PRÉSENTATION DE POUTAKHINE, JOURNAL PRESQUE INTIME D’UN NAUFRAGÉ
L’Algérie, de ses valeurs et décadence
O. HIND - Samedi 03 Octobre 2009 – Page : 21
«J’ai écrit mon roman avec le coeur et ma sueur, avec 99% de transpiration et 1% d’inspiration, des choses du vécu, sans insulter personne…», explique l’auteur.
Mehdi El-Djezaïri a, lors d’une rencontre, avec des amis, proches et médias révélé d’emblée: «En France, mon livre est quasiment interdit mis à part l’Harmattan qui insiste à le reprendre et la maison d’édition Ose dire en Belgique qui veut avoir l’exclusivité. Ici, il eut des rejets directs et indirects. Un imprimeur a déprogrammé le livre alors qu’il était quasiment payé. Il a été refusé par les imprimeurs privés sauf un, à Alger. Le livre a obtenu l’Isbn. Il a bénéficié d’un dépôt légal. Il est sorti hier en librairie.» Sur plus de 400 pages, l’auteur qui dresse un réquisitoire contre l’Algérie corrompue et vile, a présenté jeudi dernier à la filmothèqe Zinet de Riad El Feth son essai au nom tarabiscoté, sous-titré Journal presque intime d’un naufragé. Un roman qu’il voulait appeler au départ, Sur la tête de mon Z par référence notamment au film de Costa Gavras. Lors de cette rencontre avec la presse, l’auteur refuse, d’emblée, l’idée d’avoir écrit le livre au vitriol. «Je l’ai écrit avec le coeur et ma sueur, avec 99% de transpiration et 1% d’inspiration. les faits sont vérifiés. Je suis éclectique de formation, je viens du journalisme, la sociologie, des sciences exactes et du sondage (Abassa) que je fais depuis 20%. Quand je parle de mères qui laissent leurs enfants, je sais de quoi je parle, c’est vrai; el harraga m’ont ébranlé. Ils se donnent la mort car ils savent qu’ils vont mourir. J’ai labouré l’Algérie à mes frais. Je voulais comprendre le pays, la mal-vie et la vraie vie des femmes», a déclaré l’auteur devant une assistance bien attentive. Et de poursuivre: «Vivre ce n’est pas manger et dormir. Les jeunes attendent une certaine qualité de vie. J’ai vu des femmes enceintes harraga. Des hommes de 50 ans qui n’ont plus de vie. Je suis choqué quand j’entends dire que nos immeubles sont sales par les paraboles et qu’il faut les nettoyer. J’en ai honte..».
M.El Djezairi fait remarquer que ces sondages finissent souvent dans les tiroirs. «Ils veulent des sondages qui flattent. La culture, le cinéma ont disparu. O.K., les gens regardent la télévision algérienne à 85%, mais durant deux minutes seulement pendant la journée.» L’auteur est catégorique: «Tout ce que je raconte est vrai, y compris l’histoire des missiles nucléaires, je raconte avec un esprit historique, en rappelant les racines d’un peuple en recourant à des recherches, à la révolution. Je ne raconte pas au vitriol mais par l’argument, la recherche.» L’écrivain qui fait montre de ses griefs contre l’Algérie d’aujourd’hui tout en soulignant ses bravoures d’antan indique: «On a appris aux Gaulois à cuire les aliments et à se laver.» «Le sondage, dit-il, m’a appris à pénétrer la société, à mieux connaître, à sonder le peuple et ses traditions, les tatouages des femmes etc Ce que leurs signes expriment. Comment une femme roule le couscous, accouche, l’immobilier, les choses qui parlent. Ce sont des éléments culturels qui témoignent de l’existence d’un peuple. J’ai sondé même au Maroc, en Tunisie. Dans ce livre, je parle de Hannibal, de son frère, ses chevaux, ses trois grandes batailles. De Tarek Ibn Ziad, de la Kahina, je raconte plein de choses, pas inventées. On a appris a banaliser les batailles de l’Algérie. Les Français ne parlent pas des batailles que Lala Fatma N’soumer à gagné. Je parle de la France odieuse, mais aussi supérieure qui a apporté son aide aux Algériens du temps du terrorisme. Je rends aussi hommage aux juifs qui se sont battus pour l’Algérie». L’auteur de Poutakhine avoue: «Je parle de l’Algérie, de ses valeurs et de sa décadence.Je n’écris contre personne, mais pour l’Algérie. Pour dire cette passion de la gestion du pouvoir au détriment de la gestion du pays. Je n’insulte jamais, mais j’explique de manière scientifique. Je rends hommage à certains militaires, je condamne certains généraux, j’évoque les initiales BTS. Je dis que ce peuple mérite mieux. Pas que des choses bricolées…» Truculent à souhait et riche en révélations, le livre fait référence aussi au nucléaire. «J’ai eu la chance de rencontrer une femme qui travaillait dans ce domaine. Je parle aussi du racisme, des non -dits, celui pourquoi on ne dit pas le Franco-Hongrois pour Sarkozy, pourquoi ça devient français quand c’est positif et franco-algérien quand c’est négatif? Je sais ce que la France possède en matière de nucléaire. Elle a les moyens de nous anéantir. Il faut posséder l’arme nucléaire. Je revendique une Algérie nucléaire. la France a pris nos enfants..» L’auteur estime qu’il faut revoir nos systèmes d’enseignement à l’université, parler des enjeux économiques que representent l’eau, le pétrole. «Nous jetons nos enfants à la mer et notre pétrole dans les égouts. Avec tout l’or que nous avons, nous sommes pauvres socialement.» Le visa est bien entendu soupesé: «Les harraga ne savent pas où aller mais savent ce qu’ils quittent.» Mehdi El Djezaïri confie avoir réalisé une étude pour Boukerzaza, de 200 pages, intitulée Un Algérien sans la ville. Un rapport a coûté plus d’un milliard, selon lui et qui a été jeté. «Je rencontre des choses bizarres. C’est ce qui m’a poussé à écrire dans un style baroque. Ce sont des situations vécues qui m’ont poussé à écrire aussi pour restituer la réalité. Nous exigeons la libre circulation des idées, des biens et des hommes.» Abordant également le thème de la religion, l’auteur de Journal presque intime d’un naufragé revendique le total respect aux femmes. «C’est pourquoi je fais appel à Aïcha El Amia qui lit le Coran. Je refuse un Islam qui égorge un bébé, qui dit qu’une femme est sale dès sa naissance. Je suis contre la politisation de l’Islam institué par le régime depuis 30 ans. Je n’ai pas eu beaucoup d’efforts à faire car toutes ces situations narrées je les ai vécues.»
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3 octobre 2009
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