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Harraga dans la littérature

8 août 2009

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Harraga dans la littérature

par Lamine Kouloughli *

Harraga dans la littérature  spacer

Suite et fin

Et puis, il y a Malika et Moha. Retirée de l’école à quatorze ans et mise à travailler dans une usine hollandaise de décorticage de crevette où elle contractera la maladie qui l’emportera, la petite Malika, voisine de la famille de Azel à Tanger, ne rêve elle aussi que d’une chose quand elle sera grande, partir. «Elle traverserait le détroit

sur une barque ou dans le container d’un camion de crevettes.» (123) De la terrasse du taudis où elle est hébergée et à la télévision, elle voit les corps de nombreux noyés, pour la plupart enfants comme elle, enveloppés dans des draps blancs, – des anges pense-t-elle – rapatriés d’Espagne. Malika meurt peut-être moins de sa maladie que de n’être pas partie, elle qui rêvait de partir. Son dernier rêve, alors qu’elle s’en va, est qu’elle est dans un grand bateau qui quitte Tanger, pour toujours. Reste alors une voix discordante, celle de la raison, de l’anti-partir; celle de Moha le fou, Moha le sage qui brûle le journal parce qu’il cache la vérité, qu’il ne dit pas que les jeunes n’ont pas de travail et affirme que «ceux qui brûlent le détroit sont des égarés, des désespérés, oui, il y a de quoi être vidé de tout espoir […]» (177); Moha révolté qui lui aussi décide de brûler la route, mais en sens inverse, en direction du désert.

Le roman finit sur la note d’un espoir peut-être improbable, du moins ténu, qui voit, dans un dernier chapitre intitulé �’revenir’, Toutia, nom de la mer du premier chapitre qui invitait au départ en chantant et en conseillant les candidats à la clandestinité, devenir le nom d’un bateau magique affrété pour le retour volontaire et réfléchi de l’ensemble de ceux qui sont partis, «les ramenant vers le pays des racines,[…] tête haute, poussés par un vent de liberté, […]» (314) Pour ce retour, convoqués au chevet de ses personnages brisés par l’expérience d’un exil «révélateur de la complexité du malheur» (299), apparaissent alors, peut-être justement pour participer à ce rêve et le rendre plus beau sinon plus réel – «et si ce bateau n’était qu’une fiction, un roman en forme de bouteille jetée à la mer par tant de mères éplorées et fatiguées d’attendre?» (322) -, des noms d’écrivains, de poètes, et même de personnages de la littérature; Flaubert, Emile Zola, Panza et Don Quichotte, et Moha, Moha le fou Moha le sage, l’immigré anonyme.

Dans ce même bateau une grande caisse qui a tout l’air d’un cercueil dont on se doute bien qu’elle contient le corps de Azel même si rien n’est dévoilé de son occupant doit être livrée aux autorités de ce pays du sud de la Méditerranée à l’arrivée. La géographie du danger, de Hamid Skif, initialement publié aux Editions Naïve, Paris, en 2006 puis aux éditions APIC, Alger, en 2007 raconte la vie d’un clandestin de l’autre côté de la Méditerranée, une fois la traversée accomplie.

Le roman s’ouvre sur le souvenir d’un voyage, tout aussi douloureux et dangereux que celui auquel le narrateur a survécu de Tanger aux côtes de l’Europe; celui des Pyrénées, «dans la neige les pieds enveloppés de chiffons censés tromper d’éventuels poursuivants, […] à travers passes enneigées et massifs forestiers [pendant lequel] il fallait taire la douleur, ne pas geindre lorsqu’une aiguille de silex […] arrachait un cri cadenassé derrière les dents murées; à peine respirer…» (11)

Cloîtré depuis un mois entre les quatre murs d’une chambre insalubre où l’homme qui, par jalousie parce qu’il lui préférera l’amour d’une femme finira par le donner à la police, le cache pour l’aider à échapper aux services de l’émigration qui traquent les illégaux; réduit à observer le monde derrière des persiennes toujours closes; rongé par la solitude et souvent la faim; il se souvient dans ce qui prend parfois la forme d’un délire, de sa vie avant et après son passage.

