Égypte, et par eux le rayonnement de la civilisation égyptienne dut s’exercer sur les Libyens occidentaux et ses lointains reflets atteindre peut-être le « far west » africain.
Extrait de : Charles-André Julien, Histoire de l’Afrique
du Nord (Des origines à 1830), Payot, Paris, 1951.
27 novembre 2009
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