Mourrons de faim en silence !
L’excellent tableau que brosse Hassan Zerrouky présente des faits qui , «… relèvent la presse nationale et des experts avisés, sont en train de déstabiliser la société algérienne ». Certainement. Mais oublions un instant ces avis d’experts. Il y a autre chose de plus palpable, de plus cruel,
de plus affligeant. C’est cette image qui retentit comme une gifle. Quelle tristesse! Un enfant assis, sale à coté de sa mère qui mendie. Et dire que l’Algérie est indépendante depuis ½ siècle !. Les trottoirs d’Alger et de tout le pays nous renvoient à une réalité que nous ne pouvons plus voir, à une détresse muette, à un désespoir fatal. Cette main tendue vers qui ? Vers un bourreau, une âme charitable, un philanthrope malveillant , un espoir interdit? Il n’y a plus rien à dire lorsque l’on voit ces enfants, ces femmes seules qui dorment aux abords d’un quadrilatère quadrillé, près du Sénat, de l’Assemblée Nationale et du « Palais de Justice » situé, comme un clin d’œil pervers pour le « réhabiliter », sur la rue Abane Ramdane. Il n’y a plus rien à dire lorsque l’on est entouré de ces nuées d’enfants aux yeux brillants, de ces vieillards fatigués assis sur les bords des autoroutes qui supplient que vous leur achetiez leur galette de pain à 3 dinars.. Un « matlou3 » dont chacun se délecte en feignant d’ignorer la tragique précarité d’une enfance violée, d’une enfance volée. De cela, Khalida Toumi n’a pas honte !. Ces enfants que font-ils, là, abandonnés à un sort infligé comme une punition exemplaire? N’ont ils d’autre choix que d’attendre dans la rue avant de prendre le chemin du maquis ?. A peine élu, Ben Bella dans son infinie mansuétude avait décidé, ce qui aurait pu être une noble pensée, de faire disparaître les petits cireurs. Ce qui fut dit fut fait. Mais ils furent vite remplacés par d’autres cireurs de bottes. Quel avenir, quelle espérance, quel destin attend ces enfants ? Nos indignes dignitaires n’ont jamais rien compris à l’âme de l’Algérie, au cœur qui palpite, aux envies, aux désirs, aux émotions secrètes à la fougue de la jeunesse, à l’énergie vitale, à la créativité, à la Vie. Des réserves de 110 milliards pour donner le change à des appétits voraces qui s’affolent, une dette épongée, de l’argent à gogo pour des gogos insensibles au drame qui les côtoie mais qu’ils veulent ignorer. De l’argent qui brûle les doigts mais qui est soigneusement caché tel le trésor d’Ali Baba ( ce fut en d’autres temps, celui du FLN…et l’Histoire se poursuit). On peut avoir tout l’argent que l’on veut, gagner au loto, amasser des fortunes, construire des usines, des routes, des aéroports, des mosquées gigantesques…tout cela ne sert à rien si l’enfant, la femme,le citoyen algérien ne sont pas respectés. Et le respect commence par une éducation sans préjugé dont le but est de donner (aux enfants) les moyens de penser par eux mêmes sans référence à une toute puissance qui serait incontestable, au sein d’une école libre et ouverte loin des mainmises occultes, une école où le maître n’est pas un Maître, où l’écoute est sereine . Mais pour écouter les autres il faut avoir été écouté et il semble que nos Sidi et Lallatt veulent nous contraindre à un silence qui leur a été imposé.
elMenfi
5 octobre 2009
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