RSS

Kateb Yacine – Un homme, une œuvre universelle

31 octobre 2009

Non classé

Kateb YacineUn homme, une œuvre universelle

La contribution de Kahina Aïssaoui, jeune étudiante de 20 ans, à l’occasion de la commemoration de la mort de Kateb Yacine, rappelle, que l’œuvre de ce dernier est omniprésente parmi les amoureux du livre. Cet homme de culture, artiste, écrivain et militant séduit de plus en plus.  L’œuvre de ce monument de la littérature algérienne d’expression française ne finit pas de séduire.  L’exemple qui nous vient, cette fois-ci, de la jeune Kahina est une illustration de plus, sur l’enracinement de l’œuvre katebienne. Cette œuvre qui constitue un héritage pour les jeunes générations.

Cela fait exactement vingt ans que nous quitta le grand poète, écrivain et dramaturge Kateb Yacine. Longtemps après sa disparition, il charme encore les générations d’hier et d’aujourd’hui. C’est là, un remerciement que je fais tout particulièrement à mon père, de m’avoir offert Nedjma, lors de mon quinzième anniversaire. J’avais donc tout juste quinze ans, lorsque je fis la découverte de Kateb Yacine. Son écriture m’était dure et son style nouveau et différent. Je dirais que Kateb est un homme multiple.

Difficile, était pour moi de comprendre son immense œuvre. Je me rappelle qu’à l’école, on citait souvent Nedjma. C’était une référence, un modèle hors norme, un classique. Il n’empêche que c’est à quinze ans, que je les ai lu pour la première fois, je dis ça parce que les écrits de Kateb sont de ceux qu’on doit lire répétitivement. Au cours de l’année suivant mon anniversaire, j’ai lu Nedjma deux fois, je croyais avoir bien assimilé Yacine.

Aujourd’hui, j’ai vingt ans et en relisant l’œuvre, je remarque que j’avais négligé de nombreux détails, des détails qui semblaient être fistules pour une jeune fille de quinze ans. Cinq ans après, c’est devenu des repères.

Nedjma est un trésor, un fil conducteur qui voyage à travers les âges et qui nous place en face de nous même. J’ai commencé à lire très jeune. Ma mère disait qu’il n y a pas meilleur moyen de se détendre que celui, qui sans nous fatiguer, enrichirait notre savoir. Le livre était un compagnon, un ami et une lampe allumée dans les couloirs de la vie et de la connaissance. Feraoun, Zola Mammeri, London et Hemingway étaient mes premières lectures. Tous ont contribué à mon savoir, mais il fallut que je lise Kateb pour réaliser qu’il est l’un de mes préférés. En effet, Kateb Yacine m’a séduite. J’ai été charmée non seulement, par ses talents d’écrivain qui étaient très étendus, mais aussi par sa personne elle-même, sa sincérité et son engagement. Il représente beaucoup pour moi, il est l’audace et la fragilité, l’amour et le partage, la diversité et la laïcité, il a apporté de l’espoir, de la fraîcheur, et surtout du nouveau. C’était un homme qui avançait à grand pas sans trop se soucier des entraves et des tabous stérilisants.

Alors qu’il était âgé tout juste de vingt-huit ans, il eu le cran et l’audace d’inverser les rôles- colonisateur, colonisé- en s’adressant en pleine guerre d’Algérie à Albert Camus qu’il a appelé “Mon chère compatriote”.

Sa lettre est parcourue d’un souffle poétique et crépusculaire : “… exilés du même royaume, nous voici comme deux frères ennemis, drapés dans l’orgueil de la possession renonçante, ayant superbement rejeté l’héritage pour ne pas avoir à le partager. Mais voici que ce bel héritage devient le lieu hanté où sont assassinés jusqu’aux ombres de la famille et de la tribu, selon les deux tranchants de notre verbe pourtant unique”.

Ce “verbe unique”, c’est bien la langue française à laquelle faisait allusion Kateb Yacine. Il étale ainsi les traits cruels des projets qui s’opposaient frontalement, mais cohabitaient néanmoins dans une même dimension logistique. Kateb Yacine aimait l’Algérie profondément. Il était soucieux et s’investissait du mieux qu’il pouvait afin d’essayer de régler les problèmes de la société qui étaient les siens, il faisait de chaque combat, une bataille, et de chaque sueur une révolution.

“… ouvrier,

Mes frères au front songeur

Je voudrais tant

Mettre un juste laurier à vos gloires posthumes

De sacrifiés…”

Kateb Yacine fait partie de l’histoire, il est une grande part du patrimoine algérien. Bercé par un amour profond pour son pays et son peuple, il combat toute sa vie durant avec sa plume et son génie inégalable.

William Shakespeare disait bien que la poésie est cette musique que tout homme porte en soi et bien Kateb Yacine l’avait et on la sentait.

Né en 1929, à Constantine, d’un père Oukil, et d’une mère qui était un “théâtre” à elle seule, comme il l’aimait tant le dire, Kateb Yacine semblait être voué, par la signification même de son arabe, à un destin de grand écrivain. Issu d’une lignée de lettrés, il a passé son enfance entre l’école coranique et l’école française. C’était son premier traumatisme linguistique et culturel sur lequel s’installera la blessure identitaire que l’œuvre en langue française, explore sans répits jusqu’aux dernières pages du Polygone étoilé. Romancier et dramaturge, poète avant-tout, l’auteur de Nedjma, le livre phare de la littérature algérienne de langue française, s’est révélé le destructeur du mur excluant la littérature maghrébine de celle du reste du monde.

Son premier roman n’a jamais cessé de poser problème, aussi bien au public, qu’aux critiques littéraires, provoquant des interrogations et des lectures de plus en plus plurielles et multiples. “Si j’avais écrit des choses simples, je n’aurais jamais écrit ce qu’il y a de profond en moi…”, disait-il.

Parmi ses œuvres nous citerons :

- Soliloques, Bône 1946

- Abdelkader et l’indépendance algérienne édition

Nahda, Alger 1948.

- Nedjma, édition du seuil, Paris 1956

- Le cercle des représailles, éditons du Seuil, Paris 1959

- Le polygone étoilé, édition du Seuil, Paris 1966

- L’Homme aux sandales de caoutchouc, édition du Seuil, Paris 1970.

 

Pièces théâtrales en arabe algérien

- Mohamed prend ta valise

- La guerre de 2 000 ans

- Le roi de l’ouest

- La poudre d’intelligence.

Un poète peut-il mourir ? Je ne le pense pas, il reste omniprésent, c’est l’héritage de tous les lecteurs et lectrices de toutes les générations et origines. Kateb Yacine nous a quittés il y a vingt ans, mais il restera une étoile qui brillera éternellement.

Kahina Aïssaoui

La dépêche de Kabylie

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

Voir tous les articles de Artisan de l'ombre

S'abonner

Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir les mises à jour par e-mail.

Une réponse à “Kateb Yacine – Un homme, une œuvre universelle”

  1. Louiza Dit :

    Le hasard a voulu qu’en ce moment je suis en train de lire la biographie de Kateb Yacine rédigée par son ami Benamar Mediene , c’est avec beaucoup de surprise que je découvris le mal qu’on a pu subir à un homme libre tel que Kateb Yacine et c’est avec beaucoup de plaisir que je découvre la grandeur de ce monsieur .

Académie Renée Vivien |
faffoo |
little voice |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | alacroiseedesarts
| Sud
| éditer livre, agent littéra...