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Algérie – Arzew ….Du temps de la colonisation

27 septembre 2009

M. MOHAMMEDI

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Edition du Samedi 01 Août 2009

CHRONIQUE DE MUSTAPHA MOHAMMEDI

NOIR ET BLANC

 


Par : Mustapha Mohammedi

Avant que les pipes et le béton n’envahissent sa rade et que la fumée d’usine ne brouille son ciel, Arzew n’était qu’un petit port de pêche tranquille et bien dans ses pantoufles.
Cinq mille âmes vivaient dans cet abri, coincé entre Kristel et Port-aux-Poules,

particulièrement apprécié pour ses chèvres et son poisson.  Les chèvres, il y en avait partout. On les voyait grimper les flancs des collines, bêler dans les rues, dans les enclos des jardins, paître au cimetière de Sidi-Souiah et même souiller ses tombes. Elles devaient rappeler sans doute aux réfugiés espagnols qui les élevaient avec tant de soin les biquettes sauvages de leur lointaine Andalousie, la clochette en moins. Quant au poisson, on en pêchait tellement que lorsque le dernier filet se vidait sur le carreau, les enchères s’arrêtaient faute de repreneur en gros. C’est au niveau du détail que marins et rais retrouvaient leurs billets. En fait, toute l’activité politique et sociale du village tournait autour de la place centrale. Elle servait de terrasse aux cafés et aux restaurants mitoyens, de monument aux morts pour les cérémonies du souvenir quand un ancien des tranchées en chèche et en gandoura donnait du clairon devant un parterre de croulants à médaille, elle servait aussi de bal pour le 14 juillet et même de salle de fête pour les nouveaux couples que la République unissait au nom du maire et que l’église unissait au nom du père.  Indépendamment de ce square “aux folles” qui a vu défiler tant de traînes blanches et autant de traîne-savates, le reste du village était une suite de maisons basses écrasées par le soleil.
Il y avait bien sûr un marché, une infirmerie et une école, “l’école des frères lumières”, une prison aussi.  Mais, curieusement, question classe, les pieds-noirs ont toujours été rébarbatifs au tableau noir. “Un bon coup d’épaule, prétendaient-ils, vaux mieux que trente ans d’école.” Mais, apparemment, ils n’ont pas eu besoin de beaucoup d’effort ni de coup d’épaule en 1962 pour quitter un à un le pays… sauf un pêcheur et son fils. Ils donneront parfaitement le change. Ils brandiront même un drapeau algérien, le jour de l’indépendance. Un fieffé comédien, ce tandem. Et puis, un petit matin, au port, ils chargeront discrètement tout ce qu’ils possèdent dans leur chalutier et cingleront droit vers l’Espagne. Depuis, personne n’a jamais entendu parler aussi bien du père que du fils.

M. M.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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