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Le carillon d’Alger et le tocsin du Caire

21 novembre 2009

Non classé

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Chronique du jour : LETTRE DE PROVINCE
Le carillon d’Alger et le tocsin du Caire
Par Boubakeur Hamidechi
hamidechiboubakeur@yahoo.fr



Au coup de sifflet final, la foule est redevenue brusquement visible. Comme une libération collective, elle s’est redéployée à travers les places des villages et les avenues des villes. Tout à fait à l’aise pour rejoindre les lieux de la communion, elle possède une exactitude de troupiers au moment de partir en campagne. Sauf quelle n’est pas chaperonnée par un quelconque adjudant, sachant par elle-même organiser sa procession «klaxonnante». Ce carillon de la multitude motorisée qui bat le rappel pour la grand’messe de la victoire.
Un amour monstre du pays natal que seul le football est capable de plébisciter de nos jours. De répétition générale en défoulements inquiets, elle a rodé son rôle depuis que ses porte-étendards des stades se sont remis à vaincre. A peine la dernière image de Khartoum lui fût-elle parvenue qu’elle s’avança sous les feux de la rampe. Elle est devenue personnage principal en remplacement des protagonistes réels. Ceux-là se sont effacés après le devoir, et il n’y a plus maintenant que le chœur vociférant. Dans une coïncidence de petits bonheurs éclatants, longtemps contrariés, la cacophonie loue, comme dans une prière, l’ancien credo identitaire souvent écorné par tant de malheurs. Subitement être «d’ici», de ce pays, redevient un viatique quand les jours d’avant il était synonyme de malédiction. Une mue magique, œuvre du seul football, mais qui, hélas, fait le lit des populismes politiques en mal de légitimité. C’est ce qu’illustre parfaitement cette «guerre» du ballon égypto-algérienne. Au soir de mercredi et le jour d’après, les médias et les officiels cairotes n’ont eu de cesse de sonner le tocsin et de dire tout le mal (presque raciste) qu’ils pensent de nous. Dans le même temps, Alger organise un somptueux hommage populaire à cet héroïsme du gazon. Avait-on tort de faire dans l’excès festif ? Assurément non, et pour plus d’une raison. Durant un mois et pas une seule fois la presse et les dirigeants égyptiens ne se sont abstenus de recourir à la provocation indigne ou firent montre de retenue. En clair, l’origine de tous les dérapages politiques se trouve aux bords du Nil. Parce qu’ils ont manipulé leur opinion à travers d’insupportables assertions obliques qui nous dévalorisent et, pis encore, organisé une expédition punitive contre les athlètes algériens, qu’ils portent seuls la responsabilité du dévoiement de la compétition sportive. Que la troisième manche, qui eut lieu au Soudan, tourne à l’avantage des Algériens sur tous les plans, cela est la conséquence de la saine réactivité du pays pour faire face à la multiplication des outrances. Expliquons-nous bien : les va-t-en-guerre qui ont déclenché cette orage diplomatique, et dont il restera d’ailleurs à mesurer les conséquences futures, sont égyptiens. Ce constat établi, Alger avait-elle encore le droit de demeurer passive après de tels dépassements ? Au nom de quelle vertueuse «sagesse» aurait-elle accepté de faire profil bas quand le dénigrement atteint sont paroxysme ? Entre la nécessité de «raison garder» au prétexte que les intérêts des Etats sont plus impératifs qu’un épisode sportif, et le devoir de rappeler à l’irrespectueux vis-à-vis que la protection de ses propres concitoyens n’a ni prix ni coût, le choix est moralement sans ambiguïté. Contrairement à ceux qui pensent (en bonne conscience sûrement) que les torts sont partagés, en s’appuyant exclusivement sur l’analyse de la peu ragoûtante littérature journalistique des deux pays, nous persistons à croire que le pourrissement était voulu, commandité et planifié ailleurs et plus haut que les salles des rédactions cairotes. En effet, lorsque les progénitures du chef de l’Etat Moubarek, dont l’une d’elles est donnée pour son successeur, se retrouvent en première ligne afin d’orchestrer la curée et l’intimidation avant la rencontre du Caire, comment peut-on affirmer qu’elles n’étaient pas en service commandé ? Voilà une évidence toute simple à partir de laquelle toutes les extrapolations étaient possibles. L’une d’elles n’a-t-elle pas été l’extrême agressivité de leurs médias lourds à l’égard de l’Algérie dans un pays où il n’y a aucune liberté de la presse sinon celle de la feuille de route de la censure officielle ? Loin du chauvinisme plein de morgue, qui suinte dans les propos des commentateurs égyptiens, les Algériens continuent à faire la fête sans le moindre accent guerrier. Pour s’en convaincre, il suffit de tendre l’oreille à la rue. Sa clameur est édifiante par sa sérénité. Elle est la preuve par la foule que les rivages d’El-Djazair sont indifférents aux lamentables accusations de ces vaincus historiques. Car, enfin, pourquoi la rue algérienne doit-elle bouder l’exorcisme du football lorsqu’il la réconcilie avec elle-même ? Combien même elle s’est fait violence pour dire «vive Bouteflika», eh bien, pour une fois, mais cette fois-ci seulement, elle avait eu raison. Derrière la réserve que le président a affiché au cours du déroulement des événements du Caire et les directives qu’il a, par la suite, donné en vue de la confrontation soudanaise n’a-t-elle deviné chez lui une sorte de «holà» qui résume son écœurement ?
B. H.

Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2009/11/21/article.php?sid=91593&cid=8

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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