Récits sapientiaux (41e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 40e partie n Les sentences de bent al-Khoss, si elles procèdent du bon sens, reflètent les idées de la société traditionnelle avec ses préférences et ses préjugés.
La tradition est redevable de nombreux proverbes, attribués à bent al-Khoss. Ainsi :
«Le serpent le plus redoutable est celui qui sort d’un sol aride»
«La monture la plus vorace est celle qui allaite»
«Le meilleur morceau de viande est celui qui se trouve près de l’os», etc.
Ces proverbes se retrouvent en Orient et sont cités par de nombreux auteurs.
Parmi les maximes les plus courantes au Sahara algérien, on cite celles-ci :
«Un sultani (c’est-à-dire une pièce d’or représentant le sultan) dans ta main, vaut mieux que dix que tu as dépensés» (autrement dit : «un tiens vaut mieux que deux tu l’auras !)»
«Lève-toi le matin, de bonne heure, ainsi tu accompliras ton affaire, et écoute ce que dit le présage» (il faut se démener pour réussir une affaire, mais il faut aussi croire aux présages et au destin : autrement dit, on fait des efforts, mais il faut laisser Dieu décider du sort).
Bent al-Khoss voit dans les animaux, notamment les chameaux, une richesse, mais elle accorde également une grande importance à la terre.
A son père qui lui demandait, un jour, quelle est la plus grande richesse, elle répond : «Des palmiers plantés sur des terrains humides et qui fournissent des fruits en période de famine.»
Bent al-Khoss, comme tout sage, est consultée par de nombreuses personnes. Un homme vient un jour lui dire :
«Je veux me marier, dis-moi quel genre de femme dois-je épouser ?»
— Cherche-toi une femme brune, mais belle de visage, lui répond-elle, une femme issue d’une famille noble ou puissante.
— Et quel genre de femme dois-je éviter ?
— La femme querelleuse !
Les sentences de bent al-Khoss, si elles procèdent du bon sens, reflètent les idées de la société traditionnelle avec ses préférences et ses préjugés. C’est le cas de son opinion sur la femme. Ainsi, à un homme qui lui demande quelle est, à ses yeux, la femme qui a le plus de mérite, elle déclare :
— C’est la femme qui reste dans la cour de sa maison (à travailler), qui remplit les vases et qui mélange d’eau le lait qui se trouve dans l’outre !
— Et la femme méprisable ? lui demande-t-on.
— C’est la femme qui soulève la poussière en marchant, qui parle avec une voix forte et aiguë, qui porte une fille dans ses bras, qui en traîne une par la main et qui est enceinte d’une troisième !
Interrogé sur l’homme, bent al-Khoss. répond :
«l’homme méritoire est généreux, illustre, intelligent et puissant, l’homme haïssable est le lourdaud, le paresseux, celui qui décharge ses affaires sur les autres.» Mais quand on lui demande quel est l’homme qu’elle préfère, elle répond :
— «C’est celui dont j’ai besoin !» Réponse cynique mais qui traduit la mentalité des rudes habitants du désert. (à suivre…)
K. N.
14 juillet 2009
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