Cet essai se propose d’interroger le statut de la littérature et la place qu’elle occupe dans la société d’aujourd’hui. A quoi sert-elle et de quoi est-elle le révélateur ?
Si la littérature, parce qu’elle est objet d’un « commerce », est bien une marchandise, est-elle pour autant une marchandise comme les autres ? N’a-t-elle d’autre choix que d’être à son tour précipitée dans cette circulation autonome et devenue folle d’objets interchangeables, laquelle n’a comme logique que la rentabilité maximum ? Ou, et parce qu’elle est le produit d’une expérience singulière, qui trouve dans l’écriture son mode d’accomplissement privilégié, n’est-elle pas dotée malgré elle d’une capacité de résistance jusqu’ici insoupçonnée ?
A la fois irréductible et fragile, pour une large part devenue soit un objet de divertissement, soit le pur reflet de l’ordre social existant, dispose-t-elle encore d’assez de ressources pour continuer à prendre en charge l’inavouable, ce qu’il y a de plus obscur dans l’humain ? En passe d’être marginalisée, sinon peut-être éliminée, qui donc a intérêt à ce que cette part du négatif, qu’elle incarne depuis toujours, ne puisse plus être identifiée et que le corps social tout entier prenne ainsi le risque de se rendre pour lui-même illisible ?
Alain Nadaud,
31 juillet 2009
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