Un autre pan de l’Histoire contemporaine de l’Algérie s’enfouit. L’une après l’autre, les figures de la Révolution s’en vont, sans que l’histoire de cette glorieuse page ne soit encore écrite.
Bachir Boumaza s’est éteint à l’âge de 82 ans. Cet inépuisable militant de la cause nationale au parcours atypique n’a jamais fait mystère de ses convictions,
quitte à bousculer l’ordre établi, à faire grincer des dents ou, carrément, à déplaire à ses anciens compagnons de route.
Ce natif de Kherrata a fait ses débuts dans le mouvement national, sous la houlette de Messali El-Hadj, et a poursuivi son combat au sein du FLN. Emprisonné en France en 1958, il réussit à s’échapper de la prison de Fresnes en 1961 pour gagner l’Allemagne. Durant sa détention, et en collaboration de quelques compagnons de combat, il rédige gangrène, un livre qui raconte les méthodes de torture subies par les prisonniers algériens.
Dirigeant actif dans la fédération de France du FLN, Boumaza est pourtant connu pour son penchant panarabiste.
Bachir Boumaza fera partie du premier gouvernement postindépendance, en tant que responsable de la propagande sous Ben Bella, puis ministre du travail. Il sera élu député de la wilaya de Annaba dans la première Assemblée
élue, avant de se joindre à Boumediene, au lendemain de son accession au pouvoir, pour occuper le portefeuille de la Communication, avant de se retourner contre Boumediene. Il se réfugiera, d’abord, en France, avant d’opter pour la Suisse, à Lausanne précisément. Bachir Boumaza sera nommé président du Sénat de 1998 à 2001. Une fonction qu’il quittera, non sans avoir engagé une bataille pour changer le fonctionnement du Sénat. Le bras de fer engagé avec le président Bouteflika conduira à son éviction, à mi-chemin de son mandat.
Bachir Boumaza aura, surtout, marqué sa présence, ces dernières années, à travers la création de la fondation du 8-mai-45, laquelle œuvrera pour la sauvegarde de la mémoire du peuple algérien.
Prolixe au sujet de la Révolution et des causes arabes, lorsque l’occasion lui est offerte, Boumaza ne s’est souvent démarqué du discours officiel et n’a jamais caché ses amitiés avec l’ancien président irakien, Saddam Hussein.
Même s’il a toujours œuvré pour “la décolonisation de l’histoire” entre l’Algérie et la France. Estimant que la loi française du 23 février 2005, comme s’apparentant à “une démarche révisionniste concernant le nazisme”, en faisant l’apologie du système colonial et ne pouvant pas, de ce fait, contribuer à l’assainissement du contentieux historique, Bachir Boumaza a plaidé pour une écriture commune (algériens et français) de l’histoire commune de 132 ans de colonialisme. Avec la mort de Bachir Boumaza, l’Algérie perd un autre témoin d’une période charnière qui reste à écrire et, surtout, à dépassionner.
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8 novembre 2009 à 8 08 45 114511
Dans un message de condoléances
Bouteflika : “L’Algérie perd un fervent militant”
Par : Rédaction de Liberte
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Le président Bouteflika a adressé un message de condoléances à la famille du défunt moudjahid Bachir Boumaza, décédé vendredi, dans lequel il affirme que “l’Algérie perd un fervent militant, un moudjahid convaincu de la justesse de la cause de sa nation et un fidèle nationaliste qui a voué sa vie au service de son peuple”.
“Le défunt militant et moudjahid Bachir Boumaza a rejoint ce jour Le Tout-Puissant”, a écrit le chef de l’État dans son message. “C’est avec une profonde affliction que j’ai appris la douloureuse nouvelle de la mort du regretté qui comptait parmi les nationalistes d’avant-garde. Très jeune, il avait pris conscience des affres de l’occupant et de ses injustices envers notre peuple. Il rejoint le mouvement national et accomplit ses missions en sensibilisant les enfants de son peuple à l’intérieur et à l’extérieur du pays jusqu’au déclenchement de la glorieuse révolution de Novembre”, a affirmé le chef de l’État, ajoutant que “le défunt était parmi les premiers à adhérer à la Révolution et à rejoindre ses rangs, en tant que militant, encadreur et dirigeant”. “À la fin de la guerre de Libération, il fut parmi ceux qui ont contribué à l’édification des institutions de l’État national moderne. Il endossa de grandes responsabilités, occupa des postes supérieurs et couronnera sa carrière en assumant les responsabilités de président du Conseil de la nation”, souligne le président de la République.
Il a affirmé, dans ce contexte, que les nobles missions du défunt “ne l’ont guère empêché d’accomplir son devoir de militer au sein de la société civile à travers une association nationale qu’il a fondée et présidée pour défendre le droit du peuple algérien à l’indemnisation pour les crimes contre l’humanité commis à son encontre lors des massacres de mai 1945, jetant ainsi un jalon important dans l’édifice de sauvegarde de la mémoire collective de la nation contre l’oubli”.
Liberté du 8 novembre 2009
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