Il y a soixante ans, Max Jacob (1876-1944) quittait cette planète. Toute sa famille avait été arrêtée et assassinée par les nazis et les traîtres français qui collaboraient avec eux, Max Jacob l’un des plus déterminants poètes du XXème siècle devait hélas subir le même sort. Nous n’oublierons jamais les conditions de la mort de Max à Drancy.
Du Cabinet Noir au Cornet à dés en passant par Cinématoma, Le Laboratoire Central et les poèmes d’un certain Morvan Le Gaélique, il y a chez Max Jacob suffisamment de nouveautés inusables et de facéties pour satisfaire les esprits les plus gourmands. Cet homme, dirait celui qui lirait Max Jacob d’aventure, sans souci de position ni de hiérarchie, est sûrement un poète. Il est vrai qu’il y a beaucoup de poésie dans la poésie de Max Jacob. En deux mots comme en quatre et même en un seul : Max Jacob était un poète, ce qui n’est pas vrai de tous les poètes ou, pour être plus précis, de tous ceux qui sont considérés comme tels sous le prétexte qu’ils ont écrit ou écrivent des poèmes. Qui douterait, oserait douter de la qualité de poète de Charles Baudelaire, par exemple?
Ici, je vois sursauter le lecteur avisé. Comment pourrait-on ignorer ou nier les vertus poétiques de l’auteur des Fleurs du Mal? Qui oserait, quel fou?
Apaisez-vous — Max Jacob ne se prenait pas pour Baudelaire. Mais celui qui signera ces lignes préfère carrément Max Jacob à Baudelaire. Oui, c’est mon droit après tout. Pourquoi voulez-vous que je subisse une hiérarchie, aussi bien installée ? Oui, je préfère Max Jacob à Baudelaire et si je poussais un peu plus loin, j’avouerais, à tort ou à raison, que franchement je n’aime pas beaucoup Baudelaire. C’est mon droit après tout ! (deuxième édition). Par contre, j’adore Max Jacob. J’aime beaucoup aussi Robert Desnos. Et vous? Des goûts et des couleurs ! La hiérarchie installée m’agace, me brûle. Toute ma vie, ici comme ailleurs, j’aurai été en porte-à-faux. Et encore, je me retiens de proclamer tout haut tout ce que je ressens, tout ce que je crois. Il n’y a rien que je haïsse autant que les moutons de Panurge. Vive Max Jacob ! Vive Robert Desnos ! Vive René Daumal !
Et puis, comme disait ma grand’mère: – Des goûts et des couleurs!
Jean-Pierre Rosnay
paru dans Vivre en Poésie
21 juillet 2009
Non classé