Comment savoir qu’on a la foi ? Comment se manifeste-t-elle ? Il est vrai que, dans l’absolu, la foi étant une conviction du cœur, Allah est le Seul à pouvoir connaître si une personne est véritablement croyante ou non.
Mais cette conviction du cœur doit nécessairement rayonner sur l’individu dans son ensemble, aussi bien sur sa personnalité et son comportement que sur ses actes. En d’autres mots, la foi du cœur doit obligatoirement s’extérioriser par les pratiques religieuses. Cheikh Ali Tantawi écrit : «L’élève qui sait que l’examen aura lieu dans une semaine, mais ne s’y prépare pas, ne s’y intéresse pas et s’occupe de distractions et de jeux, n’a pas une foi complète dans la venue proche de l’examen. [De même] Si tu indiques le chemin à un égaré, qu’il te donne raison et croit en ta parole, puis s’en va à gauche plutôt qu’à droite [alors que cette dernière est la voie que tu lui as montrée], [cela signifie] qu’il n’a pas cru complètement en la véracité du guide.» C’est pourquoi les savants musulmans considèrent que la pratique de l’islam fait partie intégrante du «iman» et que les actions sont un accomplissement de la foi. L’imam Boukhari a cité de très nombreux hadiths qui montrent que le Prophète Mohammed – bénédiction et salut sur lui – a dit, au sujet de nombreuses actions, qu’elles faisaient partie de la foi :
«L’un de vous n’est vraiment croyant que lorsqu’il désire pour son frère ce qu’il désire pour lui-même.» ; «Aimer les Ansars [habitants de Médine qui avaient accueilli les émigrés musulmans de La Mecque] est un signe de foi ; et les mépriser est un signe d’hypocrisie.» ; «La pudeur fait partie de la foi.»
La pratique religieuse est donc une manifestation extérieure de la foi. Par ailleurs, il faut savoir, comme le rappelle cheïkh Ali Tantawi, que la foi se manifeste aussi à l’intérieur même de l’individu, et ce en créant en lui un certain nombre de qualités qui, lorsqu’elles sont réunies, amènent le croyant à un degré de spiritualité spécifique que le Prophète Mohammed – bénédiction et salut sur lui – a appelé l’ihsan». Le Prophète a lui même défini l’ihsan en ces termes : «Adore Dieu comme si tu Le voyais; si tu ne Le vois pas, Lui te voit.» Ces qualités, qui pourraient être qualifiés de fruits de la foi, sont les suivantes :
1. Un rappel permanent de Dieu et une pensée perpétuelle de Sa présence. Le Prophète Mohammed – bénédiction et salut sur lui – disait en ce sens que celui qui ne se rappelle pas de Dieu est comparable à une personne morte.
2. Un comportement empreint aussi bien de la crainte à l’égard du châtiment d’Allah que de l’espoir en Son pardon et en Sa miséricorde. Ce comportement est enseigné par le Coran lui-même. S’il est vrai qu’Allah dit : «Sont-ils à l’abri du stratagème d’Allah ? Seuls les gens perdus se sentent à l’abri du stratagème d’Allah.», il ne faut pas oublier qu’Il dit aussi : «Et ne désespérez pas de la miséricorde d’Allah. Ce sont seulement les gens mécréants qui désespèrent de la miséricorde d’Allah.» Ainsi, en de nombreux endroits du Coran, la crainte et l’espoir sont liés l’un à l’autre, comme c’est le cas dans ces versets : «Informe Mes serviteurs que c’est Moi le Pardonneur, le Très Miséricordieux, et que Mon châtiment est certes le châtiment douloureux.»
3. Une véritable confiance en Dieu, suivant en cela l’injonction coranique : «C’est en Allah que les croyants
doivent faire confiance.» Allah dit encore : «Allah aime, en vérité, ceux qui Lui font confiance.» Mais il est important de rappeler que cette confiance en Dieu, telle qu’elle est enseignée par l’islam, n’est pas un appel à l’inaction. Au contraire, tout dans les références islamiques montre que la confiance en Allah doit être accompagnée par l’action. Il n’a jamais été question, par exemple, de rester à ne rien faire et d’attendre que sa subsistance descende du ciel. Le Prophète Mohammad nous a enseigné, par son geste lors de l’épisode du Mi’radj (Ascension nocturne), que le musulman doit d’abord prendre ses précautions (dans ce cas précis, il avait attaché sa monture afin qu’elle ne s’en aille pas) et ensuite placer sa confiance en Dieu.
4. Montrer de la reconnaissance envers Allah pour Ses bienfaits illimités et le remercier constamment pour Ses faveurs. Le Coran nous interpelle dans ce sens : «Et lorsque votre Seigneur proclama : «Si vous êtes reconnaissants, très certainement J’augmenterai [Mes bienfaits] pour vous. Mais si vous êtes ingrats, Mon châtiment sera terrible».» Montrer de la reconnaissance, c’est aussi de bien utiliser tous les bienfaits qui nous ont été accordés par notre Créateur. Par ailleurs, le Prophète Mohammed – bénédiction et salut sur lui – nous a aussi enseigné que la reconnaissance est due envers tous ceux qui nous font du bien. Il dit en ce sens : «Celui qui ne remercie pas les gens ne remercie pas Allah.»
5. Faire preuve de patience et d’endurance face aux difficultés. Allah dit : « Ô les croyants! Soyez endurants. Incitez-vous à l’endurance.» Celui qui a foi en Allah a une conception de la vie particulière. Quand une difficulté s’abat sur lui, il prend du recul et analyse la situation en profondeur. Il se rend ainsi compte que, d’un côté, ce qui lui est arrivé devait nécessairement arriver, et que, d’un autre côté, s’il fait preuve de patience et supporte ce qui lui arrive, il sera pleinement récompensé par Allah. Cela lui permet de surmonter l’épreuve à laquelle il est confronté.
6. Une soumission totale et inconditionnelle face à loi divine. C’est à vrai dire là le sens du mot «islam», qui signifie littéralement «soumission». «La seule parole des croyants, quand on les appelle vers Allah et Son Messager, pour que celui-ci juge parmi eux, est : «Nous avons entendu et nous avons obéi». Et voilà ceux qui réussissent.»
7. Aimer ou non, pour Dieu. La foi du croyant doit le pousser à maîtriser ses sentiments et à aimer les créatures (ou à ne pas les aimer), non pas pour ce qu’ils ont, mais pour ce qu’ils sont. Il ne sera pas ainsi permis de se lier d’amitié avec celui qui cherche à nuire à l’islam. Cela ne signifie pas non plus qu’on ne doit pas faire preuve de bonté à l’égard de ceux qui n’ont pas la foi. Le Coran est clair à ce sujet : «Allah ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables.»
8. Se repentir dès qu’on commet une faute. L’être humain étant de nature faible et succombant facilement à la tentation, il est tout à fait normal qu’il lui arrive de commettre des péchés. Le croyant, cependant, se distingue par sa conduite après avoir péché : comme il croit en Dieu, c’est un devoir pour lui de regretter ce qu’il a fait et de se repentir sincèrement pour cela.
Voici donc quelques manifestations de la foi.
Et Dieu est plus Savant ! |
30 août 2009
Religion