Supplément Edition du 3/7/2003 |
On constate aisément dans toutes les chansons raï, que leurs auteurs ne font pas beaucoup d’efforts, pour composer leurs paroles. Ce qui est à la fois cocasse et intrigant, c’est que pour écrire les chansons raï, pas besoin d’avoir une verve littéraire développée ou un génie hors du commun. C?est presque à la portée de tout le monde ! La recette est la même et réussit à chaque fois. L’astuce est d’aligner quelques mots qui expriment une situation ou une émotion des plus banales. Le message passe facilement, surtout s’il est agrémenté d’une mélodie entraînante.On est très loin des qassidate épiques qui font pâlir Démiurge de jalousie. Néanmoins, cette capacité d’exprimer les choses telles quelles, sans qu’il soit besoin d?artifices ou sans puiser dans le répertoire sophistiqué et baroque des anciens chouyoukh est ingénieuse, puisqu’elle permet de transmettre le message mais, paradoxalement, jugent certains observateurs, elle ferme la porte à la recherche et à l?innovation.Cette littérature très prosaïque accule la musique raï à n’être qu’une musique dans l’air du temps condamnée à disparaître, comme n’importe quelle mode. On se demande au bout du compte si ce genre musical n’est pas en train de «dérailler», car il a beaucoup perdu de son originalité, sachant que ceux qui l’ont porté au pinacle versent actuellement dans d?autres mélodies en explorant d?autres genres différents, d?autres mixages, métissages pour être plus conformes aux styles occidentaux. Toujours est-il qu’aujourd’hui, nous avons droit à deux catégories de raï. Le hard, celui qui s?adresse aux mélomanes avertis et le soft prisé par le grand public. Ce dernier a encore de beaux jours devant lui vu qu’il emballe petits et grands et trouve surtout preneurs chez les éditeurs. F. H. |
29 octobre 2009
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