Mercredi 29 Aout 2007 — Lundi soir, les planches du Théâtre national algérien (TNA), ont vibré sous la prestation talentueuse des comédiens qui ont présenté la nouvelle production du TNA de Moudaouanat el manchoud bine el mafkoud oual maoudjoud (Les manuscrits enchantés entre le perdu et le retrouvé), mise en scène par Mohamed Kacem assisté de Hayder Ben Hussein et Fadel Abbas.
Durant plus d’une heure trente, les nombreux spectateurs présents, dont la ministre de la Culture, Khalida Toumi, ont été captivés par la pièce qui relatait une des facettes du penseur et philosophe Abou Hayyan Attawhidi face à l’oppression des Bouwayhiyine.
Mohamed Kacem, qui est également l’auteur de la pièce, s’est focalisé sur l’aspect rebelle du penseur à toute forme d’oppression et le rôle de l’intellectuel dans l’éveil de la conscience du peuple face à la tyrannie d’où qu’elle vienne. La pièce a également porté un œil critique sur la lâcheté d’une partie de la société qui est prête à se vendre pour la survie.
Le talentueux comédien natif de Tindouf, Abdelhalim Zribi, a incarné magistralement le personnage Abou Hayyan Attawhidi. Ses tirades déclamées avec ferveur et authenticité ont transpercé les âmes des présents, les emportant au cœur de ce drame de l’injustice et du mépris des penseurs et de la dignité humaine face à l’appât du gain et de la soif du pouvoir absolu.
Les autres comédiens venus des troupes indépendantes de Tindouf, de Béchar et de l’ISMAS de Bordj El Kiffan à l’instar de Fethi Kafi, Aïssa Chouat, Driss Ben Hedid, Moustapha Mohamed, Sefrani Moustapha, Asma Ammour et Mounira Fissa Roubhi, ont également talentueusement interprété leur rôle.
Il est à souligner la pertinence et la beauté de la scénographie, signée Suleiman Badri, dont l’une des pièces maîtresses était le décor constitué de larges panneaux de toile artistique ou s’entremêlent des calligraphies et des arabesques féériques exécutées par Mebrouk Badri, Abdelmadjid Amin Hocine, Mourad Bouchari.
Tout au long de la représentation à travers différents tableaux, dans un rythme qui monte crescendo, les spectateurs sont amenés à suivre la résistance de l’esprit contre l’oppresseur qui réussit à acheter la lâcheté des opportunistes de tous bords, même des pseudo-intellectuels de pacotille. Une résistance dont le sacrifice a amené la plèbe à réagir et à lutter.
Dans l’impressionnant tableau final, d’un côté la ligne des soldats du roi, armés de lances aiguisées, face à celle du peuple, où hommes et femmes se sont armés de longs bâtons où étaient suspendues les casseroles vides de la famine.
Refusant de continuer à courber l’échine, le peuple jettera les casseroles à terre et se précipitera vers les soldats pour défendre leur dignité d’hommes libres de penser et de vivre en toute fierté.
Ainsi, le penseur dans son acte de désespoir a insufflé le tourbillon de la révolte pour galvaniser le peuple afin de se rebeller contre toute forme d’autoritarisme, surtout celui de l’esprit. A la tombée de rideau, une standing ovation de près d’une dizaine de minutes a salué toute la troupe qui a offert aux amateurs de théâtre un spectacle de haute qualité. Avec cette nouvelle production du TNA, toute la troupe a démontré sur scène les nombreux talents que recèle l’Algérie dans le domaine du quatrième art pour peu qu’on leur fasse confiance et qu’on leur permette de prendre de l’élan pour déployer toute leurs potentialités.
Moudaouanat el manchoud bine el mafkoud oual maoudjoud sera à l’affiche jusqu’au 7 septembre à travers des représentations qui se dérouleront à 19 heures en semaine et à 16 h les week-ends au TNA.
23 juillet 2009
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