Quatre ans qu’il est de l’autre côté. Quatre ans d’une vie faite de petits boulots qui ne durent pas plus d’une semaine ou deux; que «la peur [l]‘habille de pied en cap» (14); qu’il n’a plus d’identité, «plus de nom, plus de prénom, rien que des pseudonymes» (15); qu’il n’a «pas d’amis, […] vit seul, mange seul, parle seul, dors seul, [se] promène seul» (16), pour finir terré comme une bête dans cette chambre d’où il ne sort plus que de moins en moins, la nuit.

Pour tromper sa peur et sa solitude, il écrit dans son journal; technique narrative que l’auteur utilise pour, entre autres, tourner en dérision ce grand mythe des jeunes du sud de la Méditerranée vivant de leur vigueur sexuelle et amassant des fortunes de l’autre côté – «Tout cela n’est qu’un leurre pour imbéciles croyant pouvoir faire de leur membre un instrument de travail» (21) -; dire le triste devenir de quelques-uns qui réussissent à arriver au terme de la périlleuse traversée – «Une fois débarqués, chassés par les unités spéciales, la plupart seront repris et renvoyés par avion cargo. Ceux qui échapperont à la traque […] iront se fondre dans le peuple des clandestins qui hantent les sous-sols et les chantiers, avant d’être, un jour, pincés par les bras métalliques d’une grue géante pour être jetés, à leur tour, dans les soutes des charters» (37) -; dénoncer la corruption de ceux-ci – «la ville s’enrichit en arrachant au flux incessant des migrateurs leurs derniers haillons» (36) -, l’hypocrisie de ceux-là – «Elle reçoit de surcroît une manne colossale d’Etats européens affolés à l’idée qu’un continent entier puisse débarquer dans leurs mangeoires» (36) -, et la misère des laissés-pour-compte, – «c’est la faim qui m’a amené dans votre pays et s’il se trouvait un autre pays pour m’éviter de mourir de faim, je m’y rendrais volontiers tout de suite…» (58)

Face à lui-même, le narrateur soliloque aussi, autre technique narrative que l’auteur utilise pour lui rendre un peu de son humanité spoliée. Ainsi le lecteur apprend que l’homme est ingénieur électronicien et que bien que d’une famille à présent miséreuse, il est issu d’une noble lignée. De même des pans de sa vie – il a crée et a présidé un syndicat des chômeurs diplômés, ce qui lui a valu l’ire des autorités de son pays et qui a précipité sa fuite – et de ses amours tumultueuses, notamment Zoreta – «je n’avais guère d’illusions sur la fidélité de Zoreta. Depuis notre promesse, elle s’était choisie d’autres fiancés, renvoyés ou repris au gré des humeurs. Je lui demeurai cependant fidèle, pétrifié dans mon serment» (105) – lui sont-ils présentés.

Pourtant, et même si le narrateur finit pour un moment par échapper à sa mansarde et par trouver l’amour en la personne de Nicole, ni l’écriture, ni le soliloque, ni même ce sentiment que l’on dit salvateur ne parviendront à lui rendre son humanité entière ni son nom; ni même à effacer les lancinantes questions qu’incapable de survivre à ses souvenirs il se pose – «Pourquoi étais-je là?» (13) «Que serais-je devenu si je n’avais entrepris le grand voyage? Où serais-je à l’heure qu’il est?» (144) -, et que nourrit une insurmontable nostalgie – «Je joue de nouveau avec les vagues qui m’ont porté au-delà des pays que j’avais voulu connaître, dans cette contrée de la nostalgie dont je n’ai cessé de vouloir revenir» (143)

