Pour dominer un peuple, il suffit d’apprendre sa langue
Les sciences du langage à des fins de colonisation
Pour s’assurer le plus bel avenir possible dans ce vieux continent, il a fallu rendre plus performantes les sciences du langage qui permettent de mieux cerner les langues des pays à occuper.
C’est pourquoi, dans un but inavoué, des administrateurs, missionnaires religieux, explorateurs, voyageurs se sont attelés à cette tâche difficile et de longue haleine pour aborder l’étude des langues africaines dans leurs aspect lexical, syntaxique, morphologique.
Les linguistes, conscients de la cause qu’ils devaient servir, s’étaient aussi lancés dans le décryptage des littératures populaires que ces langues ont véhiculées depuis les origines. Au fil des générations d’occupants, des études émanant de ceux qui ont consacré des ouvrages au génie ainsi qu’aux langues et cultures africaines privées de l’écriture ont émis des avis assez concluants sur telle ou telle langue et du peuple qui la parle.
Lepsius en est un exemple cité par Maurice hormis dans son ouvrage «authropologie africaine». Lepsius avait appris le nubien et avait émis des hypothèses sur la filiation de cette langue, sur la base des textes médiévaux, avec le méroïtique. Selon Armbruster, spécialiste du nubien actuel, «les textes nubiens seraient assez valables malgré quelques points obscurs pour assurer une comparaison avec les parlers nubiens actuels.» Greenberg établit une classification selon laquelle ces variantes parlées du nubien appartiendraient à la famille nilo-saharienne, chari, nil, soudanien oriental. Comme preuve pour illustrer ces propos, on a présenté sous forme de traduction un poème de langue swahili de 1 000 strophes en écriture arabe datée de 1 714 et dont le contenu est marqué par le mysticisme musulman. Une chronique portugaise rapporte le même poème d’une longueur impressionnante mais qui existaient en 1 500.
Restons dans les langues et cultures africaines des siècles passés, ceux de la mise en exclavage des Noirs pour parler d’une publication à Rome par le P. Jacsinto Brusciotto di Vetralla qui, en 1659, fait une synthèse écrite portant sur le kikongo.
Pierre Alexandre dans «Langue et langage noire» nous en fait part après une lecture attentive : «C’est un ouvrage remarquablement en avance sur son temps, malgré ce titre incontestablement d’époque, et d’autant plus moderne, si l’on peut dire que le P. Brusciotto ne semble pas avoir jamais mis les pieds au Congo, mais a plutôt écrit son ouvrage à partir des observations, traductions, compilations de vocabulaires, etc, de missionnaires ayant travaillé sur place.»
Si des textes en arabe ont été découverts, c’est parce que des recherches avaient été faites autour des pays supposés avoir e des relations avec les universités du Maghreb, de l’Orient arabe, les centres religieux de Tambouctou Djenné, Gao, Walata.
Ainsi, des collectes de textes porteurs de génie africain et intéressant les périodes lointaines pour lesquelles des messages ont été écrits dans ces pays à vieille tradition universitaire comme le Mali, l’Ethiopie, l’Afrique centrale, Madagascar, ont été faites, et ce en vue d’une exploitation judicieuse.
En plus de la langue arabe érigée en langue de communication, de culture au quotidien dans les pays africains de confession musulmane, d’autres langues ont vu le jour.
Ce fut le cas de l’écriture bamum du Sultan Njoya aux environs de 1895, puis de l’écriture vay qui date de la fin du XIIIV e siècle.
Si les efforts sont louables au vu de ces créations, ces langues nouvelles sont cependant reconnues difficiles à déchiffrer puis à exploiter.
14-10-2009
Boumediene Abed
14 octobre 2009
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