Histoires vraies
La côte de Jeanne (3e partie et fin)
Résumé de la 2e partie n On découvre que les petits flacons renferment des «cendres» d’ossements soit d’un seigneur, soit d’un saint…
Il faut bien se contenter d’imaginer l’aspect physique de l’héroïque bergère, capable de mener les troupes au combat, de monter à l’assaut des murailles et de frapper en plein cœur l’ennemi anglais. On peut regretter, à ce propos, la disparition inéluctable d’un monument élevé à Orléans dès l’année 1438, soit sept ans à peine après la mort de la Pucelle. Ce monument, élevé sur l’ancien pont d’Orléans par les habitants de la ville, se nommait la Belle-Croix. On y voyait Charles VII, à genoux et tête nue, les mains jointes, armé et revêtu d’un manteau court, sa couronne posée à terre, près de lui. Jeanne d’Arc était en face de lui, à genoux et mains jointes elle aussi. Entre les deux, une croix et une Vierge Marie soutenant le corps du Christ mourant. Tous ces personnages étaient en bronze et fixés sur la pierre. En 1562, les protestants démolissent le monument et jettent les débris dans la Loire. En 1570, on restaure ce qu’il en subsiste.
En 1651, Charles Perrault, de passage dans la ville, en parIe dans ses Mémoires. Mais, au début du XVIIIe siècle, le pont menace ruine et pour le réparer on démonte le monument, dont les fragments vont se perdre dans les entrepôts de l’hôtel de ville. Puis on récupère les figures de bronze pour les installer à l’angle de la rue Royale et de la rue de la Vieille-Poterie. Enfin, en 1792, la patrie en danger récupère les statues de bronze et en fait… des canons ! Pour bouter l’ennemi hors de France, peut-être même les Anglais sur lesquels Bonaparte tirait à Toulon…
Le scripteur Barrias est chargé d’imaginer une effigie pour le monument du Bon-Secours à Rouen. Sans doute est-il l’objet d’une inspiration surnaturelle car, quelques années plus tard, on effectue à Rouen des fouilles, pour le percement de la rue Jeanne-d’Arc, justement. C’est un coup de pioche providentiel qui met au jour une statuette ancienne représentant une femme coiffée d’un casque…
Les héroïnes militaires sont assez rares pour qu’on comprenne immédiatement qu’il s’agit d’une représentation de Jeanne d’Arc. Et l’on constate, entre cette effigie et celle de Barrias, une surprenante ressemblance. Or, l’auteur de la statue ancienne avait très vraisemblablement eu l’occasion de voir Jeanne de ses propres yeux…
Pour en terminer avec Jeanne d’Arc, tout le monde connaît la statue, tout aussi équestre que dorée, qui orne la place des Pyramides, à Paris. Elle est le centre de rassemblements passionnés et passionnels depuis quelques années. Elle fut érigée en 1880. Ce qu’on sait moins, c’est que Aimée Girod, la jeune fille qui servit de modèle au scripteur Frémiet pour figurer Jeanne d’Arc, était elle aussi une bergère de Domrémy. Elle connut également une mort tragique par le feu. Elle périt en 1937 dans l’incendie de son immeuble. Impotente, elle n’avait pu quitter son lit sous les toits.
D’après Pierre Bellemare
14 juillet 2009
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