Cheikha Djenia
Elle avait marqué son temps dans les années 90. Elle est morte à 50 ans dans un accident de voiture en 2005. Elle avait eu l’heur de sortir des bas-fonds et de se faire connaître médiatiquement. Ses chansons ont brisé le silence autour des difficultés des femmes vivant dans les régions rurales. Elle avait marqué son auditoire avec «Kayen rabi», même si elle ne se gênait pas pour parler d’alcool et d’amours clandestines, sujets de prédilection du genre. Diva de l’underground algérien ? Difficile à dire, mais il reste que la chanteuse qui a évolué dans le milieu interlope du raï trab (le raï des origines, le raï des campagnes) a gagné ses titres de noblesse, devenant le sujet d’un article d’une journaliste suisse et en s’imposant sur une scène raï européenne. Comme quoi il faut d’abord gagner sa notoriété outre-méditerranée, pour gagner en estime chez soi.
Textes choisis
Bien entendu, aucune traduction aussi fine soit-elle ne peut rendre «la dimension poétique de ces chansons».
Cheikha Sonia chante seule cette douce mélopée. Des paroles un peu décousues mais on serait presque entrain d’écouter de la variété ordinaire.
Ouled bladi zaynine ou khir men el gaouri
Yal ezzine bladi
La ilha illa allah rahi katba
Ya ghzal Reghaia ma neddikchi
Les fils de mon pays sont plus beaux que les européens
Vive la beauté de mon pays
Il n ya de dieu que dieu, c’est le destin
Beauté de Reghaia, je ne te prendrai pas pour époux
Avec Amer El Berrouagui, une chanson en duo «très branchée»
Lui : Maglou’a bippi ou a’awdi
ouel rousardje ana nkhalsou
Hadi hiya a’ouaydi
mdari bi djibi nfelsou
Elle : Mellit men flexage lgit rouhi ghalta
Ki nahderlek a’la zwedj tsabbarni bkarta.
Folle bippe-moi encore encore
La carte de recharge c’est moi qui te l’offre
C’est mon habitude
De me ruiner
J’en ai marre du rechargement électronique quand je te parle de mariage tu m‘offres une carte de recharge téléphonique
Amer El Berrouagui souffre parfois. Il chante et explique sa déchéance.
El kes ou had ettofla tawou’ni
Ma khellaounich nsod lel qabla
Ah Rabah heraizy khouya melhoub rani a’ma
Koul youm el birra ou nzid el qofla
L’alcool et cette fille m’ont asservi
Ils ne m’ont pas laissé voir Dieu
Mon confident Rabah, mon frère, par l’amour je suis devenu aveugle
Tous les jours la bière et «les boutons» (allusion aux amphétamines)
D’autres succès à inscrire au palmarès du duo infernal Amer el Berrouagui et cheikha Sonia comme «Chrab errouchi» vantant les souvenirs des bacchanales clandestines sur des rochers, loin des yeux des curieux.
Cheikh Mamou qui sévit dans le genre depuis plus de dix ans, a aussi des succès actuels comme :
Koul youm ta’yetli ou ma a’reft chkoune
Zadet galetli ndirou l’amour fettilifoune
Elle m’appelle tous les jours et je ne sais pas qui est- ce
elle me dit encore on fait l’amour au téléphone
Un des grands succès 2008 de Cheikh Mamou, en duo avec Cheikh Chai’b, une chanson drôle El gra’a ouel gara’a darou l’amour fezra’ (le chauve et la chauve ont fait l’amour dans les champs) ou le comique le dispute à un sens particulier de la gestion des urgences et une description drôle des scènes bucoliques.
El gra’a ouel gara’a darou l’amour fezra’
Yaou lahsida gdat
Sadjra ma bqat
Chaalet ferrai’ ou smah fel ghnem
Le chauve et la chauve ont fait l’amour dans les champs
La récolte a flambé
Aucun arbre n’est resté debout
Le berger a pris feu
Et a abandonné le troupeau
Cheikh Cha’ib lui a marqué son public avec «chrab lahsida», la beuverie dans les champs de blé, un texte dont on retiendra quelques fragments.
Chrab lahsida
Ya rih ouel mauvi temps
Ouenti khabta
Chrab lahsida
Netabou’ el mayda
Saqsou laarida
Ya ouine bayta
Chrab lahsida
Ennas tesker nechouah
Ou ntiya zaafa
Boire dans les champs
Le vent et le mauvais temps
et toi saoule
Boire dans les champs
On poussera la table basse
Demandez à la grosse
Où est-ce qu’elle a passé la nuit
Boire dans les champs
Les gens se saoulent par plaisir
Et toi de colère
Mamou et Cha’ib ont également laissé dans le genre Staïfi pour exprimer son amour pour une danseuse.
Nezdam lel bar
A’la djal ouelfi ndir batoire
Manich haggar
A’la djalak nouelli clohcard
Nechroub essem neztal
Oua rouge ou les goutte
Lel bar nezdam bechafra
ya loukan nmouta
Je vais foncer au bar
Pour mon amour je vais en faire un abattoir
Je ne suis pas un mauvais garçon
Mais pour toi je deviens clochard
Je bois du poison, je me shoote
Je prend du vin rouge et des gouttes
Avec une feuille de boucher je fonce au bar
Même si je dois y laisser ma vie
25 octobre 2009
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