Dans le café de la jeunesse perdue
de Patrick Modiano
Editeur : Gallimard
Publication : 4/10/2007
Résumé du livre
Au début des années 1960, aux balbutiements du futur situationnisme, la bohème littéraire et étudiante se retrouve au Condé, un café de l’Odéon. Parmi les habitués, les quatre narrateurs du roman : un étudiant des Mines, un ancien des RG, une certaine Youki, alias Jacqueline Delanque, et Roland, jeune apprenti écrivain. Dans la première séquence, l’étudiant des Mines se souvient de la vie au Condé et décrit minutieusement les apparitions de Youki, jeune femme de 22 ans apparemment sans attache, qui lui donne l’impression de vouloir faire ‘peau neuve‘.
Dans la deuxième, Caisley, l’ancien des RG, mène l’enquête : le mari de Youki, Jean-Pierre Choureau, l’a chargé de la retrouver. Il découvre son enfance, aux abords du Moulin-Rouge où travaillait sa mère. Troisième partie : Youki prend la parole et se souvient de son enfance, de ses fugues, des bars interlopes du 18e… Elle évoque les hommes qui l’ont aimée : Jean-Pierre Choureau, Roland, Guy de Veer l’ésotériste qui lui a fait connaître la figure de ‘Louise du Néant‘ à laquelle elle s’identifie. Dernière partie : Roland se rappelle sa rencontre avec Youki et leur amour. Jeune homme passionné par l »éternel retour’ et qui écrit un essai sur les ‘zones neutres‘, il flotte, comme Youki, et croit pouvoir la rejoindre dans ses pensées. Mais elle lui échappe comme à tous les autres… Jusqu’au jour où il apprend, au Condé, que Youki s’est défenestrée…
31 juillet 2009 à 3 03 20 07207
par Thomas Flamerion
Le titre sonne comme un appel, un reliquat de romantisme d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître… Et les apparences ne trompent pas. ‘Dans le café de la jeunesse perdue’ s’inscrit bien comme le nouveau chapitre d’une oeuvre en cours, un chapitre au parfum de liberté et d’insouciance. Dans un Paris à la topographie minutieuse, Patrick Modiano provoque des rencontres, nourrit les questionnements, mélange écrivains réels et protagonistes imaginaires sur les banquettes du Condé, café carrefour, symbole d’un passé révolu et regretté.
Alors bien sûr, on pourrait accuser Modiano de s’inscrire dans un parisianisme littéraire si souvent décrié. Mais cela serait sans compter l’émotion palpable avec laquelle il nous transporte au coeur de la capitale, de la Trinité à la place Blanche, d’Argentine à l’Odéon. A défaut de chauvinisme, l’écrivain montre un attachement sensible à une cité qu’il érige en personnage secondaire, un choeur antique, témoin des tragédies ordinaires.
Son héroïne, Jacqueline Delanque, dite Louki, avance tel un pion sur l’échiquier. Elle ne maîtrise ni le temps ni l’espace mais s’y laisse guider par la plume légère et efficace de Modiano. Il est le joueur qui engage la partie, compose les règles, superpose les voix et trace les lignes tantôt fixes, tantôt fuyantes d’horizons incertains. Présent parce qu’on le connaît, parce qu’il ne trompe pas, mais subtilement en retrait, l’écrivain écrit court, direct, suggestif.
L’art de Modiano tient de la poésie, de cette couche infranchissable dont il enveloppe son petit monde, pellicule de temps indéfini et d’“Eternel Retour” sur ces “zones neutres” où se perdent ses personnages. Nostalgie et amnésie bercent toujours cet univers qui ressemble à la réalité mais demeure insaisissable. Certes, Modiano avance en terrain connu, mais c’est avec la même grâce et une mélancolie sans cesse renouvelée qu’il balaye les certitudes et nourrit de trouble l’extraordinaire quotidien.
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31 juillet 2009 à 3 03 21 07217
La plus belle phrase
Il y a de l’électricité dans l’air, à Paris, les soirs d’octobre à l’heure où la nuit tombe. Même quand il pleut. Je n’ai pas le cafard à cette heure-là, ni le sentiment de la fuite du temps.J’ai l’impression que tout est possible. L’année commence au mois d’octobre.
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31 juillet 2009 à 3 03 21 07217
La première phrase
Des deux entrées du café, elle empruntait toujours la plus étroite, celle qu’on appelait la porte de l’ombre.
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