RENCONTRE LITTÉRAIRE AVEC HABIB TENGOUR AU CCF-Une même vision de l’écriture que Djaout
Habib Tengour est professeur d’anthropologie dans la banlieue parisienne. Il est écrivain et poète. Il a publié des dizaines d’ouvrages en prose et en vers et a écrit de très nombreux articles de presse et de revue. Habib Tengour a animé une rencontre littéraire au Centre culturel français.
La présence de cet écrivain de renom, connu aussi bien en Europe qu’au Etats-Unis était accompagné par Rachid Mokhtari, écrivain également et critique littéraire. La rencontre a tourné autour d’une publication phare de Habib Tengour dont le titre est « Le Vieux de la montagne ». Ce livre donne en effet les principaux attributs de l’écriture de cet écrivain. Il a été conçu dans les années soixante-dix et quatre-vingt qui était l’époque du socialisme en Algérie.
«Alors que tous les acteurs de la vie culturelle et artistique de ces années, n’osaient pas exprimer tout haut ce que la société pensait tout bas, se plaignant de la langue de bois, je ne m’étais en aucune façon limité dans mes analyses de rapporter la réalité des faits et cela par le biais d’une manière intelligente d’écriture, sans prendre le risque de froisser personne» s’explique-t-il. Comme Tahar Djaout, il crée dans cette voie des personnages puisés dans l’âge d’or de la littérature arabe. Il les fait évoluer dans une atmosphère qui lui permet d’exposer ainsi les réalités du moment. «C’est une voie acceptée par tous, qui contourne les contraintes de la censure» explique-t-il, en indiquant qu’au temps du roi Louis XIV par exemple, les grands écrivains comme Corneille ou Racine, utilisaient la tragédie grecque pour parler de leur société. Sous un habit puisé dans ces sources antiques qui étaient à la mode au cours de ce siècle de la lumière, la critique était admise. Comme ces écrivains et comme Tahar Djaout, Habib Tengour enrobe son style d’un regard poétique. Il dit d’ailleurs ouvertement qu’il préfère la poésie au roman. Il ne veut pas raconter une histoire comme dans un roman. Il considère que les lecteurs avertis connaissent ce cheminement.
Ce qui lui paraît plus important, ce sont les analyses et les enseignements tirés de cette histoire du roman. Il en tire un message philosophique qui devient le thème essentiel de sa création littéraire. C’est ce qui apparaît dans cette œuvre «Le Vieux de la montagne», et que Rachid Mokhtari a présenté avec des lectures et des analyses, au cours de cette rencontre au Centre culturel français en présence de l’auteur.
Dans les débats, les intervenants ont mis l’accent, approuvé par cet écrivain enseignant, sur la suprématie de la poésie par rapport à la prose pour convaincre davantage par le cœur et les valeurs humaines, plus que par l’esprit et la raison. «La sincérité dans la poésie et les élans spontanés du cœur en sont les arguments essentiels » justifie Habib Tengour. Il sera de retour en Algérie au mois d’avril où il présidera la soutenance de thèses de doctorat à l’université de Mostaganem, ville d’où il est originaire.
9 septembre 2009
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