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Le besoin d’écrire et la passion de lire”

9 août 2009

Non classé

L’essayiste Nouara Hocine à Liberté

“Mon destin a été tracé par ce besoin d’écrire et cette passion de lire”

Par :Nassira Belloula

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Après le lycée, Nouara Hocine décroche un premier baccalauréat en 1989 et entreprend des études à l’Institut supérieur de l’information et de la communication, couronnées par un magistère, puis repasse un autre baccalauréat en 1995 et s’inscrit cette fois-ci à la faculté de droit. Ex-journaliste, Nouara Hocine revient dans cet entretien sur “Les intellectuels algériens”, un livre qui mérite une attention particulière tant par son contenu que par sa thématique.

Liberté : Vous venez de publier votre premier livre, et pas des moindres, un important travail sur les intellectuels algériens. Comment est venue l’idée de ce livre ?
Nouara Hocine : Mon destin a croisé celui des intellectuels algériens dans mon environnement familial. J’ai vécu toute ma vie dans le mythe magnifié de cet oncle, à l’instar d’une icône emblématique, cet avocat tombé au champ d’honneur, que je n’ai hélas jamais connu.
Une simple photo sur un mur, un mythe à peine dévoilé, un peu comme dans les romans de Mohammed Dib, un nom accompagné de chuchotements, de pleurs et de regrets. Il était le meilleur et il avait choisi le chemin des justes, celui du non-retour. Il était si omniprésent dans mon enfance, je l’ai aimé parce qu’on ne pouvait pas ne pas aimer un héros, celui-là même qui a opté pour le sacrifice pour qu’autrui vive dans la dignité. ہ chaque bonheur ou malheur de la famille, il était là, blotti dans un coin, dans le cœur de chacun de nous, pour nous rappeler que le meilleur a existé et peut toujours exister. C’était pour moi le symbole du courage, du renoncement et du sacrifice ; c’était le martyr de la famille, de la nation, celui par qui, la liberté de l’Algérie était devenue possible.

C’est cet oncle-là qui vous a donc poussé à vous intéresser aux intellectuels algériens ?
Je me suis intéressée au sort des intellectuels dans toute l’histoire de l’Algérie et, à l’époque, cela a coïncidé avec octobre 1988. Et j’ai été de cette génération qui a cru aux grandes espérances citoyennes, républicaines et modernistes pressenties par l’Algérie, au fil des réformes politiques et des acquis salviques du pluralisme démocratique, de la renaissance de la presse écrite, de l’émergence des partis politiques et de l’éveil de la société civile. Malheureusement, la horde des ténèbres est intervenue et a tenté d’éteindre les étoiles qui éclairaient l’Algérie. Ils ont assassiné les meilleurs filles et fils de la nation, croyant ainsi pouvoir tuer la conscience et l’âme de tout un peuple… Les balles assassines ont atteint les  Djaout, Boucebci, Alloula, Liabès… et fait fuir beaucoup d’autres. C’était là que je me suis sentie interpellée, j’avais mal pour ce pays qui n’arrêtait pas de souffrir le Golgotha dans sa quintessence intellectuelle. Alors, j’ai décidé de rendre hommage à ma manière, à ces intellectuels, boucs émissaires dans toutes crises survenues dans leur société. Je voulais comprendre pourquoi sommes-nous arrivés à cette situation tragique ? Depuis, j’ai entrepris mes investigations qui ont duré presque une douzaine d’années. Et, honnêtement, je crois que le chemin reste encore long pour accéder à une approche compréhensive.

Avez-vous rencontré des difficultés dans vos recherches, sachant le manque de documentation et de données ou de moyens qui entravent souvent les travaux des chercheurs ?
Effectivement, j’ai été dès le début de mes recherches confrontée au problème du manque de documentation et à la rareté des données concernant cette problématique, vu le peu d’études et d’enquêtes ayant abordé cette thématique dans le monde arabe, en général, et en Algérie, en particulier. Mais ce qui m’a le plus révoltée, c’est l’attitude de certaines personnes que j’ai sollicitées au cours de mon travail, des personnes qui n’ont pas cru à la possibilité de l’aboutissement de mes recherches. Elles croyaient que le sujet était trop ardu et complexe pour être traité par une jeune chercheuse sans expériences.

La femme intellectuelle est absente de votre ouvrage, à quoi cela est-il dû ?
Je me suis surtout appliquée à déterminer le rôle, le statut et le parcours des intellectuels algériens dans le mouvement nationaliste et pendant la Révolution nationale. Dans dans ce cas-là, il faut le reconnaître in fine, la femme algérienne a été marginalisée et rarement associée à la prise des décisions historiques de l’époque. Dans toutes les directions qui se sont succédé aux partis indépendantistes et les associations estudiantines, rarement ou presque jamais, le nom d’une femme n’est apparu. Cela ne veut nullement dire qu’elle était absente, mais tout simplement reléguée à des tâches subalternes. Effectivement, il y a eu des noms qui ont contribué à la consolidation de l’identité nationale dans toute son authenticité diversifiée, telles entre autres Taos Amrouche ou Assia Djebar, mais leurs contributions sont restées sur les plans littéraire et intellectuel sans pouvoir, ce faisant, accéder à l’arène de l’idéologie et de la politique, ce qui aurait pu, à un moment donné, leur permettre d’avoir un discours décisif sur le devenir du statut de la femme dans la société algérienne.

Vous destinez-vous à une écriture spécifique, voire spécialisée, ou pensez-vous vous élargir à d’autres genres d’écriture, dont la littérature ?
Pour le moment, ma grande passion reste l’histoire de l’Algérie ; je me sens en devoir d’aller plus loin dans mes recherches, je crois qu’il y a beaucoup de choses à découvrir encore, et tant de choses à tenter de comprendre.
Une place spéciale revient à l’Algérie dans l’histoire contemporaine des mouvements et guerres de libération, dont celles des mouvements anticoloniaux et populaires d’Asie et d’Afrique, ainsi que celles des courants et processus de décolonisation ayant suivi la Seconde Guerre mondiale, en tant que théâtre d’une des révolutions les plus nobles et les plus caractéristiques de par sa genèse, ses origines, la motivation à la base de son action révolutionnaire et la contribution qu’elle aura apportée à la compréhension internationale et mondiale des mouvements de libération. Une telle révolution mérite, en tout honneur, qu’on s’y consacre ! Peut-être, bien après, je penserais à écrire pour moi ; je veux aller à la rencontre de l’histoire de mon pays avant de parcourir le chemin qui me mènera invraisemblablement à la rencontre de mon ego.

Propos recueillis par Nassira Belloula

Lundi 03 Avril 2006

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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