ÉDITORIAL
BUTIN DE GUERRE
«J’écris en français, mieux que les Français pour dire que je ne suis pas français». En faisant cette déclaration il y a plus d’un demi-siècle, Kateb Yacine ne se doutait pas un instant qu’elle allait être longtemps après sa mort, d’une brûlante actualité. Aujourd’hui, de plus en plus de citoyens parents d’élèves s’interrogent sur l’efficacité de cette
arabisation menée au pas de charge répondant plus à des considérations revanchardes que pédagogiques. Le résultat, après une trentaine d’années de cette mesure présentée démagogiquement comme destinée à construire l’identité nationale, est effarant. Nos élèves, même ceux qui sont arrivés à l’université, sont d’un niveau lamentable, incapables dans leur majorité, de déchiffrer un manuel en arabe et encore moins en français. Parce que le «butin de guerre» est entièrement dévoyé par des chapelles dont le souci était surtout de s’accaparer des postes de décision tenus par des francophones assimilés à des francophiles par la mauvaise foi manifeste de leurs pourfendeurs. Le comble de l’ironie, c’est d’entendre traduire la déclaration de l’arabe vers le français d’un intervenant lors des journaux télévisés de Canal Algérie ! Il ne s’agit pas ici de faire l’apogée d’une langue étrangère mais tous les apprenants quel qu’en soit le cycle, font face à d’énormes problèmes de documentation compte tenu de leur incapacité à lire simplement en français. Du côté du ministère de tutelle, on continue à considérer la langue française comme indésirable, s’octroyant le droit de décider à la place des très nombreux parents d’élèves qui se bousculent dans les écoles privées, là où l’apprentissage des langues et particulièrement du français est largement répandu. Parce que nos élèves ignorent superbement ces grands humanistes de la littérature simplement parce qu’ils écrivent en français. Il fut un temps où en classe de cinquième des collèges, on savait par coeur les fables de la Fontaine. A-ton perdu son identité pour autant ?
Par Hamid A. B.
4 novembre 2009
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