Othman
© Ralph Stehly, Professeur d’histoire des religions, Université Marc Bloch, Strasbourg
Othman (‘Othmân ou ‘Uthmân) faisait partie de la grande famille meccoise des Omeyyades qui prendra définitivement le pouvoir avec l’accession au califat du cinquième calife, Mu’âwiya (avec lequel le califat devint héréditaire). Il fut le gendre de Mohammed, puisqu’il épousa deux de ses filles, Ruqayya et après la mort de celle-ci, Umm Kulthum.
Son califat fut une longue crise. On lui reprocha son népotisme. le fait qu’il imposa sa recension coranique souleva contre lui les lecteurs du Coran.
C’est l’opposition chiite qui fut la plus virulente à son égard. Pour le chiisme le califat de Othman n’est qu’une succession d’actes arbitraires.
A. Il fut défaillant dans l’application des peines légales.
a) Il refusa d’appliquer la peine du talion à ‘Ubayd Allâh b. ‘Umar
b) Il ne fit flageller le gouverneur de Basra, al-Walîd b. ‘Uqba, coupable de s’être montré en état d’ébriété, qu’à la suite d’une protestation d’Ali.
c) Il fit interner à Rabadha, près de Médine, Abû Dharr (l’un des plus proches compagnons du Prophète) à la demande de Mu’âwiya.
d) Il fit infliger la flagellation à Ibn Mas’ûd qui refusait de détruire sa recension du Coran.
B. Sa gestion des biens publics a aussi été mise en cause. On lui reprocha d’avoir prélevé sur le trésor public des sommes considérables pour les distribuer à ses quatre gendres.
C. Les chiites lui reprochent encore des innovations blâmables dans le domaine du culte: à Minâ, dans le rituel du pèlerinage prière de 4 cycles au lieu de 2, et 2ème appel à la prière du vendredi.
Pour les sunnites, les critiques qui peuvent être adressée à Othman ne dépassent guère en gravité celles qui furent faites aux deux premiers califes.
Les troubles qui conduisirent à son assassinat commencèrent à Kûfa en 32-33 de l’hégire. Les manifestants obtinrent la déposition du gouverneur. L’Egypte entre également en rébellion. Le calife accepte une entrevue avec les chefs des insurgés égyptiens, et accède à toutes leurs demandes. Mais à El-’Arîch, sur le chemin du retour vers l’Egypte, les insurgés interceptèrent un messager d’Othman portant une lettre demandant de liquider les chefs de l’insurrection. Othman affirma que c’était un faux. Mais les insurgés assiégèrent la maison du calife à Médine. Ali garda une neutralité malveillante. Aïcha s’éclipsa sous prétexte d’un pèlérinage urgent à La Mecque. Dans les derniers jours de juin 656, des hommes pénétrèrent dans la maison du calife, dirigés par l’un des fils d’Abû Bakr, Mohammed ben Abî Bakr, qui assassina le calife, tandis que sa femme fut blessée. Son corps fut enterré avec la plus grande discrétion. ce meurtre allait ouvrir, dans l’islam, un des schismes les plus redoutables de son histoire.
1 septembre 2009
Religion