Régions : UNE PRIÈRE POUR CŒUR D’AMANDINE
Une nouvelle de Djelloul Belbachir où l’émotion franchit le mur des tabous et de l’interdit
Qui l’aurait cru, après des siècles, qu’un nouvelliste, et de surcroît de confession musulmane, allait un jour faire sortir le grand rabbin de son sanctuaire de Kebbassa ? Le pas est franchi, l’auteur de cette nouvelle nous propulse à travers les âges pour nous faire vivre une merveilleuse histoire d’amour et de tolérance.
Si le personnage d’Amandine est le fruit d’un amour rêvé, comme dans les contes, celui de Simkha appartient à la réalité, une réalité qui taquine de près la romance. Comment vivre deux amours, l’un naturel et l’autre frappé du sceau de la sacralité. Il est vrai que les cimetières sont des endroits de recueillement et de prières, mais, voilà, l’auteur d’une Prière pour cœur d’Amandine décide autrement ; il franchit le mur du sanctuaire d’Epharaïm Ankoua, il considère ce que l’on définit par un simple cimetière «comme un parc où les morts ont de l’importance, un parc où la mémoire est conservée pour la vie». Ce récit nocturne est bercé par la lune qui déverse sa lumière au nord de l’ex- Grenade d’Afrique pour faire de cette nuit une nuit sacrée, où les anges font l’effort de parler aux humains pour leur rappeler leur descendance, et rappeler aux fils d’Abraham que leur Dieu est unique et le même, et comme par un tour de magie, l’auteur nous fait revivre un dialogue entre le grand rab et le sultan de Tlemcen Abou Hamou qui accueilla les juifs fuyant l’inquisition et autorisa la construction d’un lieu de culte pour cette communauté juive en terre d’islam. C’est ainsi que la première synagogue fut construite dans la capitale des Zianides. Cette nouvelle, dont l’aventure commence en terre normande, n’est pas une œuvre de fiction ; ses deux personnages sont bien réels, leurs chemins se sont croisés dans l’Hexagone, et en se séparant, chacun va continuer à vivre cette communion sacrée de Jérusalem la sainte au Proche-Orient jusqu’au cœur du Maghreb à Tlemcen. L’humanité retrouve ses repères dans un monde aujourd’hui dominé par tant de violences et de haine. Il est bien loin le temps où Simkha la juive et Zhor la musulmane se partageaient la galette dans la cour de recréation.
M. Zenasni
7 octobre 2009
Non classé