Le groupe Bezzzef au SILA : Halte à la censure !
Acte premier hier du groupe Bezzzef. Lieu de la rencontre : le stand du ministère de la Culture au 14e Salon international du livre d’Alger. Objet de la rencontre : dénonciation de la censure. Kader Farès Affak, acteur, personnage principal du dernier long métrage de Tarek Teguia, Gabla, Mustapha Benfodil, journaliste et romancier, Nazim Bencheikh, animateur de l’association Le Souk, Adlène Meddi, journaliste et écrivain, et Kahina Oussaïd, étudiante ont lu des extraits d’œuvres de Kateb Yacine.
Il s’agit du roman Nedjma et de la pièce de théâtre Le cadavre encerclé. « A l’occasion du vingtième anniversaire de sa mort, on voulait faire sortir Kateb Yacine des colloques et des filtres universitaires. La parole de Kateb est toujours d’actualité », a expliqué Mustapha Benfodil, l’un des animateurs de Bezzzef. Chawki Amari, journaliste et nouvelliste, Mourad Gherbi, universitaire de Béjaïa, et d’autres présents, entre journalistes, étudiants et simples citoyens ont animé pour presque une heure le SILA. Bin El Aurès oua El Hoggar, match betikh de Gnawa diffusion, dont le leader est le fils de Kateb Yacine, Amazigh, a été interprété en groupe. Une trentaine de personnes qui ne sont pas passées inaperçues puisque beaucoup de visiteurs n’ont pas hésité à prendre des photos avec leurs portables. Certains s’interrogeaient sur l’objectif de cette rencontre imprévue. Des petites pancartes qualifiaient le SILA de « Salon international de la censure » et d’autres mettaient en valeur la une de Poutakhine, le roman clandestinement interdit de Mehdi El Djezaïri.
« Ce sont des jeunes Algériens qui brandissent un écrit de Kateb Yacine qui dit : ce n’est pas en sortant de révolution qu’on va fermer sa gueule. Ils ont raison. Moi-même, je suis victime de la censure à la radio », a estimé Omar Zelig, producteur animateur à la radio, qui vient de publier Slim, le Gatt et moi. L’émission « Réactions en chaîne », diffusée sur la Chaîne III de la radio, n’a, selon lui, pas plu aux responsables qui ont décidé de l’arrêter. Condamnant toute forme de censure, le caricaturiste Hicham Baba Ahmed (Le HIC) a, pour sa part, estimé qu’il faut également manifester contre les impostures littéraires et intellectuelles. Il a cité le nom d’un auteur « à qui on remet tous les mois un prix ». Selon lui, il ne faut pas rester passif devant les actes de censure. « Mais attention aux provocations », a-t-il prévenu. Dalila Nedjam, éditrice, a, estimé qu’il est nécessaire d’ouvrir un débat sur la censure. « Il faut trouver des solutions par le débat. Le lieu de cette manifestation est mal choisi. Il fallait peut-être manifester dehors sans empêcher la circulation des visiteurs », a-t-elle suggéré. Le groupe Bezzzef, qui est présent sur Facebook, est né le 30 octobre. Il s’est inspiré du modèle égyptien de Kiffaya, mouvement d’opposition démocratique transpartisan de Ayman Nour. « Bezzzef, c’est juste ce cri d’exaspération transformé en pneu pacifique, poussé comme un “Rani en colère” de cheb Abbes », a écrit le groupe dans un communiqué. Bezzzef. Le groupe a décidé le prix Fawzi à Mehdi El Djezaïri.
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2 novembre 2009
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