Velaajouth : 2eme partie
« Cela fait des jours que je remets ça, je croyais que tu allais grossir, mais puisque tu ne veux pas devenir gros, on ne va pas faire la fine bouche, on va te dévorer comme ça ! »
Teriel sort de chez elle et va ramener sa fille. « M-eth vaâlouchte » à l’œil blanc de chez sa tante (khaltes).
De retour chez elle, elle donne des instructions à sa fille. Vélâjoudh prisonnier entend tout. Elle ordonne à sa fille de rouler du couscous, de sortir Vélâjoudh de l’ak’oufi, de l’égorger et de le débiter en morceaux.
Tout doit être prêt, quand sa mère rentrera, accompagnée de ses invités.
Dans sa prison Vélâjoudh est angoissé. Sa fin est arrivée. Il va servir de repas à Teriel et aux membres de sa famille. Les propos de Teriel sont effrayants.
Après avoir préparé tous les ingrédients nécessaires, elle ouvre le grand couvercle du dessus de l’ak’oufi qui était bien scellé. Elle se saisit de Vélâjoudh.
Il la mord, elle lâche prise et se met à crier.
Profitant de ce moment de répit, Vélâjoudh se saisit de la lame qu’elle avait laissé tomber et lui tranche la gorge. Une fois l’adversaire terrassé, il la débite en morceaux qu’il met à cuire dans une grosse marmite (thaqd’irth ou thasilte thamoqrante).
Vélâjoudh se déguise ensuite pour prendre les apparences de la fille de l’ogresse. Il met ses habits et s’affuble d’un bandeau sur l’œil pour donner l’illusion. Une fois le repas prêt, il le sert à l’avance aux invités. Il ne reste plus qu’à saucer.
Il sort dehors, et met près de l’entrée de la grotte des fagots de bois, qui lui serviront à allumer un feu, au moment voulu.
Puis, il fait le guet en montant sur un arbre. Dès qu’il voit Teriel et ses invités, il entre dans l’antre, et les reçoit en contrefaisant sa voix, et en se cachant le visage avec un foulard. Teriel est aux anges. Sa fille (Vélâjoudh déguisé) s’est acquittée avec brio de toutes les tâches, dont elle l’avait chargées. Elle la remercie de vive voix. En mangeant, une invitée trouve un œil blanc dans son plat, elle s’écrie :
Ats ghiled tsavaâloulte N-illi-m a khalti Teriel !
(On dirait l’œil de ta fille, tante ogresse ! Tout le monde s’arrête de manger).
Les invités examinent un à un l’œil et déclarent à l’unanimité, que ça ressemble effectivement beaucoup à l’œil malade de sa fille.
Teriel appelle sa fille, et court vers elle. Craignant de se faire prendre, Vélâjoudh se débarrasse des habits de la fille de l’ogresse et se précipite vers la sortie de la grotte, tout en criant :
Teriel thetcha Illi-s
Teriel thetcha illi-s !
(Teriel a mangé sa fille ! Teriel a mangé sa fille !)
Teriel le poursuit en tâtonnant, elle trébuche et tombe. Dès qu’il sort de la grotte, il allume un feu de brindilles, qui s’enflamment aussitôt. Il enfourne ensuite plusieurs fagots qui prennent feu. En un clin d’œil, l’entrée de la grotte devient un brasier.
Teriel et ses invités suffoquent. Ceux qui tentent de sortir sont brûlés vifs.
C’est ainsi que Vélâjoudh met fin pour des années, à tous les ogres et ogresses de la contrée, et assure sa renommée. « Our kefount eth’houdjay i nou our kefoun ird’en tsemz’ine. As m-elâid’ ametch ak’soum ts h’em’zine ama ng’a thiouanz’iz’ine. »
(Mes contes ne se terminent, comme ne se terminent le blé et l’orge.
Le jour de l’aïd nous mangerons de la viande avec des pâtes, jusqu’à avoir des pommettes rouges et saillantes).
Benrejdal Lounes
29 juillet 2009
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