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Robert PINGET (1919)

23 juillet 2009

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Robert PINGET (1919)

Ecrivain français, d’ascendance savoyarde, né à Genève où il fait ses études de droit tout en s’adonnant à la poésie, à la musique et à la peinture. Il renonce à la profession d’avocat en 1946 et entre aux Beaux-Arts à Paris dans l’atelier de Souverbie,

un disciple de Braque. Période de vaches maigres où il voyage beaucoup, dans des conditions souvent précaires (l’Espagne, l’Afrique du Nord, La Yougoslavie, Israël). Il fait ses adieux à la peinture en 1950 par une exposition Boulevard Saint-Germain. Survit grâce à des travaux de rédaction (le Dictionnaire des Oeuvres de Laffont-Bompiani), participe à la création de Jours de France. Ses débuts littéraires sont hasardeux : après un premier volume composite, Entre Fantoine et Agapa, édité à compte d’auteur à La Tour de feu en 1951, il est publié successivement par Robert Laffont, Mahu ou le Matériau, Gallimard, Le Renard et la boussole, avant de trouver son havre aux Editions de Minuit. Jérome Lindon édite une version abrégée de Graal flibuste en 1956, rachète les droits des premiers ouvrages et publiera l’ensemble de son oeuvre. Robert Pinget défend désormais les couleurs du Nouveau Roman, aux côtés de Robbe-Grillet, Butor, Ollier, Simon et Sarraute auprès de qui il figure sur la célèbre photo prise devant le siège des Editions de Minuit, rue Bernard Palissy. Il publie successivement Baga, Le Fiston, Clope au dossier et plusieurs pièces de théâtre avant de connaître le succès avec L’Inquisitoire (Prix de la Critique en 1962) et avec Quelqu’un (Prix Femina en 1965)
Mais c’est le théâtre qui le fait vivre et les commandes de la radio. (la B.B.C., Radio Stuttgart, relayés par l’O.R.T.F.) Robert Pinget a eu la chance d’être monté par les plus grands interprètes. Jean Vilar accepte sa première pièce, Lettre morte, pour le théâtre Récamier (196O). Beckett adapte La Manivelle en anglais sous le titre The Old Tune (1960) et Pinget lui rend la pareille pour Tous ceux qui tombent (All That fall) et Cendres (Embers). Architruc, créé par Olivier Hussenot dans un minuscule café-théâtre, est repris au Théâtre français en 1971, à l’initiative de Pierre Dux et joué par Jacques Charron. et J.P. Aumont Jean-Louis Barrault reprend L’Hypothèse , jouée par Pierre Chabert, à L’Odéon-Théâtre de France, dans une mise en scène de Samuel Beckett.(1966) Le Festival d’Avignon lui apportera la consécration en 1987 :

La télévision n’est pas en reste : Jean Devewer a adapté Lettre morte pour L’ORTF en 1966 avec J. Galland et Claude Mansard, interprète de Ionesco. Jean Mitrani réalise Autour de Mortin en 1969 avec notamment Loleh Bellon, Denise Péron, Lucien Raimbourg, Etienne Bierry, Georges Riquier). Il avait déjà tourné Tous ceux qui tombent en 1962. C’est Jean Brard qui tournera finalement Le Bifteck, adapté de Quelqu’un par Pinget en 1980. Un autre scénario de Pinget, Voyager loin, est resté sans suite (publié par J.M. Place en ) Il faut encore mentionner le film de Joël Jouanneau sur L’Hypothèse (1988?) qui a obtenu un immense succès et l’adaptation de Architruc par Gérard Mordillat pour Arte, coproduit par la Comédie française avac J.P.Aumont et J.L. Bideau (1997).
Les premières oeuvres de Robert Pinget sont capricieuses et fantaisistes. Il cherche sa voie dans les nouvelles (Entre Fantoine et Agapa), la relation de voyage, réel ou parodique (Le Renard et la boussole, Graal flibuste), la fausse confession (Baga, Clope au dossier). Le Fiston amorce l’évolution formelle du roman : la seconde partie du récit reprend systématiquement la première et en la récrivant la décompose.

Jusqu’au Libera (1967) qui constitue avec L’Inquisitoire, Quelqu’un, Autour de Mortin, l’épine dorsale de l’oeuvre, le monde de Pinget reste à la fois cohérent et improbable, greffé sur la tradition réaliste mais dévoyé par les contradictions internes, la multiplication des sources de la parole qui gauchissent le récit, embrouillent l’intrigue et dissolvent peu à peu les frontières de son univers, balisé fortement toutefois par la permanence des noms de lieux (Agapa, Fantoine, Crachon, Sirancy) et des noms de personnes qui séduisent et raccrochent le lecteur (la Lorpailleur, Latirail, Mortin, Levert, Ariane de Bonne-Mesure).