Roman d e la désillusion – «�’Pour une vie meilleure, allez ailleurs’. Le slogan s’est transformé en cauchemar, calcinant ceux qui y ont cru de son retour de flammes» (144) -, la géographie du danger de Hamid Skif se termine sur la capture et la mort du narrateur et, tout comme les romans de Binebine, de Fadel, d’Elalamy et de Sansal, telle le présage de quelque terrible oracle, sur une vision apocalyptique des choses à venir : «Dans notre quartier, d’autres bataillons de harragua attendent de brûler le bateau» (145) «Notre armée est de l’autre côté du rivage, prête à toutes les audaces, et chaque nuit, un détachement vous épuisera à dénombrer ses soldats morts, à les identifier et à les enterrer ou les repousser avant que ne survienne le second détachement, puis le troisième, et ainsi de suite jusqu’à ce que vous soyez submergés, que vous n’en puissiez plus…» (156)

Eldorado, publié initialement par Actes Sud en 2006, puis pour la publication en langue française en Algérie par les Editions barzakh en 2007, a été écrit par Laurent Gaudé, auteur du nord de la méditerranée, prix Goncourt 2004. Ce roman dit l’histoire de trois destins qui se croisent. Celui de Salvatore Piracci, quarante ans, séparé de sa femme, ni père ni mari, commandant de la frégate Zeffiro qui patrouille au large de l’île italienne de Lampedusa avec pour mission d’intercepter les embarcations des immigrants clandestins vers l’Europe; de Soleiman, vingt-cinq ans, frère de Jamal, avec qui il quitte clandestinement leur pays, voisin de la Libye, pour Al-Zuwarah sur la côte libyenne puis un passage clandestin vers les côtes italiennes; et de cette belle femme sans nom par qui tout arrive, brune à la peau mate, aux yeux noirs et au visage émacié, «visage de la vie humaine battue par le malheur» (16), arrêtée deux ans plus tôt par la frégate du commandant Piracci en même temps que les trois cent quatre vingt cinq autres survivants des cinq cents candidats qui ont eu à payer trois mille dollars chacun leur place à une émigration clandestine à bord du Vittoria, bateau battant pavillon ouzbek, affrété au Liban par un passeur véreux, et abandonné par son équipage en haute mer avec sa cargaison humaine déshydratée, épuisée par le froid et la faim, et vouée à une mort certaine.

Deux ans après cette arrestation, les chemins du commandant Piracci et de la belle dame se croisent à nouveau dans les ruelles du marché de la petite ville italienne de Catane où elle finit par le retrouver, et le regard qu’elle pose sur lui ainsi que la requête qu’elle lui soumet émoussent sa belle assurance de «gardien [d]es portes de la citadelle, […] muraille de l’Europe» (59). Cette assurance sera finalement réduite à néant à la suite d’un incident qui se produira lors de l’arraisonnement par sa frégate d’un autre navire chargé aussi de clandestins; d’un crachat, et d’un autre regard, «noir et douloureux qui disait [l]a rancune» (97) celui là, d’un des clandestins arrêtés et à qui il commencera par refuser la supplication d’être caché puis relâché libre en Italie; revenant sur son refus trop tard; ayant hésité trop longtemps avant d’être rattrapé par de bons sentiments devenus inutiles. Ebranlé jusque dans ses assises et hanté à présent par l’idée de n’être en vérité que «la malchance, le visage laid de la malchance […] le mauvais œil qui traque les désespérés» (59) à bord d’une «horrible chienne des mers qui aboie avec rage sur les flots. Par habitude. Par fatigue. Par méchanceté» (102), le commandant Piracci décide de quitter l’œil sec et la vie lente de ceux qui ne désirent plus, de se défaire de cette �’lâcheté du devoir accompli’***** qui a (dé)fait sa vie, et de partir comme ceux qu’il a jusqu’alors traqué, dans une embarcation de fortune et sans papiers, en sens inverse, vers les côtes africaines et la Libye, à la recherche de lui-même. «Il allait faire comme eux […] Il savait bien qu’il allait à contre-courant du fleuve des émigrants. Qu’il allait au-devant de pays où la terre se craquelle de faim. […] Il voulait que ses yeux brillent de cet éclat de volonté qu’il avait souvent lu avec envie dans le regard de ceux qu’il interceptait. […] Il allait être, à son tour, une de ces silhouettes qui n’ont ni nom ni histoire, […] Il allait se fondre dans la vaste foule de ceux qui marchent, avec rage, vers d’autres terres.» (127)

