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Quand nos écrivains se déchirent

9 août 2009

Non classé

Boudjedra, Ouettar et Laâredj croisent leurs plumes

Quand nos écrivains se déchirent

Par :Hassan Moali

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Portée au firmament par ses concitoyens légitimement fiers d’elle, la littérature de Assia Djebar serait “moyenne”, selon Boudjedra et elle écrit ce que lui demandent les Français !

C’est par des propos empreints de violence que Tahar Ouettar, Rachid Boudjedra et Wacini Laâredj croisent… leurs plume par médias interposés. Même le très lointain journal londonien Asharq Al Awsat s’est fait largement l’écho de ces joutes littéraires de mauvais aloi, en  publiant, samedi dernier,

un “florilège” de coups de gueule que se sont échangés nos écrivains sur la place publique.
Ainsi, à défaut de nous proposer de nouvelles publications, nos écrivains nous servent des chefs-d’œuvre de… médisance qui n’honorent guère leurs statures. Tout a commencé par un commentaire somme toute acceptable de Wacini Laâredj sur l’œuvre de Tahar Ouettar où il lui reproche dans une interview de “tuer” systématiquement les femmes dans ses romans. Cette fléchette semble avoir blessé Ouettar qui, aussitôt, descend dans l’arène pour porter un coup d’estoc à Laâredj qu’il accuse de plagier les titres de ses ouvrages.
Plus incisif encore, Ouettar enfonce le poignard dans le dos de son rival lui reprochant d’avoir pastiché l’héritage littéraire de l’écrivaine algérienne Zoulikha Saoudi.
La guerre verbale a donc éclaté. Mais, loin, vraiment loin, d’être un échange intellectuel entre deux romanciers. Et comme il fallait s’y attendre, Wacini Laâredj répliquera par des articles pamphlétaires dans lesquels il descend en flammes son ennemi juré, dont il a longuement souligné “l’indigence” littéraire. L’auteur poussera l’ironie jusqu’à attribuer le titre fort peu élogieux de “chambit” (le garde communal) de la littérature algérienne à Tahar Ouettar. “Je ne m’abaisserai pas à son niveau”, assène encore Laâredj. Et pendant que l’opinion assiste ahurie au spectacle que lui offrent ces écrivains, un autre romancier, à la réputation bien établie, ouvre un autre front contre une femme, cette fois.
En l’occurrence Rachid Boudjedra, qui nous a habitué à des œuvres monumentales, vient de changer subitement de “style” en ciblant Assia Djebar. Nominée pour le prestigieux prix Nobel de littérature en 2004, et admise tout récemment à la tout aussi prestigieuse Académie française, cette talentueuse romancière n’a pas pour autant trouvé grâce aux yeux de Boudjedra qui trouve son style “moyen”.
Notre critique estime même que Djebar écrit selon ce que lui dictent les Français ! Autrement dit, elle doit moins son épée à son talent d’écrivain qu’à sa disponibilité à écrire selon les recommandations des Français. Boudjedra s’offusque même de ce que les journalistes algériens d’expression française aient salué le mérite de Assia Djebar, alors qu’ils (sic) “ne savent pas sur quel pied danser”.
Ainsi donc, Rachid Boudjedra “s’élève” plus haut que le comité Nobel et l’Académie française pour… descendre Assia Djebar de son piédestal. S’il est légitime d’être jaloux de la réussite des autres en faisant en sorte de les égaler ou de les dépasser, il est en revanche désolant, voire dégradant, “d’attenter” à la stature littéraire mondialement reconnue d’une romancière — une compatriote de surcroît — en se livrant à un  lynchage médiatique en bonne et due forme. Mais, pour corrosive qu’elle soit, la diatribe de Boudjedra contre Assia Djebar n’entachera pas la gloire de cette grande dame ni n’ébranlera sa chaise dans l’enceinte  de l’Académie française.

HASSAN MOALI

Mardi 19 Juillet 2005

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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7 Réponses à “Quand nos écrivains se déchirent”

  1. Samira Salhi Dit :

    Boudjedra l’écrivain subversif, l’auteur dont la profondeur de la pensée et du style alambiqué , n’a laissé aucun homme de lettres indifférent; avaient déjà tenté de dénigrer Kateb en soutenant qu’il était l’auteur d’un seul roman(en omettant de dire que la plupart de ses romans à lui ,sont un clin -d’oeil au texte fondateur:¨NEDJEMA¨!Je l’invite à relire, ¨Les nuits de Strasbourg¨,¨Oran, viLle morte¨ et tous les derniers romans en date d’Assia Djebbar pour déceler la dimension universelle qu’elle a désormais acquise ….!Contrairement au Sieur Boujedra , elle n’a pas été désignée avocate d’office des tortionnaires et des génocidaires. Elle n’a pas pris la défense d’un général tortionnaire en l’occurence, le général Nezzal devant les tribunanx…C’est une femme de lettres francophone qui aurait pu être victime des terroristes! Elle s’est battue contre l’occupation française alors qu’elle avait à peine dix-huit ans! Qu’a fait Boudjedra à la même époque? Il se perfectionnait en Arabe EN Tunisie et ailleurs.

  2. Samira Salhi Dit :

    Boudjedra , le romancier engagé, l’homme de gauche, le symbole de la jeunesse contestataire des années folles(avec Kateb), le féministe ,lequel nous soutenait dans nos rassemblements pour l’abrogation du code de la famille, l’auteur de l’admirable :¨Répudiation¨; est descendu très bas…!

  3. Samira Salhi Dit :

    Boudjedra ,dont les premiers romans ont aiguisé ma contestation , m’ont confirmée dans mes revendications de femme indépendante; celui dont la poésie, censurée par le régime en place et ses laquais ,ses sbires analphabètes ,lesquels ont vu dans son recueil¨Pour ne plus rêver¨, une atteinte à l’ordre moral et à la religion; est en tain de perdre son aura… Boudjedra, l’amoureux de Constantine, la ville qui a bercé son enfance , nourri et inspiré son adolescence, la ville refuge de ses années d’angoisse, de laquelle ses derniers romans se sont inspirés; qui continue à le recevoir et lui rendre les hommages dû à son rang; pour qui ,son université s’est mobilisée pour accueillir l’un des derniers titans de la littérature maghébine; a brillé par ses écarts de langages et sa jalousie : dommage…

  4. Samira Salhi Dit :

    L’un des deux extêmes dans le mauvaix sens , dit Adieu aux Artisans de l’ombre.

  5. Samira Salhi Dit :

    L’un des deux extêmes dans le mauvaix sens , dit Adieu aux Artisans de l’ombre.

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