Avec Passacaille, Fable, Cette Voix, L’Apocryphe et l’Ennemi, les noms se raréfient, le paysage tend vers le symbolisme (la Ville, la Maison), le calendrier se fait liturgique, le paragraphe devient verset. L’écriture s’exhibe et se représente sous la forme d’un gigantesque chantier dont le dernier mot reste à écrire. (Monsieur Songe et la série de ses Carnets (Le Harnais, Charrue, Du nerf, Taches d’encre) est sous une forme humoristique, un autoportrait narquois de l’écrivain-moraliste et des affres de l’écriture.)

Le théâtre subit une évolution parallèle: Identité, Paralchimie sont des farces métaphysiques qui privent les personnages de substance et mettent en scène le tourniquet de la parole. Les deux pièces ont été montées de façon confidentielle au Petit Odéon par Pierre Gasc et des acteurs de la Comédie française (). Abel et Bela fait exception et connaît de multiples reprises : deux prétendus auteurs se jettent à la recherche des recettes les plus éculées d’un succès populaire. Mais c’est eux et la vanité de leurs efforts qui finissent par devenir le sujet du drame : la réussite de la pièce.est fondée sur leur échec J.P. Roussillon et M. Aumont devaient incarner inoubliablement les deux râtés.
Le succès, Pinget le doit surtout à deux metteurs en scène qui se sont emparés de son oeuvre et l’ont montée avec constance.dans un régistre tout à fait différent. Jacques Seiler dont l’adaptation de Autour de Mortin contemporaine de celle des Exercices de style d’après Queneau, a été un franc succès et qui devait récidiver avec Monsieur Songe, Théo et Quelqu’un. Joël Jouanneau dont l’Hypothèse, avec Warrilow a été l’événement du Festival d’Avignon en 1987. David Warrilow devait ensuite incarner le domestique de L’Inquisitoire aux prises avec le diable et prouver s’il en était besoin aux détracteurs du Nouveau Roman la lisibilité de l’oeuvre.

Le théâtre a servi à populariser l’oeuvre de Pinget. Nombre de pièces sont des adaptations des romans, soit littérales (La Manivelle, extrait de Clope, L’Inquisitoire), soit ingénieusement recomposées : Lettre morte, issu du Fiston, Architruc tiré de Baga. On peut considérer L’Hypothèse comme la seule grande pièce représentative du Nouveau Roman, avec la mise en scène vertigineuse de l’écriture et de ses apories (Antoine Ryckner, Théâtres du Nouveau Roman, Corti, 1988). Le drame de l’écrivain forme aussi la trame d’Identité et de Paralchimie que complète un ironique traité de la dramaturgie sous forme de dialogue, Abel et Bela.

Pinget est également l’auteur d’un important théâtre radiophonique partiellement regroupé dans Un testament bizarre. On fera une place à part à Autour de Mortin, porté à la scène par Jacques Seiler en 1979 : évocation d’un écrivain disparu à travers des interviews contradictoires, complétés vingt ans plus tard par un ultime démenti (Mortin pas mort). Que reste-t-il de l’écrivain après sa mort ? Un tissus de cancans, de rumeurs, d’insinuations, un vaste malentendu sur une « gloire » dont on s’efforce de le dépouiller. Heureusement, sa vie est passée dans ses livres, l’écriture est l’instrument de la survie.
Oeuvres : Les oeuvres de Pinget, à l’exception des trois premières, de Cette chose et De rien (éditions de luxe illustrées) ont toutes été publiées ou republiées aux éditions de Minuit :

Entre Fantoine et Agapa, Jarnac, La Tour de feu,1951/ Minuit,1956. Mahu ou le matériau, Robert Laffont,1952 / Minuit, 1956. Le Renard et la boussole, Gallimard, 1953/ Minuit, 1971. Graal flibuste, 1956 / 1966 (édition complète). Baga, 1958. Le Fiston, 1959. Lettre morte suivi de La manivelle, 1959. Clope au dossier, 1961. Ici ou ailleurs, suivi de Architruc et de L’Hypothèse, 1961. L’Inquisitoire, 1962. Autour de Mortin, 1965. Quelqu’un, 1965. Cette chose, Denise René, 1967, illustré par Jean Deyrolle / réédité par Deyrolle, 1990. Le Libera, 1968. Passacaille, 1969. Identité, suivi de Abel et Bela, 1971. Fable, 1971. Paralchimie, suivi de Architruc, l’Hypothèse, Nuit, 1973. Cette voix, 1975. L’Apocryphe, 1980. Monsieur Songe, 1982. Le Harnais, 1984. Charrue, 1985. Un Testament bizarre, 1986. L’Ennemi, 1987. Du nerf, 1990. Théo ou le temps neuf, 1991. De rien, Maeght, 1991, illustrations de Arroyo.
BAETENS Jan, Aux frontières du récit. Fable de Robert Pinget. Paratexte / Universitaire Pers Leuven, 1987.

HENKELS, Robert, Robert Pinget, The Novel as Quest, University of Alabama Press, 1979.

PRAEGER, Michèle, Les Romans de Robert Pinget. Une écriture des possibles. French Forum, Lexington, Kentucky,1986.

RENOUARD, Madeleine, Robert Pinget à la lettre, Entretiens, Belfond,1993.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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