Lu pour vous
Qu’est-ce qui se cache derrière ce sigle ISBN, terme barbare qui fait peur à tout le monde, aux libraires et aux écrivains, aux éditeurs et aux imprimeurs, à la ministre de la Culture et à Amine Zaoui ? Rien ou presque, c’est un numéro d’enregistrement destiné à référencer un livre dans les millions qui sortent chaque jour.
Ce n’est pas un numéro d’autorisation ni un agrément de publication, c’est comme un code-barres, un chiffre abstrait que l’on retrouve dans un coin d’un livre et qui sert à l’identifier entre du fromage râpé et un sachet d’olives. D’ailleurs, on peut obtenir son numéro ISBN par internet dans un cybercafé, pas la peine de passer par la Bibliothèque nationale, chargée par l’organisme international ISBN de référencer les livres dans la jungle des mots. Et alors ? Alors rien, simplement qu’un nouveau pas vient d’être franchi dans le contrôle de la pensée par le ministère de la Culture, qui exige désormais de l’éditeur ou de l’auteur un résumé du livre et une fiche de l’auteur, avec à terme peut-être un certificat de résidence et une douzaine de photos. Une fois le manuscrit déposé, une commission de fonctionnaires va décider s’il est autorisé à être imprimé, ce qui ne s’est jamais vu, même en Albanie. Et alors ? Rien encore, mais l’éditeur va attendre des mois ou des années, et il suffira de mettre des gros mots comme Benchicou ou Ben Brik, corruption ou général pour être interdit d’imprimer avec son propre argent. Les décideurs ont toujours décidé ce que les Algériens doivent regarder, l’ENTV, ce qu’ils doivent lire comme journaux, par les très difficiles agréments à obtenir, mais ils viennent de décider de lire à votre place les livres qui sont publiés. Comment entrer dans le cerveau des Algériens ? Par la porte principale, disent les nouveaux maîtres du pays, par l’estomac, ce qui expliquerait que les meilleures ventes de livres concernent les recettes de cuisine. A partir d’aujourd’hui, le ministère de la Culture a décidé de tout lire. Ce n’est pas bien, puisque on aura moins de livres. C’est très bien d’un autre côté, ils vont être obligés de lire des livres.
Par
29 octobre 2009
Non classé