Récits sapientiaux (68e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 67e partie n La femme du pêcheur a la fièvre de l’or : plus son mari en ramène, plus elle en veut. Elle lui impose à chaque fois de retourner à la mer et de faire des vœux !
Pour le pêcheur, c’est le bonheur total. Il est riche, il a des centaines d’hommes à son service, on le respecte… Sa femme, autrefois misérable, est comme une reine.
— Tu es la femme la plus riche du pays, lui dit-il.
— non, dit-elle, je peux avoir encore plus de richesses !
Ali fronce les sourcils.
— Ne me dis pas que tu veux retourner à la mer et chercher encore de l’or. Nous n’avons rien à faire de tout cet or et de toutes ces pierres précieuses !
— Je veux être encore plus riche que je ne le suis !
— je refuse de retourner à la mer !
— et moi, je veux que tu y retournes.
Elle fait tant, qu’il finit par céder. Et elle rapporte encore plus d’or et de pierres précieuses, remplissant armoires et coffres..
Le palais de Ali, l’ancien pêcheur, ne peut plus contenir tout l’or et toutes les pierres précieuses amassées.
— tu es satisfaite maintenant ? dit Ali à sa femme.
— j’ai assez d’or, mais cette fois-ci je veux autre chose.
— quoi encore ? dit Ali.
— je veux le pouvoir…
Ses yeux se mettent à briller.
— je veux gouverner les hommes !
— je ne sais pas si le poisson-génie va nous accorder ce pouvoir !
— retournons à la mer…
Ali, une fois de plus, cède à sa femme. Un matin, alors que l’aube commence à poindre, ils prennent le large.
— nous sommes arrivés…
La femme réfléchit à ce qu’elle va demander.
— tu veux devenir reine !
— non, cela ne me suffit pas… Je ne gouvernerai qu’un pays !
— tu veux un empire !
— cela ne me donnerait l’autorité que sur une région du monde…
— alors, que veux-tu ?
— je veux devenir Dieu !
L’homme est effrayé.
— tu es folle !
— seul Dieu commande tous les hommes, seul Dieu décide des destinées ! Fais le vœu.
Ali, effrayé par sa femme, fait le vœu…
La barque retourne d’elle-même vers la plage, comme poussée par une main invisible. Les époux accostent… devant leur ancienne masure. Leurs enfants les accueillent, en pleurant : «nous avons faim !» Le palais, les boutiques, l’or… Tout a disparu comme par enchantement… La convoitise gâte le caractère ! (à suivre…)
K. N.
29 juillet 2009
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