C’est transformé par sa quête, qui le mènera depuis la Libye jusqu’à Ghardaïa dans le sud algérien, que le commandant Piracci rencontrera Soleiman, à deux doigts d’être détruit par ce que la perte de son frère et des mois d’errance à travers les déserts libyen et algérien ont fait de lui – «une bête qui fait mordre la poussière à ceux qu’elle croise. […] une bête charognarde qui sait sentir l’odeur de l’argent comme celle d’une carcasse faisandée» (135) -, et qu’il se lavera enfin du crachat et du regard essuyés sur sa frégate en acceptant cette fois, lui qui «avait été tant de fois la malchance pour ceux qu’il croisait» (196), et à qui il était à présent «donné de pouvoir souffler sur le désir des hommes pour qu’il grandisse» (196), de devenir, pour rendre à Soleiman le courage de continuer qu’il avait perdu ce qui, la première fois qu’il en avait entendu parler sur la grande place du marché de Ghardaïa, l’avait pourtant rempli de dégoût face à la crédulité des hommes; une des ombres de la légende de Massambalo, «dieu des émigrés qui lance à travers le continent des ombres pour veiller sur les peuples en souffrance» (195) : «- Massambalo ? Le jeune homme venait de poser sa question pour la troisième fois. Il sembla alors à Salvatore Piracci qu’il n’était parti de Sicile que pour cet instant. […] Lentement, sans dire un mot, il acquiesça de la tête. Le visage du jeune homme s’illumina d’une lumière qu’il n’aurait jamais crue possible chez un être humain, […]» (196-197)

Son destin ainsi accompli, le commandant Piracci mourra apaisé, fauché par un camion sur une route poussiéreuse dont il ne savait même pas où elle menait. Il laissera derrière lui, signe d’une rédemption enfin acquise, un Soleiman ré-humanisé et réconforté par sa rencontre et qui repartira avec rage et obstination à la conquête de l’Eldorado qu’il finira par gagner, ainsi qu’une centaine des cinq cent candidats à l’émigration clandestine que «chaque kilomètre parcouru […] empêche à jamais de rebrousser chemin» (115), Maliens, Camerounais, Nigérians, Togolais, Guinéens, Libériens, qui, à la fin du roman, prendront en même temps que lui d’assaut la citadelle de l’enclave espagnole de Ceuta et qui réussiront à en passer les deux grilles; peut-être un hommage douloureux de l’auteur de Eldorado aux morts et à ceux qui ne réussiront pas des cinq cents candidats à l’émigration clandestine réfugiés dans les monts boisés d’Hamiti qui surplombent le petit village de Béni-Younès au Maroc et qui, en une terrible nuit du jeudi 29 septembre 2005, armés seulement d’échelles de bois et de branchages face aux matraques et aux balles en caoutchouc, prirent d’assaut la double clôture métallique haute de plus de trois mètres qui les séparait de leur eldorado.

Tout comme les romans de Binebine, de Fadel, d’Elalamy, de Sansal et de Skif, le roman de Gaudé prend fin sur la terrible annonce de ce qui est à venir : «Et les émigrants continueront à se presser aux portes de l’Europe, toujours plus pauvres, toujours plus affamés. Les matraques seront toujours plus dures mais la course des damnés toujours plus rapide. […] Pourquoi ne tenteraient-ils pas leur chance eux aussi, encore et encore ? Que quittent-ils de si enviable ?» (191)

En guise de conclusion :

Aspects communs – comme par exemple le foisonnement de personnages presque tous candidats à l’émigration clandestine et qui dit tant l’ampleur du phénomène que son impact, toutes générations et toutes catégories sociales confondues; l’empathie des auteurs envers eux et leur antipathie envers les passeurs et les réseaux de cet immonde trafic; la présence de la mer, cannibale jamais rassasiée qui réclame son dû de vies humaines, et l’entêtement des brûleurs de route à tenter le passage malgré leur fin tragique annoncée – ou divergents – comme surtout l’espoir de voir cette saignée s’arrêter comme le rêvent les romans de Ben Jelloun et de Lalami, seules d’entre les œuvres proposées, face aux autres œuvres annonciatrices dès les toutes premières publications des terribles statistiques existantes et à venir qui font le quotidien sinistre des médias – auraient pu conclure la revue de ces quelques romans qui traitent du phénomène de la harga, désespérant pour tous bien que dépeint dans la littérature comme vu comme l’ultime espoir de quelque avenir pour les personnages qui l’affrontent.

