Nadia Essalmi (Editrice marocaine) : « J’ai édité un livre en bilingue de Mohamed Dib »
Nadia Essalmi est éditrice marocaine. Elle dirige les éditions Yomad, spécialisées dans la promotion du livre de jeunesse.
C’est votre première participation au Sila…
Non ! J’ai déjà participé il y a quelques mois au Salon du livre de jeunesse à la Bibliothèque d’Alger. Je suis quelqu’un d’ambitieux. Et voilà, je reviens en Algérie. Il y a des choses à faire sur le marché algérien. Le problème au Maghreb, c’est qu’on n’arrive pas à trouver un terrain d’entente entre nous. La dernière fois, le Salon avait clôturé et mes livres n’étaient toujours pas arrivés. Ils étaient bloqués au niveau de la douane algérienne. On avait en quelque sorte pénalisé les enfants. Je récidive. (rires) et je participe dans le cadre de l’Alliance des éditeurs indépendants.
Vous êtes éditrice de Yomad de livres de jeunesse au Maroc…
Oui ! Dans le livre de jeunesse de 3 à 13 ans. Des ouvrages en arabe, en français et bilingues.
Par exemple…
J’ai édité un livre bilingue de Mohamed Dib. D’ailleurs, je l’avais eu au téléphone quelques jours avant sa mort. Il était tellement heureux qu’il m’a dit : « C’est un bonheur pour moi de voir un de mes livres traduit en arabe. Je souhaitais cela depuis des années ». Et cela s’est réalisé juste avant sa disparition.
Quel en est le titre ?
C’est Salim et le sorcier (Salim wa saher).
Vous faites la promotion de la littérature maghrébine…
J’essaie un peu. Vous savez la culture n’a pas de frontières. C’est ridicule de ne pas aller dans ce sens-là. Bon, il y a la politique qui impose cela. En tout cas, nous, dans notre milieu culturel, littéraire et artistique, on essaie de laisser les frontières ouverte, et d’aller vers les autres cultures et en recevoir, pour avoir des échanges, une richesse pour les peuples. Et puis surtout pour les enfants. Il faut quand même les former et leur apprendre l’existence d’autres cultures différentes de la leur, qu’il faudra accepter plus tard. Je ne vous apprends rien. L’histoire pourrait donner des exemples.
Vous avez misé sur le livre de jeunesse, un pari risqué…
C’est très risqué. Pour vous dire, je suis la première maison d’édition à être spécialisée dans le livre de jeunesse au Maroc. Cela a été un défi, un challenge. Moi, je me suis lancée confiante dans cette aventure. Le premier auteur que j’ai publié, c’était Driss Chraïbi. J’ai édité trois de ses œuvres. Cela m’a vraiment aidé à prendre un raccourci et à faire connaître ma maison d’édition Yomad. Mais il ne faut pas rêver, il y a énormément de travail à faire autour de cela. Parce qu’on a pas la culture de la lecture.
Vous êtes pédagogue…
Oui ! Dans le fond, j’effectue un travail pédagogique puisque je tourne dans les écoles où j’anime des ateliers de lecture. Il faut savoir dans le monde arabe, nous n’en sommes pas encore au stade où l’enfant va vers le livre.
El Watan
Par
3 novembre 2009
LITTERATURE