Histoires vraies
Un héros impertinent (3e partie)
Résumé de la 2e partie n Les Bruxellois cherchent dans des légendes lointaines et chacun y va de son commentaire afin de donner une raison d’être de la statuette.
Quelques années plus tard, Maximilien-Emmanuel de Bavière, gouverneur des Pays-Bas, a l’idée de lui offrir son premier costume, un bel habit bleu à la bavaroise. C’est le début de sa garde-robe.
1745 : bataille de Fontenoy. Les soldats british du duc de Cumberland croient déjà que la victoire leur appartient. Leur vertu britannique est choquée par le Manneken-Pis, et ils démontent la statue. Heureusement, ils l’abandonnent à Grammont, en FIandres, et elle réintègre son socle de pierre bleue.
Pas pour longtemps : les braves Français, vainqueurs de Fontenoy, arrivent en ville. Pour fêter leur «Messieurs les Anglais, tirez les premiers !», les Français déboulonnent le Manneken-Pis et lui font faire la tournée des grands-ducs.
Cette fois-ci, les Bruxellois voient rouge et courent sus aux Français. Des affrontements sanglants ont lieu. Louis XV lui-même doit intervenir pour obtenir de ses soldats la remise en place du Manneken. Du coup, pour apaiser les esprits, le Bien-Aimé se croit obligé d’offrir au bambin impudique un superbe habit de brocart et de broderies d’or, une épée et le grand cordon de l’ordre de Saint-Louis. Pourquoi cette décoration ? Simplement pour obliger les soldats français à rendre les honneurs à la fontaine chaque fois qu’ils passeront devant.
1790 : le Manneken-Pis arbore une cocarde rouge, jaune et noire, emblème des insurgés brabançons, sous le nez même des soldats autrichiens. Après Jemmapes, la fontaine reçoit un bonnet phrygien.
Bonaparte est de passage incognito à Bruxelles. Il descend à l’hôtel d’Angleterre et rend une visite discrète au Manneken-Pis. Peut-être lui demande-t-il de l’inspiration pour le débarquement en Angleterre qu’il a en tête… Bonaparte pense transformer l’enfant en fifre de la garde impériale. En définitive, il en fait un chambellan, tout chamarré et coiffé d’un panache. Puis arrive WaterIoo, morne plaine : le Manneken-Pis, sans changer d’expression ni de posture, devient officier du prince dl’Orange-Nassau.
Le 6 octobre 1817, les Bruxellois sont en émoi : le Manneken-Pis a été volé. Pas de motif politique : le responsable est simplement un repris de justice, Antoine Licas. On le recherche, on l’arrête. Il se retrouve le cou coincé dans un carcan d’infamie. Et pour bien montrer qu’on ne rit pas avec le Manneken-Pis, Licas est condamné aux travaux forcés à perpétuité et à la brûlure infamante au fer rouge… Bigre !
1830 : voici le Manneken-Pis revêtu du sarrau des révolutionnaires belges. La liste de ses costumes, plus somptueux les uns que les autres, s’allonge, la liste des couvre-chefs aussi. Chaque 21 juillet, jour de fête nationale, le Manneken-Pis redevient marquis en habit de soie, et il distribue… de la bière ! (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
29 juillet 2009
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