Poète, essayiste, romancier et homme politique belge, Marcel Thiry, né à Charleroi, est mort à Liège. En 1915, à dix-huit ans, il est volontaire pour le corps expéditionnaire belge envoyé en autocanons au secours de l’armée russe. Extraordinaire aventure que cette randonnée qui, du front de Galicie, va le porter, à travers la Sibérie, la Mandchourie, puis à San Francisco et à New York, jusqu’à Paris, enfin, où les survivants de cette expédition peu banale défilent le 14 juillet 1918.
Après ces péripéties guerrières, dont il tirera un récit (Soldats belges à l’armée russe, 1919), il reprend ses études et devient docteur en droit puis avocat au barreau de Liège. Il publie son premier livre en 1919 : un recueil de poésie, Le Cœur et les sens, fortement influencé par le symbolisme. Mais c’est en 1924 qu’il fait une entrée fracassante en poésie avec Toi qui pâlis au nom de Vancouver, vers devenu célèbre au point de servir de titre, en 1975, à ses œuvres complètes publiées chez Seghers. Marcel Thiry devient un poète du temps présent : la vitesse, le bruit, le cinéma sont, avec la femme et la beauté, les sources de son inspiration.
Quand il perd son père, en 1931, il reprend son commerce de bois et de charbons. Cette expérience du travail et de l’opacité du quotidien donnera une dimension supplémentaire à son œuvre. Sa virtuosité va alors jusqu’à faire de la poésie avec ce qui semble la nier : le négoce, les traites, la Bourse…
Dans les années précédant la Seconde Guerre mondiale, Marcel Thiry prend position contre la politique de neutralité du roi Léopold III. Militant wallon et francophile, il participe à la Résistance et donne, sous le pseudonyme d’Alain de Meuse, des poèmes aux Lettres françaises et à Europe. Entré à l’Académie belge dès 1939, il en est le secrétaire perpétuel de 1960 à 1972. En 1968, il est élu sénateur du Rassemblement wallon et mène une action internationale en faveur de la francophonie.
Hésitant avec bonheur entre la rigueur classique et l’anarchie moderniste, l’œuvre de Marcel Thiry est sincère, directe, authentique, non sans malice, intelligente et même brillante. Son inspiration, vive et nette, se plaît à osciller entre lyrisme et prosaïsme.
Article écrit par Michel GÉORIS
30 septembre 2009
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