Récits sapientiaux (39e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 38e partie n La célèbre bent al-Khoss, la fille du désert, arrive à battre, par sa sagesse et celle de son père, ses ennemis.
Si dans certains récits, la famille de bent al-Khoss est présentée comme riche, vivant du produit de ses terres, dans d’autres, on la présente comme vivant dans une misère extrême.
Un jour, des voyageurs de passage frappent à la porte de la famille pour demander l’hospitalité. L’hospitalité est sacrée et personne, quelle que soit sa situation, ne peut la refuser. Le père de bent al-Khoss accepte donc d’accueillir les voyageurs. Or, ce jour-là, il n’y avait rien à manger à la maison. Après avoir installé les voyageurs sous sa tente, le pauvre homme, de honte, se cache.
Sa fille, s’étonnant de son comportement, lui dit :
— Tu as toujours dit que la générosité est ce qu’il y a de plus sublime !
— Il n’est pas dans mes habitudes de refuser l’hospitalité à des étrangers de passage, lui répond l’homme tristement, mais je n’ai rien à offrir à ces gens !
— Tu es sûr que tu n’as rien ?
— Pas un seul grain d’orge ou de blé pour faire de la galette ou du couscous !
— Donne l’hospitalité à tes hôtes ! dit la jeune femme, je m’occupe du dîner !
Le père, qui connaît la sagesse et l’ingéniosité de sa fille, va donc vers ses hôtes.
— Ma fille va préparer le repas !
— Peut-être que bent al-Khoss se dit-il, va emprunter du grain aux voisins et préparer un dîner…
Mais la jeune femme ne fait rien de cela : elle va dans l’enclos des chameaux et éventre les bâts rembourrés d’épis de blé, vestiges d’une période d’abondance. Elle les décortique, les passe à la meule, en tire une farine avec laquelle elle roule le couscous. Bientôt le plat est prêt et les hôtes peuvent manger à leur faim. Une fois les hôtes partis, le père vient remercier sa fille.
— Comment as-tu fait ?
Elle lui dit ce qu’elle avait fait. C’est alors qu’elle lance ce proverbe, devenu célèbre :
«Al djûd mîn alwûdjûd» (La générosité se fait avec ce que l’on trouve !)
Un jour, la jeune femme, apercevant un champ fleuri s’exclame :
— Quelle belle culture, son propriétaire devrait la défendre !
— C’est un lieu sûr, dit le père, il ne risque rien !
— Si, dit-elle, le plus grand danger qui guette un propriétaire, c’est l’endettement !
Un autre jour, elle dit à son père :
— Il y a trois choses qui honorent un homme (littéralement qui rougissent la face) et trois choses qui humilient (littéralement qui jaunissent la face). Les connais-tu ?
— Non, dit le père.
— Eh bien, les trois choses qui font honneur à un homme sont : connaître son lignage, fréquenter les filles de bonne famille et se contenter de ce que l’on a.
— Et les choses qui humilient l’homme ?
— Aller pieds nus, être chargé d’un fardeau et avoir une femme dépensière ! (à suivre…)
K. N.
14 juillet 2009
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