Artamène ou le Grand Cyrus, originellement publié entre 1649 et 1653, est le plus long roman de la littérature française : 13095 pages dans l’édition originale (7485 dans la seconde série d’éditions qui a servi de référence pour le texte donné sur le site), réparties en dix tomes (ou parties), divisés chacun en trois livres. En d’autres termes, un demi-mètre de rayonnage dans les éditions d’époque.
La matière narrative met en scène près de quatre cents personnages, dans une intrigue complexe organisée par l’alternance d’une histoire principale (histoire cadre) et d’histoires secondaires (histoires intercalées), régulièrement réparties au fil des dix tomes (généralement une histoire intercalée par livre, soit trois par tome).
Une production littéraire d’une pareille envergure n’est pas le résultat d’une entreprise solitaire. Le roman a été conçu et élaboré au sein d’un salon (il a donc bénéficié dès sa conception d’échanges avec le public). En outre, il a fait l’objet d’une publication qui a connu un énorme succès : plusieurs éditions en ont été réalisées dans les années suivant sa parution, et on en connaît plusieurs traductions étrangères.
Artamène ou le Grand Cyrus est une œuvre capitale pour la compréhension du XVIIe siècle français et européen. Les nombreuses allusions flatteuses des contemporains démontrent que le roman a été abondamment lu et commenté, au point de constituer un horizon de référence incontournable dans le domaine de la culture mondaine. La matière narrative a, du reste, été exploitée dans plusieurs versions théâtrales (dont une de Molière: Mélicerte, 1666). En dépit ou en raison de ce succès immédiat, la faveur pour le Grand Cyrus est rapidement retombée dans le dernier tiers du XVIIe siècle. Les dimensions hors norme du roman ont empêché toute réédition et, partant, toute réhabilitation au cours des siècles suivants.
20 août 2009
Non classé