Histoires vraies
Un héros impertinent (2e partie)
Résumé de la 1re partie n Les récits les plus farfelus alimentent des débats autour de la famille Duquesnoy et la fameuse statuette appelée «source du petit Julien».
Les troupes amies demandent alors à voir le jeune duc et elles défilent devant la duchesse qui tient son héritier dans ses bras. On acclame le suzerain nourrisson. Mais un baron dit : «Madame, si nous voulons remporter la bataille qui s’annonce, il faut que Monseigneur le duc assiste à l’événement.»
C’est pourquoi, sur le lieu choisi pour l’affrontement, on suspend aux branches basses d’un arbre le berceau, entouré par les étendards de Flandre et de Brabant. Non loin de là, on voit le village de Ranzbeek-lez-Vilvoorde. Et les troupes fidèles, un moment en mauvaise posture, trouvent la force de ne pas reculer au-delà du jalon sacré constitué par le berceau du duc. Soudain, à l’étonnement général, on s’aperçoit que celui-ci s’est spontanément dressé dans son berceau ; et là, devant tout le monde, il arrose la terre. Ce signe redonne courage à ses troupes, qui s’élancent impétueusement vers la victoire…
On aurait alors élevé la première statue pour perpétuer le souvenir de ce geste magnifique.
Selon de mauvais esprits, le jeune Godefroi III, déjà plus âgé, se serait laissé aller jusqu’à voler de l’argent à sa gouvernante et à «faire le mur» de son palais, pour rejoindre quelques autres garnements. La joyeuse bande aurait, grâce à l’argent dérobé, avalé de nombreuses pintes de «gueuse» ; et c’est ainsi qu’on aurait retrouvé le jeune duc au moment où, en pleine rue, dans les vapeurs de l’alcool, il aurait satisfait une envie très peu protocolaire.
Troisième version. Godefroi est à la tête d’une procession lorsqu’il est pris d’une envie irrésistible. Alors, fort de son statut social, il quitte la procession et là, au coin de la première rue venue, il se soulage sous l’œil des donzelles et des bonnes gens.
Autre version : nous sommes au retour des croisades. Le jeune comte Van Hove, son épouse et son fils de cinq ans, sont dans la foule. Au moment où les croisés parviennent devant eux, l’héritier se met à leur faire pipi au nez. Vexés, les Van Hove ont l’idée de faire élever une fontaine commémorative pour anoblir l’incident. A moins qu’il ne s’agisse du geste héroïque d’un jeune Bruxellois anonyme qui, voyant une bombe sur le point d’exploser, n’ait pas trouvé mieux que de l’inonder pour éteindre la mèche !
Cependant, Godefroi ou pas, bombe ou pas, l’œuvre ne va pas connaître les jours tranquilles qu’elle aurait pu espérer.
1695 : Bruxelles est bombardée par le maréchal de Villeroy : le Manneken-Pis est démonté, mis à l’abri, puis remis en place. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
29 juillet 2009
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