Ahmed Saber. Son vrai nom est Benaceur Baghdadi. Il est né un certain 2 juillet 1937 et c’est en ce même mois qu’il est ravi aux siens, il y a de cela 38 ans. Déjà! S’exclameront certains. Fils cadet d’Ahmed, très connu sous le pseudonyme de «M’rabet» qui, à l’instar des autres Algériens de l’époque,
peinait pour subvenir aux besoins de ses six enfants. Baghdadi fréquentera régulièrement l’école coloniale «Avicenne» et ce, jusqu’en 1950. Très studieux, il passera en sixième dans le grand lycée Lamoricière (plus tard dénommé Pasteur) et fera ses premiers pas dans la musique en composant sa première chanson «Zine fi el alali» qu’il enregistrera, d’ailleurs, en 1960. Ce brillant élève, peu dissipé et fâché avec les équations, était néanmoins doué pour les lettres, lisant énormément et tâtant la rime en se familiarisant beaucoup avec les «qacidate» de nos chouyoukhs, pan incontestable de notre patrimoine national. Ce n’est qu’en 1955, où il est forcé de quitter la classe, alors qu’il était en première au lycée, qu’il opta pour le métier d’écrivain public, un métier des plus instructifs qu’il exercera jusqu’à la fin de sa vie. Et c’est dans le nombril d’Oran, M’dina Jdida, précisément dans un local de la rue Hadj Salah, en compagnie du regretté Najai, feu M’hamed Benzerga, qu’il fera ses vraies classes. Le métier aidant, en cette société en proie à de sérieuses difficultés et devant sa machine à écrire, c’est la langue souvent poignante, les litanies des plaintes des vicissitudes de la vie, des complaintes des démunis, des humbles, des plus vulnérables qui s’accrochent au dernier recours offert par une lettre providentielle… Source d’inspiration de l’interprète messager. Le parolier Benaceur s’imprègne davantage des problèmes sociaux, affûte sa plume pour dénoncer l’injustice, le favoritisme, les parvenus dans cette Algérie fraîchement libre. C’est entre 1963 et 1964, après l’indépendance, que seront diffusées les célèbres chansons très explicites d’ailleurs, telles «Bou bouh ouel Khadma Oullet Oujouh, Iji N’harek ya el khayen, iji n’harek», chansons pour lesquelles le défunt subira les foudres de la censure qui fera saisir ses disques, assistée par des médias s’estimant dépositaires de la vérité et de la connaissance absolues. Feu Ahmed Saber était également comédien. Il se distingua dans la pièce de feu Ahmed Bentouati, «El-Kenz» (le trésor) et également dans celle de Feu Hadjouti Boualem «Zawaj el youm». Le 10 juin 1955, il jouait déjà dans une pièce donnée à Oran par la troupe de feu Mahieddine Bachtarzi, en compagnie de Kalthoum dans «Bent el waha» (La fille de l’oasis). Parmi les personnalités côtoyées par feu Ahmed Saber, il y avait feu Abdelkader El-Khaldi, Cheikh Omar Mokrani de Chlef, Cheikh Mimoun Mohamed Benaouda, les deux défunts frères Saïm Hadj et Lakhdar de Sidi Bel-Abbès. Saber cultivait l’humour, la satire, le trait féroce. En parolier, il se tailla un véritable succès avec «Cheft mra tebki», entre autres. Beaucoup de ses chansons ont eu leurs heures de gloire. «El-Waktia», une qacida en quatre grandes parties, consacra définitivement la grande réputation du jeune Oranais. Très sensible et fragile, il mourut après une brève maladie, le 19 juillet 1971, à 13 heures, au 47, de l’Avenue du Parc à Maraval. Il s’était produit trois mois avant sa mort, une dernière fois, à la salle «Régent» de la capitale de l’Ouest.
2 septembre 2009
EPHEMERIDES