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Les braseros du Ramadhan

10 septembre 2009

Blogueurs, Religion

braserooukanounenterre.jpgJeudi 10 Septembre 2009 9h52mn 18s

Belfadhel Said a écrit:
-    (Je souhaite à tout le monde un Ramadhan comme celui d antan : simple et humble…y avait de la baraka en ces temps-là !….voici un de mes souvenirs d’enfance ! bonne lecture et merci!) !


     
Les braseros du Ramadhan

Le Ramadhan jouissait d’un enchantement particulier. On l’accueillait avec dignité et respect. Bien avant, toutes les maisons font la grande toilette. Les meubles s’astiquent, les murs se repeignent et on fait sortir les plus belles porcelaines pour recevoir cet illustre hôte. Pour nous les enfants, la journée ne devenait magique que dans son dernier quart. Son atmosphère de cérémonie, la prodigalité des saveurs qui s’échappaient des braseros et l’état d’esprit des gens font de ce mois élu un moment d’éternité. Même chez les plus démunis, la viande ornait la table du ftour ! Le quartier prenait un air de famille. Nos mères faisaient sortir leur tajine (marmites) qu’elles installaient soigneusement sur le majmar (brasero) débordant de charbon ardent ! La « popote » cuisait dehors au vu et au su de tous et de temps à autre, ces femmes venaient s’enquérir de leur marmite. Tout en échangeant quelques furtifs papotages avec ses voisines sur des recettes spécialement ramadanesques, ma mère armée de ses inséparables bocaux les ouvrait tous et du pouce et de l’index semait cette poudre magique dans les entrailles du tajine qui gargarisait en prenant des couleurs. Son inégalable hrira parfumait la rue de senteurs exotiques. Après le repas, les familles s’échangeaient des échantillons de plats et chaque quartier, voire le village en entier goûtait à ces mets savoureux. 
J’étais encore trop jeune pour satisfaire aux engagements du jeûne. Dès l’appel à la prière suivi des premiers mugissements de la sirène, ma mère me préparait à la va vite un goûter de patates arrosées de sauce et m’expulsait dehors ! Alors la rue, toute la rue soudain désertée se peuplait d’enfants et nous appartenait. Nous en étions les maîtres incontestés pendant que les adultes rompaient leur diète à la cadence d’une saga gastronomique.
Vous avez certainement joué aux billes ! Ce n’est pas tant le jeu en soi qui m’intéresse mais le sort qu’on allait réserver à ces petites boules rondes ! Dès l’après-midi, les ménagères s’attellent devant leurs kanoun et entreprennent le laborieux « ftour du mèghreb ». Le brasero est à l’air libre et des fillettes à l’aide d’éventails de fortune font rougir le charbon. Le faitout mijote placidement et la nourriture prend toute son aise pour cuire. Cette année-là, le Ramadhan coïncidait avec la saison des billes. Nos poches en étaient pleines et à la vue de ces braseros exposés au seuil des maisons, une idée démoniaque nous traversa l’esprit. Y glisser quelques billes et voir l’effet que ça fait ! Quel ne fut notre étonnement quand par saccades, les petites boules crépitant une à une faisaient sauter de leur lit les braises brûlantes ! Quelques braseros trop bourrés de billes se pulvérisèrent franchement.

A l’angle de la ruelle adjacente, nous observions le forfait de nos diableries. Les femmes en guerre sont lâchées dans la rue. Elles savent d’où provient ce coup bas. C’est l’hystérie totale, chacune y va de ses injures, de ses insultes : Elles maudissent le jour, l’heure, le moment précis de la naissance de leurs rejetons et jurent de tous les noms qu’elles les égorgeraient, les pendraient haut et court, qu’elles les enverraient en enfer… Puis rassemblées autour du « sinistre », elles se laissent aller à leurs peines infinies, font couler leurs larmes et confient au ciel leur destinée de femme martyre.
Caché et à l’abri de leur vindicte passagère, un serrement de cœur me pressait tout le corps et je pensai à ma mère, à sa douleur et à son carême…Ce divertissement-là, je ne l’ai plus recommencé.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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4 Réponses à “Les braseros du Ramadhan”

  1. Artisans de l'ombre Dit :

    Un brasero[1] est un appareil de chauffage en plein air. De nombreux types de braseros existent ; cependant, à l’origine, un brasero est composé d’un récipient (en terre cuite ou en cuivre de préférence) rempli de braises (d’où son nom, emprunté à l’espagnol). Le brasero est en général monté sur pieds. Cependant les premiers braséros, étaient fabriqués avec une simple coupole de terre cuite posée au sol comme le kanoun.

    En français d’Afrique, le brasero désigne un appareil de cuisine semblable au réchaud. Ce sens tend à se répandre, parce qu’il est plus commun de rencontrer des braseros destinés à faire sauter les marrons (notamment vendus dans la rue parfois illégalement, ou par exemple destinés tout particulièrement à une fête telle que la fête de la châtaigne en Catalogne) que des braseros destinés à se chauffer en étant dehors. En outre, un simple feu pour se chauffer dehors est un brasier plutôt qu’un brasero.

    Dans la région parisienne, on voit cependant de plus en plus de braseros de chauffage sur les quais de certaines lignes de RER (par exemple le RER D) destinés aux voyageurs qui attendent dehors. Il s’agit exclusivement de braseros électriques, en forme de courts poteaux

    Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup

  2. Artisans de l'ombre Dit :

    Appareil de chauffage constitué d’un bassin métallique monté sur pieds, rempli de braises. Synon. vx brasier, brasière. Des braseros, meuble très-primitif avec lequel on a le choix de geler ou de s’asphyxier? (Mérimée, Lettres à une inconnue, 1870, p. 252).
    Rem. Attesté dans les dict. à partir de Lar. 19e.
    − P. compar. :
    1. Toute la quarante-deuxième rue, d’un bout à l’autre, fond dans la lumière, avec ses maisons trouées de rouge, comme des braseros.
    Morand, New York, 1930, p. 127.
    − P. métaph., p. iron. :

    Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup

  3. Artisans de l'ombre Dit :

    ÉTYMOL. ET HIST. − 1722 bracero « grand bassin de cuivre à pieds, rempli de charbon ardent, destiné au chauffage » (Aff. Etrangères, Corresp. d’Espagne, vol. 312, fo 3, Lettre du P. de Laubrusel, d’Oyarson, 11 janv., d’apr. F. Baldensperger dans Fr. mod., t. 6, p. 253); 1784 brasero (De Langle, Voyage en Espagne, II, 45 dans Gohin, p. 326).
    Empr. à l’esp. brasero « id. » (prononcé [bra'sero], attesté dep. 1529-39 (Guevara, d’apr. Al.), dér. de brasa « braise » (braise*), suff. -ero (-ier*).

    Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup

  4. belfedhal tahar Dit :

    c’est magnifique,y a si said ,vos écrits sont très attirants,on trouve un grand plaisir.
    merci.

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