Pourtant, ultime tentative pour rallier le camp presque déserté de l’espoir, c’est par un dernier roman que prendra fin la présente présentation du thème des harraga dans la littérature.

Ce roman, de Taoufik Ben Brik, publié par Chihab Editions, Alger, 2007, est néanmoins tout aussi porteur de mauvaises nouvelles que ceux qui l’ont précédé dans cette revue. Il dit un Tunis d’où suinte au fil des pages, angoissant, un thème, le même que dans les autres, celui du départ, de la �’harga’ : Dans un Tunis «vide, triste, […] en panne» (148), où la majeure partie d’une jeunesse est décrite comme n’ayant plus le choix qu’entre «des activités de trottoir» (131) ou être «Jamaât Taht Sour (ceux qui s’adossent au mur)» (72); entre «la débrouillardise [ou] le noir désespoir du chômage, ce sentiment d’inutilité, ce dégoût de soi qui mène à Lampedusa» (127); «les Tunisiens n’ont qu’un seul problème : �’foutre le camp’» (149). Alors, écrit avec amertume jusque de sa propre famille le narrateur (l’auteur ?) «Il m’arrive souvent de nous compter pour savoir combien d’entre nous sont encore à Tunis.» (74) Et, après avoir égrené les prénoms de chacun – ineffable tristesse que véhicule la mention du prénom seul de l’absent -, essaimés aux quatre coins du monde à part les derniers qui sont toujours à Tunis mais menacent d’émigrer en Australie, arrive la sentence : «Á Tunis, rares sont les familles qui n’ont pas deux ou quatre membres qui ont foutu Eddar, le camp.» (75)

Alors, comment rallier par le biais de ce dernier texte le camp de l’espoir face à cette frénésie du partir que symbolise en plus, dans ce roman, les intitulés des sept chapitres qui le font et qui sont tous des portes; jusqu’à Tunis, dont l’intitulé du premier chapitre nous dit qu’elle en est une, la septième ? Peut-être en continuant d’espérer, même contre l’espoir et à l’instar de Ben Jelloun et de Lalami, qu’une porte peut se traverser dans les deux sens, pour partir, certes, mais aussi pour revenir; et que plus il y a de portes, plus les possibilités de retour restent grandes.

Autre possibilité, plus exaltante peut-être, que dit le titre de ce roman, fidèle quand il affirme Je ne partirai pas; une porte peut être là, élément de l’architecture d’une maison-nation, sans qu’elle s’accompagne pour autant pour ceux qui l’habitent de l’obsession de la traverser et de partir, même au risque de leurs vies. «Il existe en tunisois un mot, Dar, qui n’est pas toujours facile à traduire», écrit Taoufik Ben Brik, expliquant peut-être en même temps et les raisons du partir et les conditions du demeurer chez soi. «Étymologiquement ça désigne la maison […], c’est donc l’endroit où l’on se sent chez soi. Le mot identifie un lieu géographique, [mais aussi] un endroit où se trouvent réunis des proches […] Ainsi, il ne peut pas y avoir de chez-soi sans amour, sans le sentiment de constituer une unité […] Lorsque ce sentiment disparaît, c’est aussi la fin du chez-soi […]» (76) C’est peut-être dans l’idée de cet amour et de cette unité retrouvés, et malgré les baisers perdus qu’auront emporté ceux qui s’en sont allés, qu’en définitive réside l’espoir.

* Professeur à la faculté des lettres



Notes :
***** Expression alibi que nous empruntons au roman de Geneviève Dormann, Adieu Phénomène, Albin Michel, Paris, 1999.
Le quotidien d’Oran 27 juin 2009

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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