Mehmet Agha l’aigrefin (4e partie)
Résumé de la 3e partie n La femme du bijoutier – toujours déguisée en homme – apprend comment son mari a été berné par Mehmet Agha…
De quel pays es-tu ?
— Je suis d’Aydin et je voyage, allant où bon me semble.
— Comment es-tu arrivé jusqu’ici ?
— J’ai entendu parler de Mehmet Agha l’Aigrefin, dont la fille et très jolie, mais très légère, dit-on, et je suis venue la voir.»
Celui-ci jure par tous les grands dieux que sa fille n’agit pas ainsi, que tout cela est faux…
Finalement ils font un pari : si le voyageur rapporte une preuve de la mauvaise conduite de sa fille, il possédera désormais l’auberge et la fortune de l’aubergiste qui deviendra son domestique jusqu’à la fin de ses jours. Au contraire, si le voyageur ne rapporte rien, ses biens seront la propriété de l’heureux père, dont il deviendra le domestique à vie.
Pendant ce temps-là, le serviteur Ahmet Agha attendait dans la chambre en buvant, et n’était au courant de rien. Peu après son maître revient : «Je vais m’absenter un certain temps. Toi, tu ne sortiras de la chambre sous aucun prétexte, même pour aller faire tes besoins. Tu demanderas aux domestiques tout ce que tu veux, je les payerai. Si jamais je reviens avec quelqu’un, tu ne le laisseras pas sortir derrière moi lorsque je quitterai la pièce.» Puis elle va dans sa chambre mettre ses habits de femme, et sort de l’auberge par la porte de derrière…
A Biga se tenait jadis le marché aux esclaves. Elle en achète une et lui confie un grand panier. Dans divers magasins elle choisit des canifs, des couteaux, des chapelets, des perles, etc. En ville, elle demande à un enfant où se trouve la maison de Mehmet Agha l’Aigrefin.
A partir de là, elle compte trente-neuf maisons, frappe à la porte la plus éloignée pour demander l’hospitalité. On la fait entrer et on lui demande d’où elle vient ? Elle répond qu’elle est de retour du Pèlerinage à la Mecque, puis elle distribue à tous ceux qui sont là et qui viennent lui souhaiter la bienvenue des petits cadeaux. Les voisines l’invitent également à venir dans leurs maisons les jours suivants. Elle accepte toutes les invitations pour ne blesser personne, et ainsi elle se rapproche petit à petit de la maison de Mehmet Agha. Une maison, deux maisons, et ainsi de suite… Chaque jour elle distribue ses petits cadeaux, soi-disant de la Mecque, à ceux qui l’hébergent. Quand elle se trouve à 10 ou 15 maisons de celle de l’aubergiste, sa femme et sa fille lui rendent visite, deviennent ses amies et insistent pour qu’elle soit leur invitée. Le 39e soir, elle arrive chez elles avec son esclave. (Auparavant elle a prévenu celle-ci qu’elle serait tantôt gentille tantôt méchante avec elle, mais qu’elle ne devait ni protester ni se plaindre.)
Mehmet Agha rentre chez lui, ils se mettent à table et mangent, s’entretenant de choses et d’autres, puis celui-ci repart à l’auberge. Elle passe la nuit chez eux et au matin appelle son esclave : «Depuis 39 jours, nous sommes ici, nous allons de maison en maison, maintenant il est temps de rentrer au pays. Apporte le panier aux cadeaux.» L’esclave obéit, mais comme il ne restait plus de beaux cadeaux, la jeune femme se met en colère et la bat, l’accusant d’avoir laissé à l’auberge, parce qu’ils étaient trop lourds, les cadeaux qu’elle destinait à ses hôtes. (à suivre…)
Traduits du turc et présentés par A. Flamain et M. Nicola
29 juillet 2009
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