Prix littéraire 2009
Marie Ndiaye décroche le Goncourt 2009
Grande surprise cette année pour le Goncourt, le prix littéraire le plus prestigieux et le plus convoité par les milieux littéraires C’est Marie Ndiaye qui l’a raflé haut la main ce lundi pour ses » Trois femmes puissantes » sorti chez Gallimard. Au fait, la
connaissez-vous ? Certainement pas. Son nom émerge tout d’un coup, souverain parmi tant de prétendants. Et pourtant, en 23 ans elle a écrit une vingtaine de livres dont des nouvelles et des pièces, qui accèdent (fait rare) à la sélective Comédie Française. Marie Ndiaye est noire. Son père est sénégalais et sa mère est française. Elle l’a élevée dans les banlieues parisiennes, d’où est sortie d’ailleurs glorieuse à 19 ans, une » autre plume » Faiza Guene, dont les livres sont traduits dans plus de 15 langues. Le prix Goncourt qui se déroule sur fond de lutte féroce entre éditeurs à qui il arrive de graisser la patte à un membre du jury intervient cette année avec le 20e anniversaire de la chute du » Mur de Berlin » (le 9 novembre 1989). Marie Ndiaye vit depuis 2007 date de l’élection de Sarkozy à Berlin avec son époux, Jean-Yves Cendrey lui aussi écrivain. La lauréate franco-sénagalaise symbolise de par ses origines, cette France officielle de l’intégration qui donne » leurs chances aux étrangers » alors qu’en réalité elle les refoule. Qu’on se rappelle les tests ADN pour le regroupement familial abandonné par le ministère français de l’émigration, et aussi le démantèlement récent de » la Jungle de Calais » dont l’appellation couvre tous les sens de la xénophobie. » Trois femmes puissantes » est un récit de trois destins tiraillés entre l’Europe et l’Afrique. » Je suis très contente d’être une femme qui reçoit le prix Goncourt « , a déclaré à la presse la romancière franco-sénégalaise Marie Ndiaye, en arrivant lundi devant le restaurant Drouant à Paris où le prix venait de lui être attribué. Elle a été couronnée au 1er tour avec 5 voix contre 2 à Jean-Philippe Toussaint pour » La vérité sur Marie » et 1 voix à Delphine de Vigan pour » Les heures souterraines « . Selon elle, une sorte de miracle s’était déjà produit avec le succès de son livre. » Ce prix est inattendu. C’est aussi le couronnement et la récompense de 25 ans d’écriture « . Auteure d’une vingtaine de romans et recueils, Marie Ndiaye est née le 4 juin 1967 à Pithiviers, dans le centre de la France. Dans ses récits mêlant réalisme et surnaturel, la romancière évoque des êtres déchirés entre deux cultures et leur difficulté à trouver une place dans le monde. » Je suis allée deux ou trois fois en Afrique, c’est un lieu qui m’intrigue, me fascine aussi car je sens que j’y suis radicalement étrangère (…). Ironiquement, c’est en France que je peux paraître étrangère « , expliquait-elle cet été dans une interview à l’hebdomadaire français » Les Inrockuptibles « . Marie Ndiaye, qui dit trouver la France de Nicolas Sarkozy » monstrueuse » et fustige une » atmosphère de flicage « . Elle est la sœur de l’historien et sociologue Pap Ndiaye, auteur de travaux sur la place des Noirs dans la société française. Elle-même ne se perçoit pas comme une » penseuse » ni un écrivain militant. A l’âge de 18 ans, elle publie son premier roman » Quant au riche avenir » (1985). Elle abandonne rapidement ses études pour se consacrer à l’écriture et enchaîne depuis romans et recueils de nouvelles. Une première consécration vient en 2001 avec le Prix Femina pour » Rosie Carpe « , dont l’héroïne, issue d’un mariage mixte, navigue entre la Guadeloupe et la France profonde.
Rachida Couri
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4 novembre 2009
LITTERATURE