Histoires vraies
Un héros impertinent (4e partie et fin)
Résumé de la 3e partie n Chacun, au gré de son humeur, revêt le Manneken-Pis de différents costumes et uniformes…
L’années 1914-1918 le héros belge est fréquemment représenté dans les caricatures de la presse cIandestine. Au moment de la victoire, les Français en font un caporal honoraire : il distribue du vin rouge. Désormais il portera tous les uniformes alliés. Les Italiens lui offrent des plumes de bersagliero. Les Etats-Unis en font un scout, un marine, un peau-rouge. Désormais, chaque corporation veut l’avoir comme membre d’honneur. Notre enfant sans pudeur devient garde champêtre de Montmartre, maharajah de l’Inde, samouraï japonais, pelotari basque, guerrier watutsi, danseur géorgien.
Le 30 mai 1940, le Manneken-Pis, toujours immuable dans ses gestes, reçoit la visite de HitIer… Mais le Führer n’avait pas demandé à admirer la statue. Cette idée était de son guide, ancien attaché de l’ambassade d’Allemagne à Bruxelles. Quand il aperçoit le héros bruxellois, l’œil de Hitler devient de glace. Il lance un commentaire : «Répugnant !» Et il ordonne au chauffeur d’accélérer…
Après la Libération, les uniformes se multiplient. Les années passent : un jour, on le retrouve vêtu d’un blouson de cuir noir et d’un blue-jean. Mystère…
Le Manneken-Pis n’a pourtant pas que des amis. En 1955, des fanatiques essayent de briser sa «bistouquette», qu’ils jugent obscène. Une association d’artistes, de bons vivants et d’intellectuels se constitue pour sa sauvegarde. En vain !
1963 : le Manneken-Pis a disparu !
Le scandale est énorme ! On connaît bientôt les coupables : des étudiants flamands de l’institut Saint-Ignace, à Anvers… la ville rivale de Bruxelles. On les retrouve, on les poursuit, on les condamne…
1966 : les jambes du Manneken-Pis ont été brisées. Tout le reste de la statue a disparu… Horreur ! Rien d’autre à faire que de reprendre les moules et refondre une nouvelle statue…
1966 : une lettre anonyme arrive à la police de Bruxelles. C’est elle qui permet de récupérer les morceaux manquants, dans le canal de Charleroi. Mais les coupables courent toujours. On prend des mesures pour protéger ce «membre» à part entière du patrimoine d’outre-Quiévrain. Et l’histoire continue…
1978 : le matin du 26 avril, on constate une fois de plus la disparition du charmant bonhomme. Le socle de pierre bleue a souffert. Le système d’alarme n’a pas fonctionné. Il faut précipitamment mettre en place une copie en plâtre. Elle disparaît à son tour… Cette fois, on retrouve statue et plâtre à l’Institut technique d’Anderlecht, chez les étudiants.
Espérons qu’il s’agisse de son dernier avatar… En tout cas, aujourd’hui, le Manneken-Pis est doté d’une alarme sophistiquée. Dieu sait où elle est fixée !…
D’après Pierre Bellemare
29 juillet 2009
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