par Kharroubi Habib
Pouvoir et peuple ont été chez nous en phase dans la réaction à l’hystérie anti-algérienne qui a déferlé sur les bords du Nil. L’osmose a permis une mobilisation extraordinaire de la nation, Etat et population, qui a impressionné le monde entier. En la circonstance et parce qu’il fut au diapason des attentes de ses compatriotes en prenant l’audacieuse décision que l’on sait, Bouteflika a incontestablement redoré son prestige et boosté sa popularité.
Pour quel but va-t-il employer ce regain de la sympathie populaire à son égard ? Là est toute la question. L’Algérie, que le monde a vu s’embraser par fierté nationale, est capable de gagner tous les défis et challenges, pas seulement footballistiques. Faut-il encore que ceux qui président à ses destinées en soient convaincus et fassent confiance aux génie et capacités de son peuple.
A quelques jours du match du 14 novembre au Caire, la rupture entre les Algériens et leur Etat semblait définitive et irrémédiable. Il a suffi qu’ils soient sur la même longueur d’onde face aux provocations, puis aux agressions égyptiennes contre l’équipe nationale et la dignité nationale pour que s’estompent la méfiance et le rejet nourri contre cet Etat par les citoyens. Ce qui démontre que les Algériens ne sont pas fondamentalement et irrévocablement dans l’opposition à cet Etat et ses responsables. Ils le sont devenus par révolte contre un mode de gouvernance qui tourne le dos au peuple et des politiques qui ont «conduit le pays au mur».
Ce qui s’est passé dans le pays ces derniers jours est, à notre point de vue, une chance historique que Bouteflika pourrait exploiter pour réconcilier durablement les Algériens avec leur Etat. Et c’est à lui et cet Etat à faire les gestes et à prendre les initiatives susceptibles d’enclencher cette réconciliation. Notre jeunesse a montré qu’elle n’est pas aussi antipatriote que la considèrent ceux qui ont fait du patriotisme un fonds de commerce exclusif et lucratif. Le pays peut assurément compter sur elle dans les moments difficiles. Ce qui ne rend que plus injuste et inacceptable qu’elle soit tenue à l’écart, sujette à suspicion et traitée sans considération.
Parmi les jeunes Algériens qui sont sortis en de nombreux endroits du monde pour fêter la victoire du onze national et exprimer leur amour de la patrie, il y avait très certainement des «harraga» qu’une propagande officielle accuse d’être partis parce que n’aimant pas l’Algérie. Que Bouteflika continue à agir en communion avec son peuple comme il l’a fait ces derniers jours, et la «harga» et les colères populaires feront partie du souvenir.
En a-t-il la volonté ? Cela est une autre question.
Quotidien d’Oran
25 novembre 2009
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